Et voici encore un article qui s’écrit tout seul et qui reste dans la thématique de l’article précédent sur les pigeons. L’idée de celui-ci m’est tombé dessus après qu’Agariatre ait laissé un commentaire sur mon article concernant la domestication des pigeons:
Fascinant.
Ces pigeons existent-ils sous forme de manteau?
Je me suis donc mis à la recherche d’un manteau de pigeon pour finalement tomber sur le travail étrange de Kate MccGwire:
Un exemple parfait de sérendipité, non? Cette œuvre, conçue exclusivement à l’aide de plumes de pigeons, est le fruit du travail de l’artiste Kate MccGwire (oui oui, avec 2 ‘c’). Diplômée de l’université des arts créatifs de Farnham en 2001, cette artiste, basée aujourd’hui à Londres, commence une réflexion autour du concept de collection de bouts de volatiles en 2004, avec ‘Brood’, une œuvre mettant en scène 23.000 Furcula de poulets.
Non sans rappeler le travail de Tara Donovan, Brood (signifiant couvée en français) a une tonalité évidemment plus macabre, évoquant le génocide banalisé généré par nos sociétés de consommation.
Elle découvre le médium des plumes de pigeons dès 2006, avec son tableau appelé Lour:
Lour signifie ciel menaçant et c’est en effet ce qu’évoque ce paysage généré par la juxtaposition des plumes.
Ce premier essai semble l’inspirer puisqu’en 2007, elle réalise une œuvre de plus grande envergure, Retch (haut le cœur):
Toujours confectionnée à partir de plumes de pigeons, cette œuvre-ci joue sur le mélange des sensations. Le cadre évoque un égout et l’origine du médium, des pigeons, est rarement considéré comme propice à la beauté. Et pourtant il y a quelque chose de beau dans la fluidité et les tons de cette coulée de plumes… En rosace, dans l’œuvre Sepal, c’est encore les tons des plumes de pigeons qui permettent de créer un bel assemblage suggérant un sépale de fleur comme l’indique le titre, ou, selon moi, un iris (comme ici):
Dans Vex, la fluidité générée par l’assemblage de plume évoque maintenant une créature serpentine, telle une œuvre malade de taxidermiste:
Les plumes de l’animal naturalisé portent par ailleurs des messages cryptiques:
Avec Host, l’artiste évoque maintenant une sorte de moisissure, ou une formation de lichen, faisant le lien entre le comportement opportuniste voire parasitique des pigeons dans un cadre urbain et celui des lichens qui s’insinuent dans les failles des architectures en déliquescence:
Sans rentrer dans le détail, voici maintenant un aperçu du reste du travail de Kate MccGwire sur les plumes de pigeon:
Comme quoi, l’art de pigeonner, cela peut être aussi l’art d’émerveiller…
Sinon, pour répondre à Agariatre, les manteaux de plumes sont rares mais existent, que ce soit ceux de Montezuma:
Ceux d’Yves Saint Laurent:
Ou ceux de Dior, en plumes de coq…
…ou autre truc en plumes:
Liens:
Kate MccGwire
Article Environmental Graffiti