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Présentation de l’éditeur :
La présente anthologie propose d’explorer sous toutes ses facettes le renouveau du haiku dans le Japon d’aujourd’hui.
Depuis la fracture d’Hiroshima, le haiku se nourrit du désordre des paysages urbains, exploite des gisements inattendus, ausculte l’accélération de l’histoire tout en gardant vivaces la
saisissante simplicité et l’exigence d’expression absolue qui le fondent. Renaissant littéralement de ses cendres après le cataclysme, il trouve un nouveau souffle, cherchant un juste contrepoint
au kaléidoscope du siècle.
En effet, et ce n’est pas là le moindre de ses paradoxes, la forme poétique la plus courte du monde, née sous l’égide de Bashô il y a quelque trois cents ans, semble résonner au mieux avec la
sensibilité contemporaine, laquelle privilégie, on le sait, une esthétique de l’instantané.
Les 456 poèmes rassemblés dans cette anthologie témoignent d’un exceptionnel foisonnement. Invitation à tous les voyages, irruption de voix singulières qui tentent une fusion passionnante entre
l’extrême modernité et le plus ancien passé. Dispositif d’émerveillement, tremplin de méditation, expérience de vérité, le haiku est plus proche que jamais de la fameuse injonction rimbaldienne :
« fixer des vertiges ».
Ce que j’ai aimé :
Les haïkus sont comme des tremplins de méditation qui par leur brieveté et leur justesse mènent le lecteur vers d’autres rives. Le haïku “nous offre ce surcroît de présence, où les frontières
vacillent amoureusement; Tous pulse, tout palpite. L’esprit et l’espace se fondent et se confondent.” (Corinne Atlan et Zéno Bianu,p. 9).
Les haïkus présentés ici se situent dans le Japon de 1945 à nos jours : ils évoquent ainsi aussi bien la guerre, Pearl Harbour, Hiroshima, que l’enfance, la famille, la nature, la fulgurance du
moment présent étant tamisé à l’aide de ces données essentielles de l’histoire d’un peuple et d’un pays.
Les haijin, compositeurs d’haïku sont avant tout des chasseurs de sensations et cherchent le mot juste qui permettra d’enfanter un monde en une petite touche, en trois vers.
“Le premier papillon du printemps
s’envole -
d’entre les rayures du zèbre” (Imai Sei)
“Dans les ravins
les névés ont l’air solitaire -
même la nuit brille !” (Mizuhara Shûôshi)
“Respirer ?
c’est aspirer toutes les voix
des cigales du soir” (Kaneko Tôta)
“Est-ce le son du brouillard -
presque imperceptible
entre les bouleaux ?” (Mizuhara Shûôshi)
“Nuit de givre -
en la prenant dans mes bras
je l’entends vibrer” (Ozawa Minoru)
Ce que j’ai moins aimé :
– Rien
Haïku du XXème siècle, Le poème court japonais d’aujourd’hui, Collectif, Présentation, choix et traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu, Poésie/Gallimard, 2007, 6,70 euros