La rédaction d'Agora Vox qui j'espère aura le courage de publier cet article ( qui n'a pas eu le courage de publier cet article), peut en témoigner : il y a quelques jours, avant que l'on découvre l'identité de l'auteur du massacre de l'école juive, j'écrivais l'article suivant que je soumettais à la publication — mais qui était censuré par la rédaction d'Agora Vox :
Depuis la fusillade de « l’école juive de Toulouse » qui a fait quatre morts dont des enfants, un tueur est en liberté, la campagne électorale c’est arrêté, et chacun y va de son pronostique. Malade mental, tueur de masse, ou crime raciste de l’ultra droite… ? Chaque média fait appel à ses psychiatres, ses criminologues et ses analystes… Pour certains « il peut s'agir d'un malade mental, avec une personnalité particulière de type paranoïaque, proche du tueur d'Oslo », pour d’autres « d’un personnage qui part en guerre », ou d’un « serial sniper », soit un tueur en série raciste. Les auteurs de romans noirs sont volontiers interrogés par les rédactions des tabloids pour faire monter le suspense. Tout le monde cherche des raisons un peu partout, sauf peut-être là où il convient : l’acte terroriste bête, méchant et prévisible.
La signature est pourtant claire. L’homme est organisé. Il agit en professionnel. Il a tué des militaires qui ont été en Afghanistan. Il tue au seins d’une école juive. La piste la plus évidente est de loin celle de l’acte terroriste. Un acte commis sciemment pendant la campagne électorale pour un maximum de répercussion. Rien ne sert donc de nous mystifier. On s’apercevra sans doute bientôt de la triste réalité. Il y a des gens qui sont en guerre contre nous, nous l’oublions trop souvent. Et nos armées sont en guerre contre des gens que nous ne connaissons pas à l’autre bout du monde…
Rappelons au passage quelque dates anniversaires troublantes. C’était un 19 mars aussi que l’opération américaine en Irak débutait. Et le 19 mars de l’année dernière voyait le début de l’intervention militaire en Libye…
Le 11 mars 2004, 4 jours plus tôt, date à laquelle le tueur s’en est pris aux militaires est la date anniversaire de l’attentat de Madrid ou plusieurs trains avaient été pris pour cible simultanément avec pour résultat 191 morts.
Réfléchissons : une tuerie en plein jours. Effectuée avec un scooter rapide, dont l’auteur se sert comme d’une arme pour en réchapper et pouvoir frapper utilement plusieurs fois. Je me suis pas psychiatre mais cela ne le fait pas penser à l’acte d’un fou. En revanche, il faut bien reconnaître qu’on pourrait bien avoir à faire à un nouveau mode opératoire terroriste parfaitement moderne et ultra efficace.
Remarquons que le climat international est propice à l’acte terroriste. Il y a quelques jours, 16 civils dont des enfants ont été abattus par un militaire américain en Afghanistan. « Dans une maison, il y avait dix personnes, dont des femmes et des enfants, qui avaient été tuées et brûlées dans une pièce. Une autre femme gisait, morte, dans l'entrée de la maison", a dit un témoin. "Ils ont été tués et brûlés. J'ai vu au moins deux enfants, âgés de 2 ou 3 ans, qui l'étaient." « Un incident qui n’a en aucun cas été autorisé par l'Isaf", a remarqué le général Adrian Bradshaw avec un cynisme involontaire stupéfiant.
Il est évident, si tant est que l’on veuille bien se donner la peine de réfléchir et de s’ouvrir au monde avec un minimum de bonne foi, que dans un monde global et interconnecté comme le notre, on ne peut plus avoir ces guerres loin de chez nous, accompagnées de ce genre d’évènements, sans que la guerre s’invite dans nos écoles. Il est évident que nous devrons craindre le terrorisme tant que nous sèmerons la terreur à l’autre bout du monde — mais à quelques heures d’avions. Parce que nous vivons dans un monde global où les frontières sont poreuses, et qu’un père qui a vu sa famille assassiné en Afghanistan-ou un fils qui a vu son père assassiné, peut-être le terroriste qui viendra frapper chez nous demain.
Voilà le « fond du problème » comme ont dit. Malheureusement, quand le pire se produit, nos hommes politiques, qui sont en quelque sorte les responsables de ces crimes, dans la mesure ou ils ont envoyé nos armés commettre les crimes légaux qui les sous tendent, ne savent que répêter qu’il s’agit « de crimes odieux », que « tout la république est attaquée »… Non messieurs, ce n’est pas la République qui est attaquée. Ce n’est pas nous qui sommes visés. Quand un acte terroriste est commis sur le territoire français ce n'est que le résultat de votre politique et c'est bien de votre faute si nos enfants meurent...
Puisque chacun y va de son pronostique, que pas mal de médias font intervenir des psychiatres et parlent de tueurs en série d'une façon grotesque, il ne me parâit pas hors sujet de prendre les devant en faisant une mise au point sur le sujet. J'affirme ici et maintenant qu’il est beaucoup plus probable que nous ayons à faire à un acte terroriste avec un cause établie, qu'à l'acte d'un détraqué qui necessite une analyses pyschologique.
Ainsi je terminais mon article. Moins de quarante huit heures plus tard les faits me donnaient raison. Il s'agit bel et bien d'un terroriste. Et celui-ci revient... d'Afghanistan ! Cet article aurait pu être publié, avant, faisant ainsi foi que de telles attaques meurtrières sont prévisibles, pendant que la presse dominante s'affairaient à publier des anneries à grand renfort de psychiatres et d'analystes. Il ne l'a pas été. Je le regrette. L'idée de le publier maintenant vient appuyer ma démonstration. Nous vivons dans une société qui refuse de s'intérroger sur les causes du terrorisme. Une société qui n'est capable que de lui "déclarer la guerre" comme a dit aussîtôt Marine Le Pen sur les ondes. Et, ceux qui tentent de rechercher les causes du terrorisme, dont je fais partie, seront accusé ou suspectés de le justifier. "Ce qui ne sont pas avec nous sont contre nous" disait Bush, ne laissant ainsi aucune place à la neutralité. Ainsi peronne ne peut briser le cercle vicieux de la violence. Les mots sont impuissants pour enrayer le massacre. En réponse à la violence de l'acte terroriste, l'Etat promet une guerre impitoyable. On récuse l'explication. On répond aveuglément à la violence par de la violence. Et des enfants innocents meurent dansles écoles, à Manhattan, à Toulouse ou à Kaboul. Victimes colatérales des adultes qui se disent outrés, mais sont incapables d'enrayer l'escalade de la violence.