Ô monde invisible, nous te voyons,
Ô monde intangible, nous te touchons,
Ô monde inconnaissable, nous te connaissons,
Ô insaisissable, nous t’étreignons !
Le poisson monte-t-il pour trouver l’océan,
L’aigle plonge-t-il pour trouver le ciel,
Qu’il nous faille ainsi demander au firmament
S’il a là-haut de Tes nouvelles ?
Tu n’es pas là où naissent les soleils
Et où se perd notre entendement malhabile !
Car des ailes, si nous voulions prêter l’oreille,
Battent aux volets clos de nos portes d’argile.
Les anges vivent parmi nous comme autrefois ;
Retourne une pierre, il en fuit un vers le ciel
Mais c’est vous, c’est vous et vos visages de bois,
Qui vous fermez à la splendeur universelle.
Aussi, quand tu te sentiras très triste et las,
Pleure – et dans ton douloureux abandon,
L’échelle de Jacob soudain t’apparaîtra,
Dressée entre le ciel et la Gare de Lyon.
Mon âme, ô toi qui plies sous le fardeau,
Pleure et venu du ciel pour adoucir ta peine
Voici le Christ qui marche sur les eaux,
Non de Gennesareth, mais de la Seine.
Francis THOMPSON (1859-1907), poète et essayiste anglais.
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