Pour ceux qui n’auraient pas
regardé ce qui devait être un débat entre 10 candidats puis 5, et qui ne fut
qu’une succession de mini « Paroles et des actes », je conseille
l’excellente synthèse finale de FOG.
Franz Olivier-Giesbert (FOG) et Hélène Jouan (directrice des magazines
d'information de France Inter) étaient chargés de commenter le passage des 5
candidats de la soirée.
Ce fut en fait un
FOG show.
Alors qu'Hélène Jouan affirmait pleine d’enthousiasme que Poutou avait «
crevé l’écran », FOG se chargea immédiatement de relativiser la chose
en qualifiant ce jugement de « trucs de journaliste » et en
remettant à sa juste place le candidat du NPA. Une place justement qui dans
l’esprit de FOG se situait plus du coté d’une bergerie du Larzac que du Palais
de l’Elysée de Paris. Il est vrai qu’on a du mal à comprendre comment un homme,
aussi sympathique puisse t’il paraitre, mais qui ne connaît rien à rien, puisse
prétendre à diriger un pays, surtout dans un contexte aussi difficile. Sans
même évoquer l’inanité du projet qu’il défend.
FOG ne l’a pas dit tout à fait comme ça, mais c’était l’esprit et il a eu
raison !
Dans la même veine, Nathalie Arthaud en a aussi pris plein la musette, et
pour les même raisons. A son propos FOG a relevé que pour une prof d’économie,
promouvoir un programme aussi aberrant du point de vue économique que celui de
Lutte Ouvrière faisait « froid dans le dos » !
Entre Poutou et Arthaud ce sont « les bronzés font de
l’économie » a-t-il ajouté.
Mais ce n’est pas grave, pour l’extrême gauche, c’est l’économie qui se plie
à la volonté politique et certainement pas l’inverse !
Alors évidemment, en bonne journaliste de France Inter, Hélène Jouan, s’est
empressée d’accuser FOG de promouvoir une élection présidentielle réservée aux
2 principaux candidats, sous-entendu, de vouloir mettre à mal la démocratie.
Cette critique d’ailleurs largement reprise ensuite, par beaucoup sur Internet
ou sur Twitter fait partie de ce que j’appelle les critiques castratrices.
Surtout ne dites pas qu’il y en à qui n’ont rien à faire dans une élection
présidentielle qu’ils n’utilisent que comme tribune pour promouvoir leur
idéologie généralement très largement minoritaire. Surtout ne le dites pas vous
serez taxé d'élitiste antidémocrate voire d'ennemi du Peuple !
Il y a en France une sorte de surestimation de l’extrême gauche, une sorte
de bienveillance obligée vis-à-vis de gens qui apparaissent comme de doux
rêveurs et dont on considère comme normal qu’ils soient représentés en masse à
chaque élection présidentielle.
Pourtant FOG a raison. Le programme économique des partis anticapitalistes,
auquel je rajouterais celui de Mélenchon sont absurdes. Ils sont non seulement
absurdes mais trompeurs puisqu’ils prétendent remédier aux difficultés des plus
fragiles par des remèdes de charlatans.
Puis ce fut un festival.
Ce fut au tour de Cheminade d’être proprement expédié, accusé de vivre
« dans sa bulle » et qui serait «bien mieux en première
partie de la prochaine tournée de Nicolas Canteloup ou de Laurent
Gerra » !
A propos d’Eva Joly, il parle, mais il n’est pas le seul,
« d’erreur de casting » et va jusqu’à affirmer
« qu’on comprend rien à ce qu’elle dit » et que
« d’ailleurs tout le monde s’en fout ».
Je ne dirais pas que l’on ne comprend rien à ce qu’elle dit, on comprend
mais on ne retient pas, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. On ne
retient pas, probablement parce qu’on n’attache pas une attention excessive à
ce qu’elle dit et si on ne fait pas attention à ce qu’elle dit c’est qu’elle ne
donne pas vraiment envie. De là à en conclure qu’il y a erreur de casting,
c’est probable. On aurait certainement plus et mieux écouté Hulot. Malgré tout,
il faut relativiser, elle ne fait pas pire que Voynet en 2007
(1,57%).
Ce fut ensuite au dernier des « petits » candidats de subir la
verve d’un FOG en pleine bourre.
Dupont-Aignan a été traité de « mini gaulliste, gaulliste de
poche » terminé « à coup de gourdin par François
Langlais », youpi !!
