Justified: 3.13 Slaughterhouse (Season Finale)
J'aimerais vous dire tout le bien du monde de ce final mais, bien que ça me fende le coeur, je ne peux pas . Qu'on s'entende bien, Slaughterhouse est un bon épsiode. Il ne restera juste pas parmi mes préférés de la série. Mon principal problème est que, malgré sa construction bien pensée, il n'est pas à la hauteur des attentes d'intensité et de spectaculaire suscitées par les épisodes précédents. La confrontation finale entre Raylan et Quarles s'annonçait ainsi riche et explosive et au bout du compte, ils n'ont droit qu'à une seule scène de face-à-face, bien trop brève en plus. Plus frustrant encore, la dernière offensive de Quarles reste relativement mesurée et simpliste quand je m'attendais à quelque chose de plus agressif et violent. Certes, le kidnapping de la famille innocente ne manque pas de tension et de suspense mais essentiellement grâce à la prestation glaçante de Neal McDonough. Au lien d'emprunter ce détour un peu facile pour arrive à un dénouement, j'aurais aimé que Quarles frappe un vrai grand coup avant de partir et qu'on exploite davantage la noirceur du personnage, qui reste finalement un peu survolée ici. Ses tendances sexuelles glauques sont d'ailleurs regrettablement presque passées sous silence. Malgré tout, je reconnais que le traitement de sa déchéance et sa sortie restent réussis. La série parvient à maintenir une certaine humanité du personnage dans sa dérive, notamment grâce à ses supplications à son patron de Detroit, qui suscitent presque un peu de pitié pour lui. La fin qu'il connaît est sinon bien dans l'idée de chute totale du personnage tout en étant bien adaptée à sa démesure et offre au moins une scène marquante à l'épisode. Dommage tout de même que le plaisir de l'exécuter ne revienne pas à Raylan.
Là où ce final se rattrape, c'est sur tout ce qui tourne autour de Raylan. Ironiquement, si sa confrontation avec Quarles est plutôt décevante, les autres avec Duffy et Limehouse sont plus que satisfaisantes. Ma préféré reste la première. Elle comporte une jolie référence à un des meilleurs épisodes passés de la saison et Jere Burns et Olyphant y sont d'une intensité sans pareille. L'échange avec Limehouse est également tout en tension et surtout stylé dans l'image, Williamson est juste moins expressif que Burns. La mort de son collègue, Tom, donne en tout cas à Raylan l'occasion de se montrer plus féroce et lui fournit une motivation pour recourir à des méthodes bien plus radicales pour punir les coupables. D'où ces confrontation où il fait toujours preuve d'une coolitude et d'un sang-froid exceptionnel alors qu'il est tout bonnement hors de lui. Une nuance dans l'attitude que Timothy Olyphant fait parfaitement sentir.
La quête du meurtrier du trooper amène par ailleurs, de façon inattendue, à recentrer le récit sur l'histoire personnelle de Raylan quand il s'avère que c'est en réalité son père, Arlo, le
meurtrier. Le twist est habilement amené, entre l'introduction récente de la démence du vieil homme et l'attention accordée à Quarles servant de diversion. La révélation est, de plus, d'autant
plus forte qu'elle vient de Quarles, en faisant une vraie claque pour Raylan. Le plus dur survient néanmoins ensuite quand Arlo s'accuse également du meurtre de Devil pour protéger Boyd. Un
astucieux rebondissement pour sauver ce dernier et pour rendre indéniable à Raylan le lien tissé avec son père. Raylan s'en retrouve ramené à ses vieux démons, montrant que derrière la figure
héroïque il y a également des blessures. La dernière scène où il se confie à Winona en rappelle une supplémentaire. En effet, la seule personne à laquelle il souhaite s'ouvrir est la femme qui ne
veut plus de lui. De quoi finir sur une note bien amère qui offre à Olyphant matière à réellement briller dans l'émotion. Si l'épisode n'est donc pas parfait, c'est définitivement un grand
épisode pour l'acteur, qu'il ne devrait pas hésiter à soumettre aux Emmys.
Enfin, alors que j'espérais une puissante contre-attaque de la part Boyd après le traquenard de Limehouse, j'ai été quelque peu déçu de le voir relativement passif face au nouveau coup-bas du gangster. Toutefois, ce sera mon seul regret de ce côté là. Le stratagème de Limehouse, utilisant le meurtre de Devil pour écarter Boyd est au fond bien vu pour rendre ce final cohérent et le placer en continuité par rapport au reste de la saison. J'ai aimé par ailleurs qu'il y ait un vrai éclaircissement du statut de Limehouse, avec la scène de l'expulsion d'Errol, essentielle pour cela. Finalement, il n'a donc jamais été le méchant de l'histoire et s'il s'en est pris aux autres conquérants d'Harlan, c'est surtout parce que son bras droit s'est retrouvé mêlé avec eux et qu'il cherchait avant tout à faire survivre sa communauté. De la sorte, tout manichéisme est ainsi éloigné et Limehouse réussit à retrouver un vrai intérêt à mes yeux. Heureusement car il devrait rester de la partie par la suite, à en croire la révélation sur le rencardeur du meurtre de Devil. Là encore, la surprise est de mise grâce à Arlo qui sert d'excellente fausse-piste, pendant que Johnny poursuit sa trahison en toute impunité. Par ce twist, ce dernier trouve le moyen de se réaffirmer dans le récit et on garantit un enjeu supplémentaire dans l'ascension de la bande de Boyd sur les terres d'Harlan. Pour terminer, l'inculpation de Boyd permet de véritablement souligner l'évolution d'Ava cette saison ainsi que son attachement désormais irraisonné à Boyd. En témoigne sa réaction violente et impulsive sur cette pauvre Ellen May, pour débusquer le coupable de l'arrestation de son copain. Rien que pour ce passage, Joelle Carter mériterait bien aussi un récompense.
En conclusion, si je ressors légèrement déçu de ce final, je ne peux nier qu'il a certaines qualités et qu'il fait correctement son travail de résolution des intrigues. Il choisit une voie moins attendue et plus dans la retenue qui peut parfois manquer d'intensité et de vraie charge émotionnelle, mais il reste fidèle à ses personnages, notamment à Raylan qui a le mérite d'être réinstitué en pilier central de la série après être resté pas mal en retrait. Au final, si je ne saurais dire si cette saison est meilleure que la précédente, je dois bien reconnaître qu'à la différence de cette dernière, elle n'a pas la fin digne de son haut niveau, en feu d'artifice qui la clôturait en apothéose. Heureusement, Raylan Givens sauve la mise. Pour encore longtemps je l'espère.