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Très cher Monsieur Georges Brassens,

Par Arielle

A vous, Monsieur, je me permets d’attribuer une majuscule bien évidente, j’ose enfin exprimer toute ma reconnaissance pour m’avoir fait grandir dans la magie des mots, moi qui me suis fait toute petite, si minuscule devant votre génie.

Votre réputation n’est plus à faire bien que les trompettes de la renommée aient largement sonné depuis ce temps où mon père était fier de vous avoir côtoyé, étudiant, avec votre bande de copains. Coquin de sort, vous m’avez fait aimer les soirs d’orage par lesquels mon inspiration est née. Sacré nom d’une vieille pipe en bois, mon père les collectionnait. Comme Obelix, je suis tombée dès ma plus tendre enfance dans votre potion magique, je suis imprégnée de vous. J’admire votre façon de passer de graves messages par le biais de ce qui devrait être le mot clé de la vie : l’humour.

J’ai fait l’erreur de graver mon nom au bas d’un parchemin, j’aurais mieux fait de suivre vos conseils, ma vie en aurait été bonifiée. En fait, je ne vais pas pousser une chansonnette mais j’aime à vous dire combien vos textes me collent à la peau, combien le phonographe traçait vos sillons dans la maison et j’ose déclamer sans aucune vergogne et en vertu des grands sentiments que votre côté anarchique m’a toujours attirée. Des quatre cent coups, j’en ai fait aussi !

De caricatures en dérisions, je me promène entre vos lignes, avec une honteuse délectation. Vous provoquez Monsieur, vous revendiquez avec un air de ne pas en avoir l’air et ça passe, vous vous faites des adeptes. Tout est bon chez vous, il n’y a rien à jeter…

J’utilise à mon tour les tournures anciennes et le verbe libre, comme vous le fîtes avec tant d’élégance malgré vos mots crus. Je ne souhaite pas non plus monter sur scène et préfère proposer mes vers à des professionnels du spectacle, tellement le trac m’envahit et pourtant, il faudra bien que je m’y mette tout comme vous l’avez fait. Vos efforts pour surmonter ce handicap seront mon modèle.  

Je vous écris cette lettre assise sur un banc publique et je me moque bien du regard oblique des passants honnêtes. Tout m’indiffère en ce bas monde car je sais que dans à peu près un quart de siècle, j’aurai rendez-vous avec vous et je pourrai vous exprimer en tête à tête, mes pensées puis vous m’emmènerez à la chasse aux papillons.

   Bien à vous

   Arielle ALBY


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