La dessus, rien à rajouter, Dupont-Aignan s’est effectivement fait étriller
par l’excellent François Langlais. Peut être qu’il aurait pu néanmoins insister
sur la sincérité et le courage de l’homme qui s’est élevé seul contre la
machine UMP.
Mais fort heureusement, il ne s’est pas arrêté aux petits candidats, après
avoir reconnu les qualité de l’homme, il s’est ensuite attaqué à Mélenchon en
qualifiant son programme économique de « complètement
dingue » et qui « fait un peu froid dans le dos ». On a
senti qu’il aurait pu aller plus loin dans la critique mais Hélène Jouan s’est
empressé de le faire embrayer sur Bayrou. Critiquer Poutou ou Arthaud passe
encore mais on ne touche surtout pas à Mélenchon !
Dommage, parce qu’il n’aurait pas été du luxe d’insister sur les illusions
qui fondent le projet du Front de Gauche.
Sur Bayrou, changement de discours, il faut dire que l’on est sorti de
l’aberration économique promue par les candidats cités jusqu’à présent. Son
cas, a d’entrée été qualifié de « passionnant ». Il commence par
un constat que je partage, « Bayrou ouvre les vrais
dossiers » ce qu’il dit est véritablement
« passionnant » mais « ça ne marche pas »
!
Et il continue sur ce qui constitue probablement les propos les plus
intéressants de son intervention.
« On est dans le pays des Bisounours, c'est-à-dire que quand
quelqu’un vous dit que ça ne va pas, qu’on a des problèmes et qu’il faut les
régler, ça n’intéresse pas, on préfère parler de la réforme du permis de
conduire…de combien de fonctionnaires il faut embaucher … »
FOG a malheureusement raison, entre un Bayrou qui dit et répète depuis des
années que le désendettement doit être une priorité et un Mélenchon qui promet
une augmentation massive du SMIC, la retraite à 60 ans, la santé gratuite,
l’interdiction des licenciements et l’embauche massive de fonctionnaires il y a
selon les sondages au moins 5%, et inutile de vous dire en faveur de qui
!
Enfin FOG a terminé avec les 2 gros.
Hollande c’est « le planeur » avec un « petit
coté écureuil » qui « fait très attention, qui saute d’un
arbre à l’autre », « une poêle en Téflon, sur qui rien
n’accroche ». A son propos, FOG a quand même relevé une belle fanfaronnade
du candidat PS : « je ne me laisserai pas dominer par les marché,
le rôle des hommes politiques c’est de dominer les marchés »…et FOG de
commenter « eh bien il verra tiens, il verra parce que ça ne se passe
pas comme ça… » !
Hollande le planeur, l’image est bien trouvée. Hollande la joue exactement
comme lors de la primaire du PS. Il est le favori, il se positionne au dessus
de la mêlée, histoire de ne prendre aucun risque.
Il a repris exactement la même stratégie lors de cette campagne. Il démarre
par un discours fort au Bourget et puis, plus rien ou presque, il gère son
avance. Il plane en silence au dessus de la campagne.
Enfin ce fut au tour de Sarkozy de passer à la moulinette FOGienne, avec une
entrée en matière très significative de l’état d’esprit qui règne dans le
milieu intello-médiatique français.
FOG croit bon de commencer, en s’adressant à Hélène Jouan, par une sorte
« Toi tu n’auras pas de problème avec Internet et la presse bien
pensante mais moi je vais carrément dire ce que je pense, c’est qu’il était bon
!» puis un peu plus tard « Je vais en prendre plein la gueule
demain sur internet ».
Eh oui, c’est malheureux, mais dire que l’on a trouvé Sarkozy
« bon » lors d’une prestation télévisée, c’est s’exposer aux foudres
du petit monde interneto-médiatique qui ne peut pas concevoir que l’on
complimente le Sarkozy honni même sur la couleur de ses chaussettes.
En fait, la vraie bonne surprise de cette émission, ce fut la liberté de ton de Franz Olivier-Giesbert qui a osé dire avec verve et spontanéité quelques vérités si peu politiquement correctes.
Pour autant, le seul fait de le dire est tellement rare sur une chaine
publique et à une heure de grande écoute, que FOG apparaît presque comme
iconoclaste, à tel point que Pujadas a cru bon de rappeler que les propos des
chroniqueurs n’engageaient qu’eux même et surtout pas France Télévision,
surtout pas !