Un voyage fascinant en terres africaines.
Après avoir illustré deux scénarios de Christophe Dabitch (“La Ligne de fuite” et “Mauvais garçons”), Benjamin Flao s’attaque à un premier projet BD en solitaire, qu’il sert sous forme de diptyque. Pour ce premier voyage en solo, ce grand amateur de périples autour du monde, invite les bédéphiles à l’accompagner en terre africaine.
La vedette de ce premier volet est incontestablement le petit Naïm, un jeune orphelin de onze ans qui préfère l’éducation de la rue à celle de l’école. En suivant ses pérégrinations à travers les rues de la ville portuaire de Lamu, le lecteur rencontre une galerie de personnages hauts en couleur. Il y a tout d’abord ce grand frère qu’il s’amuse à faire tourner en bourrique et cette tantine qu’il apprécie tant… aaah, que serait l’Afrique sans ses tontons et ses tantines ! Mais il y a également Jahid, roi du trafic en tout genre, ou Günter, ce capitaine hollandais coincé sur les côtes pour transport d’une cargaison illicite. Sans oublié ce vieil homme solitaire qui habite sur son île près d’un immense arbre majestueux ou cet ancien pêcheur devenu très philosophe au fil des ans.
Tant de destins que le lecteur est invité à croiser et qui s’entrelacent savamment au fil des pages. Si l’intrigue met du temps à prendre forme, chaque prétexte pour découvrir cette partie de l’Afrique est saisie à deux mains. Partageant le sentiment de liberté qui anime le petit Naïm, le lecteur se nourrit des différentes rencontres, découvre les mœurs et le quotidien d’une région riche en traditions, dont l’identité n’est pas encore totalement souillée par le capitalisme. À travers l’attitude colonialiste de touristes et expatriés issus du vieux continent, l’auteur ne manque d’ailleurs pas de souligner cette réalité qui est certes synonyme de ressources économiques, mais souvent au dépend d’un authenticité que Benjamin Flao parvient à rendre avec justesse et réalisme tout au long de ce premier volet.
Si cet album appel au voyage, le graphisme somptueux de Benjamin Flao n’y est certainement pas étranger. Ce trait proche du crayonné, littéralement sublimé par une mise en couleur directe chaude et chatoyante, contribue à immerger le lecteur dans cette délicieuse ambiance africaine. Alternant des cases très fouillées à des planches d’un blanc ensoleillé qui exploitent merveilleusement le vide, l’auteur étale tout son talent de dessinateur…et de narrateur. Des scènes dynamiques dans les petites ruelles de la ville aux passages plus contemplatifs qui permettent de s’imprégner de toute la beauté de ce continent, il maîtrise à merveille le rythme de ce récit chorale.
Un moment de bonheur et de beauté africaine, qui sent bon le vécu !
Retrouvez cet album dans mon Top du mois et dans mon Top de l’année !