Expérience
Par les frimas
Dérobe à un bouleau
Une ramille endormie
Procure-lui de l’eau et de la chaleur
Procure-lui ainsi l’illusion d’un printemps
Elle va pousser et fleurir
Elle va fleurir et mourir
Sans un seul fruit
Probe
Stiehl
Einer Birke zur Frostzeit
Ein schlafendes Reis.
Gib ihm Wasser und Wärme,
Lüge ihm so einen Frühling.
Erwachen wird es und blühen.
Blühen wird es und sterben.
Ohne Frucht.
*
Plus profonde que la mort
Plus profonde que la mort
Plus profonde que la colère
Est la faiblesse
Ce n’est ni la résistance
Ni l’issue
La faiblesse
Regarder celui qui se noie
Et ne pas accourir
Et ne pas l’aider
Ne pas vouloir mettre un terme à la destruction
Et ne rien faire en sa faveur
Refuser de commettre aucune faute
Et n’en prévenir aucune
Vouloir se servir de chaque système
Et n’en ériger aucun
Plus profonde que la colère
Et qui n’est plus accessible à la colère
Plus profonde que la mort
Et qui n’est pas encore accessible à la mort
Est la faiblesse
Tiefer als Tod
Tiefer als Tod,
Tiefer als Zorn,
Ist Schwäche.
Nicht Widerstand sein
Und nicht Ende.
Schwäche.
Dem Ertrinkenden zu-zuschaun
Und nicht fortlaufen
Und nicht helfen.
Der Zerstörung nicht Einhalt gebieten
Und nicht behilflich sein.
Keinen Fehler begehen woollen und keinen verhindern.
Jede Ordnung benutzen wollen
Und keine errichten.
Tiefer als Zorn,
Nicht mehr erreichbar dem Zorn,
Tiefer als Tod,
Noch nicht erreichbar dem Tod,
Ist Schwäche.
*
Une chaise est vide
Une chaise est vide
Un lit non défait
Un couteau ne sera plus émoussé
Désormais l’ami est parti
Celui qui est resté
Voit la chaise, le couteau et le lit
Et pense au passé
Celui qui est parti
A déjà oublié
La chaise, le couteau et le lit
Autre chose l’attend
Mais celui qui est resté attend lui aussi
Mieux vaut partir
Ein Stuhl ist leer
Ein Stuhl ist leer,
Ein Bett bleibt verdeckt,
Ein Messer wird nicht mehr stumpf.
Der Freund ist jetzt fort.
Der Zurückgebliebene
Sieht Stuhl, Messer und Bett
Und denkt ans Vergangene.
Der fortgegangen ist
Hat Stuhl, Messer und Bett
Schon vergessen.
Ihn erwartet etwas.
Der Zurückgebliebene aber wartet.
Es ist besser fortzugehn.
Heinz Kahlau, poèmes parus dans l’anthologie Dix-sept poètes de la R.D.A., Paris, traductions de Lionel Richard, Pierre-Jean Oswald éditeur, 1967
Pour quand
Avoir du temps pour le livre
Qui attend depuis des semaines
Du temps pour le chemin
Parmi les arbres verts de mousse
Du temps pour la barque
Qui se balance sous la pluie
Temps plein de calme, silencieux et repu
Quand le nécessaire a été fait
Quand le jour possède encore des heures
Temps pour reprendre haleine – et la paix, pour quand ?...
Wann
Zeit zu haben für das Buch,
Das seit Wochen wartend liegt.
Zeit zu haben für den Weg
Zwischen grünbemoosten Bäumen,
Zeit zu haben für den Kahn
Der sich leer im Regen wiegt.
Zeit zu haben, um zu träumen.
Zeit voll Ruhe, still und satt,
Wenn das Nötige getan,
Wenn der Tag noch Stunden hat.
Zeit zu rasten. Frieden – wann ?
Heinz Kahlau, poème paru dans Europe, juillet-août 1973, trad. Lionel Richard.
[Traductions de Lionel Richard]
Voir la note de présentation de Alain Lance en hommage à Heinz Kahlau mort le vendredi 6 avril 2012.
voir aussi cet article en allemand