Dernière modification le 13-14-2012
Estelle Vereeck, Docteur en chirurgie-dentaire, auteur d'ouvrages sur les dents parus aux éditions Luigi Castelli
Radios dentaires et méningiomes
Une étude parue dans la revue Cancer, Dental X-Rays and Risk of Meningioma, menée par Elizabeth Claus et son équipe, à
l’université de Yale dans le Connecticut, jette le trouble parmi les dentistes. Cette étude parvient à la conclusion que les radiographies dentaires augmenteraient le risque d'apparition d'un
méningiome, une tumeur cérébrale bénigne. Il ressort de cette étude que la fréquence des méningiomes s'avère plus élevée (de 40% à 90%) chez les patients qui ayant subi un grand nombre de
radiographies rétro-coronaires. Pour les patients exposés à des clichés panoramiques à raison d’une fois par an ou plus, la fréquence est multipliée par un facteur compris entre 2,7 et 3.
Radios dentaires et cancer du cerveau: quels risques
Radios dentaires et cancer du cerveau: faut-il avoir peur ?
D'après les chercheurs, les radiographies dentaires représentent la principale source artificielle d'exposition aux rayonnements
ionisants aux États-Unis. En réalité, les rayonnements ionisants délivrés par les radiographies dentaires ne représentent qu'une faible part (3 % à 5 %) de la radioactivité artificielle à
laquelle la population est exposée. La majorité de ces rayonnements ionisants provient à 95 % des examens radiologiques médicaux. Il y a un an, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) lançait
d'ailleurs une alerte sur l’augmentation des
doses de radioactivité liées à l’imagerie médicale. Rappelons qu'à lui seul, un scanner du corps entier peut délivrer en une seule fois une dose équivalente au niveau annuel total admissible pour
les travailleurs du nucléaire.
D'après le Dr Philippe Rocher, président de la Commission des dispositifs médicaux auprès de l’Association dentaire française (ADF),
l'étude d'Elizabeth Claus présente un biais important : elle se fonde sur des questionnaires auto-administrés, ce qui signifie que les patients étaient livrés à eux-mêmes pour y répondre. Par
conséquent, le nombre de radios dentaires subies par un patient procède d'une évaluation subjective, ce qui rend aléatoire l'interprétation des résultats dans le cadre de cette étude.
D'autre part, les auteurs de l'étude soulignent que certains des participants ont reçu leurs doses de rayonnement il y a de
nombreuses années, à une époque où les dispositifs médicaux délivraient davantage de rayons qu'aujourd'hui. L'imagerie médicale a fait de nombreux progrès. Les capteurs numériques permettent en
particulier de diviser par deux l'exposition aux rayonnements ionisants.
Radios dentaires et cancer du cerveau: recommandations de l'ADA
Face au risque de méningiome, s'il faut raison garder, il ne faut pas pour autant sous-estimer le risque. L’Association dentaire
américaine (ADA) recommande « de ne pas pratiquer ces examens plus d’une fois par an (voire tous les deux ans) sur les enfants. » Pour les adolescents, elle préconise « un examen tous les 18 mois
(voire tous les trois ans) avec un espacement de deux à trois ans chez les adultes ».
S'il n'est pas envisageable de se passer de la radiographie, il faut savoir que certaines pratiques
dentaires (pose d'implants dentaires en tête) sont plus irradiantes que d'autres et opter pour les pratiques les moins irradiantes. Il faut également tenir compte de l'ensemble des
radios faites sur une année chez un patient donné : les radiographies dentaires, comme les examens issus de l'imagerie médicale. Par exemple, il serait sans doute raisonnable de surseoir à la
pose d'implants dentaires si on a par ailleurs subi un scanner la même année.
Radios dentaires : attention à l'orthodontie
Chez les adolescents, l'orthodontie reste une grande pourvoyeuse de radios dentaires panoramiques. Pour contrôler l'apparition
éventuelle de rhizalyses ou destruction des racines provoquées par les déplacements tardifs des dents imposés l'orthodontie par bagues, il est recommandé de faire pratiquer une radio panoramique
tous les six mois, soit trois à six fois plus que la recommandation de l'ADF. Si on le fait pas, on prend le risque de devoir constater la destruction des racines se soldant à terme par la perte
de tout ou partie des dents à l'issue du traitement.
Exposées dans Orthodontie, halte au massacre,
des méthodes d'orthodontie fonctionnelle plus précoces et moins brutales permettent de minorer et le risque de rhizalyses et le nombre de radiographies nécessaires.
Radios dentaires et doses de rayonnement
Radio panoramique, rétro-alvéolaire, radio céphalométrique, scanner… : toutes les radiographies dentaires ne sont pas égales du point
de vue de la dose de rayonnement radioactif délivrée :
Radios dentaires et doses de rayonnements ionisants
Source : cancer.org
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