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Chantal Sébire sera-t-elle condamnée à vivre ?
Alors qu’aux Pays-bas depuis sept ans (source) des médicaments mortels peuvent être légalement administrés en cas de maladie
incurable ou de souffrance intolérable, à des patients l’ayant demandé en toute conscience, la France se trouve confrontée à un débat éthique sur la manière d’aider les personnes souffrant de
maladie incurable comme c’est le cas de Chantal Sébire.
Tout ce que la ministre du Logement, Christine Boutin, a réussi à dire jeudi sur RMC c’est qu’elle était «scandalisée qu'on puisse envisager de donner la
mort à cette femme parce qu'elle souffre et qu'elle est difforme».
De manière plus intelligente, et finalement plus humaine, Jean Leonetti, député UMP et auteur de la loi du
22 avril 2005 portant son nom a clairement posé les enjeux de la situation dramatique de Chantal Sébire : «la requête de Chantal Sébire n’entre pas dans le cadre de la loi. C’est une demande
de suicide assistée, pas une demande d’accompagnement de fin de vie (...). La loi autorise l’utilisation de sédatifs, de calmants et d’antalgiques à des doses nécessaires pour supprimer toutes
douleurs physiques ou morales, même si l’utilisation de ces médicaments abrègent la vie. Or, Mme Sébire refuse les sédatifs. Elle demande qu’on lui donne la mort».
La loi du 22 avrils 2005 dite loi Leonetti « reconnaît le droit aux malades en fin de vie de refuser tout traitement et le droit de soulager leurs
souffrances, mais elle ne dit rien lorsque les malades refusent la solution proposée qui est le coma artificiel et la mort au bout de dix à quinze jours. » Voilà le drame de Chantal Sébire,
et le dilemme horrible dans lequel la législation française et la position du Gouvernement manifestement unanime sur ce point la maintiennent » : mourir dans des douleurs que
l’on ose à peine imaginer ou vivre dans un état léthargique jusqu’au jour où la maladie l’emportera.
Chantal Sébire a eu le courage de poser son cas personnel aux médias. Et il ne faut pas croire qu’il s’agit là d’une démarche facile ni pour elle ni
pour entourage. Elle a osé demander grâce au Président de la République. Mais cette grâce-là Nicolas Sarkozy lui a manifestement refusé.
Voilà l’horrible paradoxe : le soi disant respect de la vie conduit la société à condamner
Chantal Sébire à vivre. Nous préférons fermer les yeux sur la misère qui jonche sur les trottoirs de nos villes, nous préférons fermer les yeux sur les mesures de certains qui ne
reculent devant rien, même devant les plus odieuses méthodes pour chasser les miséreux des quartiers de centre ville en utilisant du répulsif anti-SDF équivalent à celui que l’on se sert
contre les animaux nuisibles ! Et dire que cette méthode a pu être justifié par Rama Yade la secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme ! (Source) Voilà la société que nous sommes en train de
construire.
Aussi, le Blog Citoyen a choisi de soutenir la démarche courageuse de Chantal Sébire en réclamant le droit de mourir dignement. Faudra-t-il qu’elle se
suicide pour nos responsables politiques prennent enfin des décisions courageuses !? Nous sommes là au cœur de la discussion de la part que le fait religieux doit prendre ou non dans
l’organisation de notre société. Or on ne peut ignorer que ce refus systématique du droit à mourir même dignement est rattaché à la morale religieuse. « Le suicide est traditionnellement un
acte condamné dans le cadre religieux. En effet, si le fait de se suicider est d'abord un acte qui va contre soi-même, l'« appartenance » de la destinée de l'homme à Dieu fait que cet
acte devient une rupture de la relation spécifique entre l'homme et Dieu et un acte allant contre la souveraineté de Dieu. » (Source)
Lundi 17 mars 2008, Chantal Sébire sera fixée sur son sort. Ainsi soit-il !