Robert Doisneau est né il y a 100 ans. Je ne sais si cet événement sera fêté comme il se doit, en tout cas, moi, je le fais. En plus, cela permet une pause blogosphérique dans ce tsunami politique qui par moment me clapote un peu les urines !
Or donc, Robert Doisneau est né le 14 avril 1912 à Gentilly, et est mort le 1er avril 1994 à Montrouge. D'un département à l'autre, sans traverser le périphérique, Robert Doisneau aura pourtant fait le tour du monde. Et de quelle manière !
Avec une une apparente désinvolture, Doisneau a pratiqué tous les genres de l'illustration (à l'exception du "charme érotique" et du reportage de guerre), a rempli toutes les case du métier (comme on dit !), de la photographie industrielle jusqu'à la publicité, en passant par le portrait de célébrités, le reportage touristique, le pittoresque urbain et même la mode... De fait, il a porté à sa perfection l'ambiguïté de la photographie, ambiguïté historique, définissant une technique d'enregistrement visuel qui, depuis son invention, fut utilisée pour produire de l'information et fabriquer des images, comme procédé d'illustration et moyen d'expression : un accessoire rituel, un outil de la mémoire, un auxiliaire des beaux-arts, un support documentaire du récit, oral ou écrit.
Le Paris populaire.
Ce que l'on retient souvent de Doisneau, c'est bien sûr ce Paris populaire, qu'il s'était donné très tôt comme terrain d'enquête privilégié. La vie du "vrai" Paris, de la banlieue où il vivait, et par extension, des comportements humains dans l'environnement quotidien : au fond, je sais pas vous, mais moi, c'est ce que je préfère et ce dont je ne me lasse pas !
Doisneau aimait se définir comme un faux témoin, et c'est en 1957 que Jacques Prévert, pour qui il réalisa de nombreuses images, lança la formule qui résume le critère de l'émotion opposé à la performance plastique ou rhétorique :" C'est toujours à l'imparfait de l'objectif qu'il conjugue le verbe photographier !".
Quand il se sentait tenu de définir le ressort ou le mobile de son activité de photographe, Doisneau parlait du décor de son enfance. "Dans le fond, ce que je cherche à prouver, grâce à ce que l'on croit être la qualité primordiale de la photographie, le constat d'huissier, c'est que le monde dans lequel je voudrais vivre existe un peu, qu'il existe vraiment".
Merci à Jean-François Chevrier, historien et critique d'art.