Carrara - Carrer © L'Atelier du Poisson soluble - 2012
Une petite sœur au comportement étrange vit dans cette maison. Elle s’appelle Sara. Tantôt terrée dans son monde imaginaire, tantôt câline, tantôt furie. Rien ne laisse présager du comportement qu’elle va avoir, parfois même elle fait peur…
« Elle part en voyage et erre à travers ses pensées, on ne sait pas comment et encore moins où, elle vit à l’intérieur de son monde, et c’est tout, solitaire ».
Voici un petit format (22 cm sur 22 cm) de 32 pages. Cet ouvrage parle de la différence. Pas n’importe quelle différence puisqu’il s’agit là d’autisme. Avec des mots simples, Marco Berrettoni Carrara parvient à décrire certaines manifestations de cette maladie. Le handicap est ici abordé par l’intermédiaire d’un jeune narrateur, de manière métaphorique. En utilisant le personnage d’un enfant, l’auteur se consacre au sujet sans misérabilisme et sans jugement de valeur ; il raconte le comportement d’une jeune autiste via le regard de son petit frère.
Sara ne ressemble à personne. Mais existe-t-il deux pierres, deux chiens, deux feuilles, deux personnes identiques ?
S’il s’agit-là d’un regard personnel sur la maladie, il témoigne assez bien des situations déconcertantes qu’elle provoque. On mesure la difficulté d’appréhender ces réactions imprévisibles et la difficulté de devoir constamment passer d’une humeur à l’autre, tantôt pour répondre au désir étouffant de tendresse, tantôt pour se protéger et apaiser l’autiste lorsqu’il est pris par une bouffée d’angoisse.
Les illustrations de Chiara Carrer se composent de crayonnés assez bruts, mettant en scène la fillette autiste. Ils sont apposés sur des papiers peints fleuris. Parfois, d’autres objets – préalablement dessinés sur des feuilles de couleurs puis découpés et collés sur le papier peint – viennent enrichir les décors et donner vie à la maison de Sara. L’illustratrice accentue les ombres et les rides d’expression, ce qui marque d’autant plus cette atmosphère instable, parfois électrique. On est déstabilisé par cette enfant qui souffre mais les teintes pastelles de cet ouvrage illustré nous permettent de nous confronter à cette inquiétude sans qu’elle ne nous assaille.
Monsieur Lutin quant à lui reste intrigué par la fillette. Si la question du handicap est régulièrement parlée à la maison, il est encore jeune pour aborder sereinement la notion de handicap psychique. Une ombre qui glisse l’y confronte. La présence des deux enfants (personnages principaux) force mon jeune lecteur à se mettre en situation. Les questions fusent :
« Un handicapé, c’est une personne floue ou une personne folle ? »
« Quand on est handicapé de la tête, on vieillit dans son corps mais on ne peut pas vieillir dans sa tête ? Alors toi maman, à ton travail, tu aides des personnes adultes qui vivent comme si elles étaient des enfants ? ».
Je remercie L’Atelier du Poisson Soluble pour cette découverte.
Un petit livre pour parler de la différence avec ses enfants. La forme imagée du récit permet à chacun de s’approprier ce témoignage, de se rassurer et de comprendre. Cependant, je crains que mon fils ne se saisisse jamais réellement de cet ouvrage. La beauté et le coté apaisant des visuels intérieurs ne suffit pas. Le sujet abordé en fait un ouvrage vers lequel on ne se tourne pas spontanément. A voir comment faire vivre cet illustré… je prendrais note de toutes vos suggestions.
Une ombre qui glisse
Catégorie Sport/Loisir
Album illustré
Éditeur : L’Atelier du Poisson Soluble
Illustrateur : Chiara CARRER
Auteur : Marco CARRARA
Dépôt légal : mars 2012
ISBN : 978-2-35871-004-6
Bulles bulles bulles…
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