Nicolas Sarkozy vient, de manière insolite, inattendue et inédite, d'introduire Barack Obama dans la campagne présidentielle en invitant des journalistes à assister à quelques instants d'un de leurs échanges par visio-conference.
On sait que les deux hommes ne s'apprécient guère et qu'ils ont eu des difficultés à travailler ensemble, mais Barack Obama est bien élevé et il a souhaité bonne chance à Nicolas Sarkozy. On l'imagine mal disant autre chose. Mais cette image du Président américain qui avait suscité tant d'enthousiasme et tant déçu a sonné comme un avertissement pour… François Hollande. Que reproche-t-on, en effet, le plus, à gauche, à Obama : d'avoir été trop conciliant, d'avoir trop cherché des points d'accord avec ses adversaires, d'en avoir tant cherché que ceux-ci l'ont progressivement amené à vider son programme de l'essentiel de son contenu. On n'est pas loin de cet esprit de synthèse dont on a tant crédité François Hollande.
Hollande a donné récemment quelques signes de fermeté. Il a su ne pas dévier de son agenda modéré quand il pouvait être tenté de gauchir son discours pour freiner la montée de Mélenchon. Il a su aussi faire preuve de fermeté en matière de nomination. Interrogé, hier, sur l'éventualité de nommer Anne Lauvergeon ministre, il a répondu qu'elle était d'abord dirigeante d'entreprise, ajoutant : "Je note cependant que les personnalités issues de la société civile, aussi talentueuses soient-elles, ont eu souvent des difficultés pour accéder aux fonctions politiques". Ce qui a été compris par l'intéressée comme une fin de non-recevoir et en était une. Mais il faudra qu'il poursuive dans cette voie, qu'il ne cède pas à la tentation de l'union nationale avec droite déchirée s'il est élu. Il faudra, en d'autres mots, qu'il se fasse violence pour ne pas ressembler à Barack Obama.