O’Boys T3 : Midnight Crossroad

Publié le 13 avril 2012 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Etats unis, 1934 Huck Fin, gamin et débrouillard du Mississippi trace la route avec Charley, grand ‘negre’ et guitariste de génie. Depuis que Charley a disparu pour Memphis, la capitale du Blues, Huck se promet de le retrouver avant le Sherif Bisner.


Edité chez Dargaud,
Dessin de Steve Cuzor,
Scénario de Colman et Steve Cuzor,
Sortie le 13/05/2012
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Public conseillé : Adulte-ado homme ou femme

Style : Aventure initiatique
Références : “Les Aventures de Tom Sawyer” (1876) et sa suite, “Les Aventures de Huckleberry Finn” (1885) de Mark Twain

Précédemment

Etats unis, 1934 Hugh Fin, gamin et débrouillard du Mississippi, librement inspiré du Huckleberry Finn de Mark Twain trace la route avec Charley, grand ‘negre’ indolent et guitariste médiocre. Ces 2 là forment un duo en cavale peu banal. Lui, petit blanc a la gueule d’ange fuit son père brutal et alcoolique et l’éducation puritaine, seule option que lui propose la bonne société blanche. Charley fuit le shérif Bisner qui l’accuse du meurtre de Hugh. deux passions rapprochent ces 2 êtres que l’éducation et la société raciste oppose : l’amour du Blues et l’envie de liberté qui les poussent toujours plus avant vers les embrouilles et l’aventure. Condamné à un road movie, Hugh et Charley apprendront ensemble la dure loi de la route. Ils “brulent le dur” comme des hobos (chômeurs voyageant clandestinement dans les vaguons de bétails à la recherche des travaux saisonniers) à travers une Amérique sudiste secouée par la grande crise qui n’a pas toujours pas digérée la guerre de sécession.

Les thèmes

Dans cette société si cloisonnée et raciste, ils vont apprendre à vivre ensemble, coude à coude, leurs aventures en laissant de coté leurs différences de race, d’âge ou de clivage social.
Poursuivi par leurs fantômes, Huck et Charley cherchent la rédemption dans ce monde chaotique. Charley suit désespérément les traces de son grand frère Snake. Charley, quant à lui s’est découvert bluesman génial, initié à la drogue par Lucius, bluesman local dont il a usurpé le nom de scène (Lucius No fingers). Depuis ce jour, persuadé d’avoir vendu son âme au diable, il se croit responsable de sa mort et recherche “Crossroad”, la croisée des chemins…

Le développement du scenario

Apres avoir suivi la trace d’un Snake mystérieux et fantomatique, Huck découvre, à la fin du deuxième album que sa quête n’a plus de raison. Suzy, ex petite amie de Snake a endossée son identité après la mort de ce dernier. Charley abandonne alors Huck, continuant son chemin vers un mythique Crossroad, promesse de rédemption et de gloire…

Dans le troisième tome…

Huck et Suzy suivent les traces de Charley. Toujours injustement accusé du meurtre de Huck (et d’un musicien pour faire bonne mesure), Le sherif Bisner, assisté de 2 tueurs aux manières expéditives, se rapproche dangereusement de lui . Pour tenter de sauver “Lucius no Fingers “, ce “nègre” devenu un ami, Huck va enquêter dans la ville de Memphis capitale du Blues.

Les thématiques

Dans la série O’Boys, Cuzor traite d’un sujet personnel qui le tient à cœur : l’Amérique des années 30, qui traverse une de ses plus grandes crises. Cette période le fascine particulièrement, car dans ces moments aussi difficiles et contestataires, l’humanité puise une “dynamique créative”. Le Blues en est la démonstration. Cette musique vivante, brutale, revendicative est le centre de cet album, en somme un personnage central.
Dans son monde aux références multiples (littérature américaine, cinéma : Les raisins de la colère de John Ford, 1947, O’Btrothers des frères cohen 2000) il développe un univers américain extrêmement documenté et crédible, pour traiter de thèmes humanistes fort (la liberté, le libre arbitre, la tolérance).
Ce duo qui cohabite par hasard va apprendre à se respecter au delà de leurs différences. Au delà des différences, Cuzor traite de la cohabitation des blancs et des noirs dans ce pays ségrégationniste et raciste.

La narration / Les personnages

Le premier tome de la série était une relecture libre de l’œuvre de Mark Twain tombé dans le domaine public. Dans le second tome, Cuzor s’est éloigné de cette imagerie un peu enfantine, pour nous faire découvrir le monde des Hobos, leurs code, leurs lois et les contestations communistes en Amérique.
Ce troisième tome change de ton. Plus adulte, plus libre, il ne se concentre plus sur le duo Huck/Charley, mais continue à nous montrer les rapports blanc / noirs. Fortement documenté, Cuzor rend extrêmement crédible son univers sale, dur et poétique à la fois.
Dans ce tome 3, La trame est assez classique. Fini le road-movie, la fuite en avant sans but. Cuzor et Colman développent l’enquête autour de Charley dans un lieu unique : Memphis, creuset de la musique noire. Ce jeu de piste dangereux nous balade dans les lieux mythiques de cette musique. Des Junk joints (cabanes miteuses) aux grandes salles prestigieuses, c’est l’occasion de découvrir tout l’arrière cour de Memphis, ville de l’âme noire américaine.
Indéniablement, l’arrivée de Stephane Colman sur le tome 3 enrichit le scénario. Les situations et dialogues deviennent plus denses, plus abouties. Sa sensibilité lui permet d’amener de nouveaux personnages et des situations plus “exotiques”. Par exemple, dans ce tome 3, apparait pour la première fois un personnage féminin. Suzy, femme forte aux multiples aspects (tantôt pinup, tantôt femme) apporte un peu de fraicheur à ce monde brutal et masculin.
Globalement, l’album est plus léger que les précédents. Cuzor et Colman insèrent des scènes de comédie décalée. Quant Suzy et Huck se teignent de cirage noir pour faire “couleur locale”, le résultat est d’autant plus hilarant que l’effet fait un flop parmi les noirs qui ne sont pas dupes. Dans un genre plus “Reservoir dogs”, le numéros des 2 tueurs défoncés tirant sur tout ce qui bouge est d’un cynisme noir.

Graphiquement

L’ensemble est d’une précision diabolique. Tout en finesse, il suit les traces graphiques d’un Giraud. A l’aise dans les scènes complexes à dessiner (foule, détails urbains) Cuzor s’en sort toujours haut la main. Très réaliste et détaillé, son dessin fait le pendant à son scénario. Un vrai joyaux qui pourrait devenir un grand “classique”.
Si je voulais caractériser le graphisme de Cuzor, je retiendrais 2 types de scènes qu’il dessine a merveille : les bords du Mississippi de nuit et les rues sales des villes américaines dans les années 30…

Pour résumer, partez enquêter à Memphis avec Huck et Suzy sur les traces de Lucius No’Fingers. Vous y découvrirez l’origine de la musique noire sous le charme si réaliste, et envoutant du dessin et du scénario d’ O’Boys,


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