Dans une de ses dernières publications, Patrick ARTUS,
Directeur de la Recherche économique chez NATIXIS,
s’interroge sur la nature des politiques monétaires après la crise :
« Faut-il revenir après la crise aux politiques monétaires d’avant la crise ? »
Autrement dit, faut il revenir à la politique monétaire traditionnelle d’inflation targeting ?
Encore une fois, très clair, pertinent et instructif !
« La crise a conduit, depuis 2008, les Banques Centrales à mener des politiques monétaires très non-conventionnelles : Qualitative et Quantitative Easing, engagement à maintenir les taux d’intérêt à un niveau très bas, repos à long terme de la BCE, achats directs de dette publique.
On entend certains responsables de Banques Centrales maintenant évoquer la possibilité de mettre en place des « exit strategies » pour revenir à des politiques monétaires conventionnelles, c’est-à-dire à l’inflation targeting pur avec comme instrument le taux d’intérêt à court terme.
Avant de revenir à cette politique monétaire traditionnelle, il nous semble qu’il faut se poser trois questions :
- Serait-il utile d’augmenter la cible d’inflation (suggestion faite par O. Blanchard) afin de pouvoir réduire davantage les taux d’intérêt nominaux dans les récessions avant d’être confrontés à la contrainte de positivité des taux d’intérêt ?
- Ne faudrait-il pas que les Banques Centrales utilisent davantage d’instruments que le seul taux d’intérêt à court terme, afin de pouvoir faire face à des situations plus complexes : hétérogénéité des situations économiques, des types de crédit qui repartent ou non, des modes de financement de l’économie. D’autres instruments peuvent être les taux de réserves obligatoires, les taux d’intérêt à long terme. Bien sûr, l’utilisation de la base monétaire comme instrument n’a normalement de sens que lorsque les taux d’intérêt s’approchent de zéro.
- Ne faudrait-il pas que les Banques Centrales aient aussi davantage d’objectifs, même en dehors des crises, que la seule inflation ; par exemple le crédit (pour éviter l’excès d’endettement), les prix des actifs indispensables au fonctionnement de l’économie (dettes bancaires, dette publique). Ceci imposerait des interventions permanentes et non seulement en période de crise des Banques Centrales sur les marchés des actifs. »
Synthèse : faut-il revenir sans réfléchir à la politique monétaire d’avant crise ?
Les Banques Centrales ont mené depuis le début de la crise des politiques monétaires très « non-conventionnelles » (QE, LTRO, achats de dettes publiques ou privées…) ;
on sent parfois l’envie, dans le milieu des Banques Centrales de revenir à une politique monétaire conventionnelle : inflation targeting avec taux d’intérêt à court terme comme seul instrument.
Mais nous pensons que la crise donne l’occasion de réfléchir à des modifications de la politique monétaire menée en dehors des crises :
- faut-il un objectif plus élevé d’inflation dans les périodes de croissance ?
- faut-il multiplier le nombre d’instruments de la politique monétaire pour répondre à l’hétérogénéité ?
- faut-il multiplier le nombre d’objectifs de la politique monétaire (crédit, prix des actifs stratégiques) ?
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