Alors que le salon de l’automobile de Genève se veut celui de la voiture verte, Greenpeace a voulu en avoir le cœur net et a calculé la moyenne des émissions de CO2 des modèles exposés. Résultat : 201 g/km. C’est largement au-delà de la moyenne de 120 g de CO2/km qu’il faut atteindre d’ici à 2012, et bien plus encore que celle des véhicules aujourd’hui mis sur le marché (160 g/km).
« Les salons, comme celui de Genève, sont des vitrines affichant l’avenir que l’on nous réserve en matière d’automobile. Et bien nous sommes fixés : cet avenir est dramatique pour l’environnement et les constructeurs en sont responsables, déclare Anne Valette, chargée de la campagne Climat de Greenpeace France. Le greenwashing tourne à fond. Campagnes de pub omniprésentes et communication institutionnelle agressive : tout est là pour nous faire croire qu’ils font le maximum afin de réduire l’impact des voitures sur le climat. En réalité, à l’heure où le Conseil européen réaffirme l’urgence, ils font tout pour saboter le projet de réglementation. »
Certes, la présence au salon de Genève de Ferrari ou Lamborghini, spécialisées dans les voitures de sport très polluantes, fait exploser la moyenne. Mais Greenpeace dispose du détail par constructeur. Ainsi, BMW vante les mérites de ses moteurs diesel les plus efficaces mais atteint 187 g de CO2/km. Renault, autoproclamé champion des voitures moins polluantes, promeut son nouveau 4×4 Koleos et récolte 186 g/km. Volkswagen a beau communiquer sur son label Blue Motion, son coupé Passat et le Tiguan montent la moyenne à 196 g/km.
Le 6 mars, Greenpeace a lancé un concours et proposé au grand public d’élire la pire voiture de l’année sur www.greenpeace.fr/voitures. La Toyota Land Cruiser 4.0 v6 Executive est placée en tête du palmarès par une majorité (53 %), devant la BMW 135i Coupé (23 %), la Volvo 70F 2.0 (11 %), la Renault Clio RS F1 2.0 (9 %) et la Volkswagen Golf Plus Comfortline 1.4 (4 %). « Les résultats de ce petit jeu reflètent le niveau de conscience des gens, qui ont bien compris qu’un 4×4 est très polluant, mais aussi l’impact des stratégies marketing développées par les constructeurs, analyse Anne Valette. En réalité, chacun des modèles nominés est une catastrophe environnementale. Ainsi la “petite” Renault sport, par exemple, rejette 197 g de CO2/km, alors qu’une Clio classique émet entre 110 et 140 g/km. »
Toute la vérité sur chaque constructeur sur www.greenpeace.fr/voitures
Pendant plus de dix ans, les constructeurs automobiles européens ont fait des promesses mensongères sur les efforts qu’ils étaient prêts à consentir pour être responsables. Non contents d’avoir délibérément fait perdre du temps à la lutte contre les changements climatiques, les constructeurs automobiles européens développent depuis plusieurs mois une campagne massive de lobbying pour vider de toute contrainte le projet de réglementation européenne visant à réduire les émissions de CO2 des véhicules particuliers. Greenpeace affirme que l’ambition climatique européenne doit se traduire par un double objectif : 120 g de CO2/km d’ici à 2012 et 80 g de CO2/km à l’horizon 2020.
« Au fil du temps, les automobilistes ont obtenu que les constructeurs leur proposent des voitures plus confortables et plus sûres, conclut Anne Valette. Exigeons désormais des modèles plus respectueux de l’environnement, d’autant que les technologies rendant les moteurs plus efficaces existent déjà. Au lieu de tout faire pour saper les négociations européennes en cours, les constructeurs doivent prendre leurs responsabilités face à l’urgence climatique. »
En Europe, le secteur des transports est le seul à voir ses émissions de CO2 augmenter depuis 1990 (+26 %). À elles seules, les voitures sont responsables de 12 % des rejets. En France, à l’origine de 26 % de nos émissions (dont 14 % pour les véhicules particuliers), les transports forment le secteur le plus polluant.