Le débat est figé entre déficits financiers abyssaux et revendications financières incessantes notamment de professionnels d’une part, aspirations légitimes à lutter contre déserts médicaux – dépassements d’honoraires et aspiration à ne rien changer au fonctionnement actuel en matière d’installation et de rémunérations via les honoraires libres d’autre part.
Les propositions les plus folles sont exprimées aujourd’hui :
- Augmenter les enveloppes dévolues à l’hôpital qui est déjà le plus cher du monde
- Vénérer le dogme libéral des honoraires libres et de la liberté d’installation.
- Salarier les médecins généralistes puis tous les autres professionnels de santé
Si l’on y rajoute l’absence de réaction des candidats à la présidentielle contre les récentes décisions de la convention médicale qui entérinent les dépassements de tarifs et les larmes de crocodiles versées sur l’accès et la qualité des soins, force est de constater la victoire des intérêts particuliers et de la déstructuration de tout le système.
Comment comprendre l’étranglement systématique des médecins généralistes, celui dont la fonction première est la régulation ? La survie de la médecine de ville est autant l’intérêt de la population pour conserver des soins de proximité que celui des professionnels de santé ambulatoire pour enrayer le déremboursement des soins de ville.
Comment comprendre la cession aux groupes financiers de la biologie de ville, de la kinésithérapie de ville aux centres de rééducation fonctionnelle, de l’optique aux sites internet du bout du monde, et au salariat coûteux l’activité de tous ?
Ces postures passéistes conduisent à la faillite. Faillite financière du toujours plus de dépenses, faillite de l’accès aux soins avec la progression des déserts et des dépassements, faillite de l’intelligence avec le déremboursement de la médecine de ville et l’annonce de mesures coercitives à l’encontre des professionnels.
Pourtant, la crise interdit les postures et intérêts particuliers. Le bateau coule et il est aussi vain d’écouter religieusement l’orchestre interpréter les airs d’un passé révolu que de se remplir avidement les poches à la table du voisin dans la salle d’apparat où brillent les dorures.
La balle est avant tout dans le camp des professionnels de santé de ville. Avec la gradation des soins et la dévolution du premier recours aux professionnels de ville, le cadre législatif est disponible.
Dans chaque quartier, chaque canton, les professionnels ont leur avenir en main.
La population et les pouvoirs publics attendent des propositions adaptées au tissu et aux attentes locales. L’enjeu du territoire bouleverse les postures. La mobilisation des acteurs de terrain secteur par secteur répond au plus près aux besoins des malades et mobilise les compétences des professionnels de santé de ville.
Chaque professionnel soucieux de la situation de ses patients et de sa propre situation à moyen terme ne peut qu’être désireux de construire des voies nouvelles et de s’y engager.
Construisons des équipes de soins coordonnés à même de prendre en charge les patients y compris dans les zones identifiées comme désertiques. Cette révolution qui voit les soins de ville passer d’acteurs libéraux et farouchement individuels soutenus par des organisations attachés au statu quo ante vers des entrepreneurs modernes coopérant en équipes de soin coordonné dans le respect des compétences et de l’indépendance de chaque profession est en marche.
Dans ce cadre souple, les professionnels de santé -médecins généralistes, infirmiers, biologistes, pharmaciens, kinésithérapeutes, podologues, orthoptistes, opticiens, sage-femme, dentistes, psychologues, diététiciens, ergothérapeutes, psychomotriciens, audioprothésistes et orthophonistes- sont acteurs de santé au-delà de leur activité propre, membres d’une équipe fonctionnelle et porteurs du message partagé auprès des patients, seule façon de les soigner avec justesse et efficience.
Source : Martial Olivier-Koehret, médecin généraliste – [email protected]
Contact : Soins Coordonnés – 06 26 03 00 83 - [email protected]Accéder aux Espaces Médecin, Infirmier, Pharmacien et Para-médical