Blanche Neige revient au cinéma avec Julia Roberts en tête d’affiche devant la caméra de Tarsem Singh. Loin des contes sombres, ici c’est le kitsch assumé qui l’emporte !
Mais que se passe-t-il à Hollywood ? Après les zombies, les vampires… c’est le revival des contes de fées ! Après la relecture du Chaperon Rouge à la sauce Twilight, Alice au « Pays de Narnia» par Tim Burton et les deux séries TV Once Upon a Time et Grimm, cette année, deux princesses vont se crêper le chignon sur grand écran. Et toutes deux se nomment Blanche Neige. La première à sortir l’épée est donc celle de Tarsem Singh incarnée par Lily Collins et qui va devoir affronter une méchante Julia Roberts.Étonnant de voir que cet esthète de Tarsem varie si rapidement les genres. A peine nos yeux ont-ils le temps de se remettre de son péplum next-gen Les Immortels aux accents gores qu’il plonge à pieds joints dans le kitsch du conte de fées. Sa relecture de Blanche Neige est colorée, enfantine, agitée, comme un bonbon acidulé qui pétille dans la bouche. Autant dire qu’elle est aussi lumineuse que la version originelle est sombre.
En général, l’univers des contes sied parfaitement aux imaginaires visuels décalés. Il n’y avait qu’à voir les images de Tim Burton s’accordant parfaitement à Alice au Pays des Merveilles (tout du moins c’est ce qu’on pensait avant de voir le film). Inutile donc de dire que les influences picturales de Tarsem Singh étaient attendues au tournant. Pourtant avec Blanche Neige, on sent que le réalisateur s’est assagi.
Si nous reconnaîtront sa patte au travers de certains designs (les casques des gardes) ou à travers l’importance donnée aux costumes (les immenses robes de la Reine), à travers l’introduction animée en porcelaine ou les marionnettes qu’emploie la reine (rappelant étrangement l’univers de Hellboy 2), on déchantera rapidement en voyant qu’il s’est surtout moulé dans le projet de commande. Loin de la poésie de The Fall, Blanche Neige tente vainement de réactualiser le conte en donnant à la belle l’occasion de se battre à l’épée.
Faisant un peu ce qu’il veut avec le conte en donnant une grande importance au prince, en faisant presque de la Reine l’héroïne et donnant un autre regard sur les nains tout en changeant (heureusement) la philosophie de Blanche Neige (qui n’est au moins plus obligée de faire le ménage pour être respectée), l’auteur nous perturbe et donne vraiment une dimension très positive au conte, oubliant sa dimension adulte pour se concentrer sur un public enfantin. Un parti-pris qui fera surement grincer des dents les adeptes des contes et des tendances actuelles cherchant à rendre les histoires des blockbuster les plus sombres possibles.
Il faut dire que sa manière de diriger ses acteurs rajoute encore à la douce hystérie du conte. Le goût kitsch assumé de l’esthétique du film s’accorde parfaitement au surjeu de Julia Roberts ou au cabotinage (au sens figuré comme au sens propre) de Armie Hammer. A côté, Lily Collins, moins haute en couleur se fond dans la neige, aussi innocente que légèrement en retrait. Même les nains ont des traits de caractères légèrement forgés dans l’excès pour leur donner de l’épaisseur et apporter une touche supplémentaire de comédie.
En fait, pour apprécier cette Blanche Neige il faut vraiment se mettre dans un esprit junior. Car Tarsem apporte une énergie à chaque instant, dans ses personnages, dans sa mise en scène, dans l’humour. Peut-être trop, trop rapidement et trop souvent. Résultat, on attend la fin avec impatience puisque l’histoire n’est au font pas si renversante qu’il voudrait nous le faire croire.