Racines
Le premier musicien ambient fût le français Erik Satie. En 1888, le pianiste compose les “Gymnopédies” qui pevent être considérées comme la première pièce de musique ambient. En 1913, l’Italien, Luigi Russolo, énonce le principe selon lequel tous les bruits de notre environnement créent une véritable composition musicale. Aux Etats-Unis, dans les années 50/60, les musiques destinées à “habiller” certains lieux publics (centres commerciaux, ascenseurs, etc.) font leur apparition. C’est la naissance de la musak qui connaîtra un revival dans les années 90 avec l’easy listening. Le courant répétitif (Philip Glass, Terry Riley, Stockenhausen, etc.) et le rock psychédélique de la fin des 60’s (Pink Floyd, Grateful Dead, etc.) redéfinissent les contours de la musique atmosphérique. Dès 1966, Pink Floyd mélange à ses compositions des cris d’oiseaux, des bruits industriels sur fond de light-show multicolore. A l’instar de Soft Machine, le groupe distille une musique spatiale et mystique directement issue des expériences hallucinogènes de ses membres.C’est à cette période que le rock se scinde en 2 parties : les partisans de la tradition rock’n’roll et les visionnaires qui cherchent à créer de nouvelles structures sonores. Aux débuts des années 70, de nombreux groupes (Cabaret Voltaire, Penguin Café Orchestra, Ash Ra Temple, Amon Düül, Gong, Throbing Gristle, etc.) explorent différentes voies du rock planant et progressif donnant ainsi naissance au “krautrock”, base des expérimentations à venir. Avec Can, Klaus Schulze ou Tangerine Dream, les musiciens allemands apportent leur pierre à l’édifice en distillant un rock électronique répétitif et hypnotique. En France, Jean-Michel Jarre (cf “Oxygene”) et Vangelis (cf la BO de “Bladerunner”) cultivent les mélodies envoûtantes et les nappes synthétiques apaisées.En 79, “Music For Airports” de Brian Eno marque le véritable début de la vague ambient. Dans les années 80, la redécouverte de valeurs spirituelles, chères aux années 60/70, donne naissance au mouvement new-age.
(Re)naissance
En 1987, le psychédélisme et les idées des 60’s (cf Summer Of Love) trouvent un nouvel écho auprès de la jeunesse anglaise. Quelques mois auparavant, le Dj Mixmaster Morris avait commencé à animer des soirées basées sur des sonorités ambient. En 1989, à Londres, au Heaven, un espace “chill-out” sert d’aire de repos pour les clubbers éreintés par des heures de danse. Alex Paterson (The Orb) mixe des disques de Kraftwerk, Brian Eno avec des bruits environnementaux et des chants tribaux. L’ambient house voit alors le jour avec des formations comme KLF, The Orb, 808 State, etc.Dans les années 90, les musiciens issus de la vague techno/house vont soumettre l’ambient à diverses influences (dub, techno, world, etc.) et donner naissance à une multitude de sous-genres. Le genre fait partie intégrante d’autres styles musicaux mais la production purement ambient est moindre comparé à la première moitié des années 90, période où la trance (dérivé lointain) était à son apogée. Toujours dans les 90's, les ambiances languides se mêlent principalement aux rythmes hip hop (cf le label Pussyfoot) ou jungle (cf la vague intelligent jungle et le label Good Looking). En France, le label F Com produisait quelques perles ambient de haute volée avec les compilations “Musiques pour les Plantes Vertes” (96), “Megasoft Office 1 & 2” (97/98), les disques de A Reminiscent Drive, Nova Nova alors que les américains offrent quelques belles variantes de musiques atmosphériques et hybrides (Thievery Corporation, Tranquility Bass, Tipsy, etc.). En 2000, le genre subsiste toujours à l'image d'un Brian Eno qui réalise en 2010 un parfait album ambient avec Small Craft of a Milk Sea (Warp).
Petit bréviaire des sous-genres
Ambient dub: Le genre se distingue par ses sub-basses, ses sonorités dub/reggae et ses échos électroniques.Principaux artistes : Sub Dub, Higher Intelligence Agency, les compilations “Serenity Dub” du label Incomming...
Ambient space: Dérivé du new age et de la space music, le genre est privé de rythme et se construit autour de longues pièces contemplatives.Principaux artistes : Deeper Than Space, Klaus Schulze, le label Fax de Pete Namlook...
Ambient world: Véritable fusion des musiques traditionnelles agrémentée de rythmes denses et de vocaux envoûtants en provenance de Java, du Niger, du Pakistan ou de l’Equateur.Principaux artistes : Natacha Atlas, Transglobal Underground, Deep Forest...
Ambient pop: Digne héritière du rock planant, cette variante de l’ambient possède des structures similaires à la pop (utilisation de vocaux...) tout en conservant des sonorités aériennes. Ce style se mélange souvent dans les contrées du Trip Hop.Principaux artistes : William Orbit, Enigma, The Starseeds...
Ambient electronic: Descendant direct de la musique de Tangerine Dream, ce courant défriche des paysages sonores extraterrestres en utilisant des nappes synthétiques. Principaux artistes : Biosphere, la série SETI, certains morceaux de Future Sound Of London...
Ambient techno, electronica: Version soft de la techno agrémentée de bleeps, d’ambiances apaisées qui se greffent à des rythmiques appuyées.Principaux artistes : Moby (cf ses premiers travaux), Aphex Twin (“Selected Ambient Works”), Black Dog...
Ambient industriel, Illbient : Vision d’un futur angoissé. Kraftwerk est le premier groupe à avoir mélangé structures ambient et sons industriels.Principaux artistes : Recoil, Disjecta, Panasonic, Paul D. Miller, l’album “Exhibition” de Ryuichi Sakamoto...
10 albums incontournables
1971 - Pink Floyd : “Meddle”
1974 - Tangerine Dream : “Stratosfear”
1984 - The Art of Noise : “Daft”
1986 - Harold Budd : “Lovely Thunder”
1990 - Angelo Badalamenti : “Soundtrack from Twin Peaks”
1993 - Peter Namlook & Mixmaster Morris : “Dreamfish”
1995 - Visit Venus : “Music for Space Tourism Vol. 1”
1995 - Terre Thaemlitz & Bill Laswell : “Web”
1997 - Paul D. Miller : “Viral Sonata”
1998 - Return To The Source : “Ambient Meditations”
Florian S
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