Lorsqu'il brandit une arme, un homme paraît plus grand et plus fort qu'il n'est, en réalité. C'est la conclusion de ces anthropologues de l'UCLA qui ont interrogé des centaines d'Américains sur la taille et la musculature de 4 hommes à partir de photographies de leurs mains tenant une série d'objets facilement reconnaissables, dont des armes... Cette recherche, commanditée par l'US Air Force pour mieux comprendre les processus de prise de décision en situation de conflit violent, publiée dans l'édition du 11 avril de la revue PLoS ONE, montre qu'aujourd'hui, en raison d'un mécanisme psychique quasi-animal, c'est toujours l'arme qui fait l'homme.
Lorsque les chercheurs recommencent l'expérience avec 541 participants et des photos de mains tenant un couteau, un pinceau et un pistolet à eau, à nouveau, les hommes détenant l'objet le plus mortel, le couteau de cuisine sont imaginés plus grands et plus forts, suivi par ceux qui détiennent le pinceau puis le pistolet à eau.
Le danger pèse lourd dans nos esprits, commente Daniel Fessler, auteur principal de l'étude et professeur agrégé d'anthropologie à l'UCLA. Il explique ces résultats par un mécanisme psychique inconscient qui jauge l'adversaire et traduit l'ampleur de la menace avec les mêmes mesures que celles utilisées par les animaux, c'est-à-dire la taille et la force. « Nous avons conservé cette capacité d'évaluer les menaces d'une manière simple», explique Colin Holbrook, chercheur en anthropologie à l'UCLA et co-auteur de l'étude. « Bien que cette capacité soit très efficace, elle peut parfois nous égarer ».
Des résultats qui auront des répercussions pratiques, commentent les auteurs, pour mieux faire appliquer les lois, pour les gardiens de prison et dans l'armée…
Source: PLoS ONE published 11 Apr 2012 10.1371/journal.pone.0032751 “Weapons Make the Man (Larger): Formidability Is Represented as Size and Strength in Humans”