Magazine Beaux Arts

Humour nippon ni mauvais

Par Paulettedemymuseum @mymuseum

Pour nous autres occidentaux, l’humour japonais a un je ne sais quoi de surréaliste !
Pour preuve l’exposition qui a lieu en ce moment à la Maison de la Culture du Japon.
On peut y voir les vidéos de neufs artistes contemporains dédiées au rire.

Parmi elles il y a : « Oh Mikey ». Le réalisateur, Yoshimasa Ishibashi utilise des mannequins pour mettre en scène une famille américaine venue s’installer au Japon. Les images sont assez fascinantes. Par contre, c’est surement très marrant mais les dialogues m’ont laissée perplexe ! Sans doute qu’une française qui regarde un film d’humour japonais sur des américains en plastique… bein… ça fait comme un bug culturel !

Toujours dans le registre de la parodie, l’artiste Toastie revisite Godard et Truffaut. En fait, c’est surtout du Benny Hill à la sauce manga mais je m’y suis davantage retrouvée grâce à quelques repères culturels (notamment ses bras en forme de baguette de pain fraichement moulée, du plus bel effet).

Mais là où je suis restée complètement au bord de la route qui mène au sommet de la montagne du rire … c’est avec l’œuvre vidéo de Mr Morimura qui incarne un clone japonais du Dictateur de Chaplin. Mr Morimura se filme donc en très gros plan en parodiant Hitler à la façon de Chaplin mais aussi un peu à sa façon à lui…

Vous l’aurez compris, à moins d’être Japonais ou d’avoir ingéré du maki hallucinogène, je conseille davantage cette exposition pour son aspect ethnologique que pour sa franche rigolade.

Pour faire pardonner mon incompétence à savourer l’humour nippon, je voudrais rendre un hommage appuyé à un mangaka que je vénère : Jiro Taniguchi.

Un mangaka, c’est un dessinateur de bande-dessinées japonaises : les mangas.
Manga veut dire  « dessin grotesque » et c’est Hokusai (celui de la vague) qui a donné son nom aux croquis rapides et parfois caricaturaux qu’il avait l’habitude de faire. Le manga est souvent destiné à faire rire, mais de grands dessinateurs s’en sont emparés pour écrire des histoires complexes.

Depuis 20 ans, Jiro Taniguchi dessine et écrit autour des petits événements du quotidien : le départ d’une mère, la mort d’un chien, un arbre à déraciner…
Pour Taniguchi nous avons tous été des enfants observant avec perplexité la vie compliquée des adultes. Il suffit d’un souffle d’air dans les ormes ou le vol d’une luciole dans la nuit pour réveiller ces émotions confuses.

Dans cette recherche constante du temps perdu, il y a un peu de Proust chez Taniguchi. Un Proust minimaliste qui aurait trempé sa plume dans l’encre de Chine. La nature, qu’il dessine d’une ligne claire, en noir et blanc, nous tire vers la nostalgie. Une nostalgie universelle, sauf qu’ici, le doux parfum de cerisiers en fleurs d’Osaka remplacent l’odeur entêtante des aubépines de  Combray.

Le rythme de la lecture est d’ailleurs celui d’une promenade. Une promenade intense que l’on ferait sous un ciel de printemps avec des êtres chers et disparus. Je vous aurais prévenus : c’est souvent le coeur serré que l’on referme les mangas de Taniguchi.

Voici une petite sélection :

Quartier Lointain : un très, très beau récit sur la mémoire.

Le journal de mon père : un autre récit autobiographique sur les parents de Taniguchi sur fond d’occupation américaine.

Terres de rêve : des nouvelles graphiques autour des animaux domestiques. Attention, tire-larmes même si vous n’êtes pas adhèrent de la SPA.

Le gourmet solitaire : une déambulation poétique dans la gastronomie japonaise.

La Maison de la Culture du Japon à Paris fête ses 15 ans et la programmation est très riche. Notamment des ateliers culinaires et des projections cinémas qui ont l’air bien alléchants !

MCJP 101 Quai Branly 75015 Paris 0144379501

www.mcjp.fr


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