Trois techniques de conduite du changement

Publié le 15 avril 2012 par Christophefaurie
Le changement est aussi vieux que l’humanité. Quand elle a voulu le provoquer, elle a utilisé trois techniques seulement. Elles peuvent se combiner.


Le changement bureaucratique

Taylor disait qu’il y avait une « seule bonne façon de faire », c'est-à-dire d’organiser les entreprises. Cette idée, qui est partagée par tous les despotes éclairés, conduit à construire des bureaucraties. Elles dictent au citoyen, littéralement, comment il doit se comporter, les « procédures » qu’ils doivent suivre, selon l’expression de Taylor.
La bureaucratie est notre modèle d’organisation favori. Outre les Etats, toutes les entreprises sont essentiellement des bureaucraties. D’ailleurs, les progiciels de gestion (SAP en tête), les consultants, contrôleurs de gestion, qualiticiens… descendent de Taylor.
Le changement bureaucratique est le changement par la force, de « haut en bas ». Il se heurte rapidement à « la résistance au changement », car les organisations humaines sont des systèmes qui combattent ce qui menace leur survie.
Divide and conquer
Diviser pour régner est sans doute la réelle devise de la perfide Albion. En tout cas, c’est comme cela qu’elle a constitué un empire mondial, fait de l’Europe un chaos, et vidé la Chine de sa substance, ce qui n’était pas un mince exploit.
Diviser pour régner dissout la résistance au changement sans effort.
Son arme principale demeure la cupidité. Dès que l’amour de l’argent pénètre un groupe humain, ses structures sociales explosent.
C’est le principe qu’exploite l’establishment financier pour s’enrichir. Les multinationales lui doivent, aussi, une augmentation massive de leur rentabilité : elles ont fait jouer la concurrence partout. Les néoconservateurs le proposent pour faire se disloquer l’État (« kill the beast »). Ils ont été entendus par la plupart des gouvernements européens.
Bien sûr, à long terme, on ne gagne que feux de paille. Et il en résulte un désert. Mais, à long terme, nous sommes tous morts, disait Keynes.
Wuwei
Fondement de la pensée chinoise, le wuwei est l’art du non agir. C’est tirer parti du mouvement des événements pour obtenir ce que l’on désire, comme le fait le nageur qui utilise la force d’un courant.
Comment y parvenir ? Adopter un point de vue systémique, et chercher à comprendre les lois de la société humaine (en particulier), pour l’amener là où il serait bien qu’elle aille.
Cette technique, comme la précédente, ne rencontre pas de résistance au changement. Par contre, elle demande une connaissance intime de l’organisation qu’elle veut faire changer. C’est un travail compliqué, subtil et qui exige un grand talent. Mais, les bénéfices en sont durables.
Pourquoi les Anglais ont-ils vaincu les Chinois, se demandera-t-on pour finir ? Parce que les Chinois ont trahi leurs principes. Lorsqu’ils ont rencontré les Occidentaux, ils les ont pris pour des sous-hommes. Complexe de supériorité qui leur a été fatal.