Cette recherche menée par des psychologues de l'Université de Buffalo et de l'Université de Californie, constate qu'au moins une partie de la générosité et de la gentillesse est favorisée (ou non) par nos gènes. Des gènes qui influent sur notre générosité mais seulement en combinaison avec notre perception du monde extérieur. Une étude au service des bons sentiments à découvrir dans l'édition du 28 mars de Psychological Science, la revue de l'Association for Psychological Science.
Le Pr Michel Poulin, professeur adjoint de psychologie et auteur principal, Anneke Buffone de l'UB et E. Alison Holman, de l'Université de Californie, ont examiné le comportement des participants présentant des gènes codant pour les récepteurs de deux hormones qui, en laboratoire sont associée à la gentillesse.
Ces 2 hormones, l'ocytocine et la vasopressine sont déjà connues pour faire de nous des personnes plus agréables, du moins dans nos relations intimes. L'ocytocine, appelée aussi « hormone de l'amour », favorise le comportement maternel, et, dans les études de laboratoire, les sujets exposés à l'ocytocine montrent une plus grande sociabilité. Mais ici, les chercheurs ont voulu comprendre si ces composés chimiques provoquent en nous d'autres formes de comportement « pro-social », comme la générosité ou la solidarité sociale, ou encore le civisme.
711 participants ont été interrogés et ont répondu un questionnaire sur leur comportement en termes de devoir civique, envers les autres ou en société, et sur leurs activités de bienfaisance. Les participants ont fourni un échantillon de salive pour des analyses d'ADN, permettant de d'identifier les gènes des récepteurs de l'ocytocine et de la vasopressine. Les chercheurs expliquent que plusieurs gènes contrôlent la fonction des récepteurs de la vasopressine et l'ocytocine et que les deux hormones agissent en se liant à nos cellules grâce à ces récepteurs, qui se présentent sous différentes formes.
Les connexions entre l'ADN et le comportement social sont complexes car les gènes influent bien sur le comportement mais en combinaison avec les expériences vécues et les sentiments éprouvés. L'étude révèle en effet que c'est l'association de ces gènes codants pour ces récepteurs et la perception ou l'expérience du monde extérieur qui module la générosité d'un individu. Ainsi, les participants de l'étude qui jugent le monde menaçant sont moins susceptibles d'aider ou de donner aux autres sauf s'ils ont les versions des gènes des récepteurs associés à la gentillesse. Ces versions « sympathiques » des gènes, explique le Pr Poulin, leur permettent de surmonter leurs craintes pour aller aider les autres.
En conclusion, l'ADN peut expliquer pourquoi telle personne est plus généreuse, attentionnée ou fat preuve de plus de civisme. « Nous ne prétendons pas avoir trouvé le gène de la gentillesse, mais nous avons trouvé un gène qui y contribue. Mais il n'y contribue qu'en association avec les sentiments que nous portons sur le monde extérieur ».
Source: Psychological Science, 2012; DOI: 10.1177/0956797611428471 The Neurogenetics of Nice: Receptor Genes for Oxytocin and Vasopressin Interact With Threat to Predict Prosocial Behavior. (Visuel © gigi1807 - Fotolia.com)