Une Contribution D'Olivier N’Da
Oups! Que c’est chaud ! Mais que fait-elle là, assisse, à cette heure-ci? Tu la vois ? Mais si, regarde bien, regarde sur ta gauche, tu la vois ? Vêtue d'une petite robe à pois rose elle était là, seule, assise dans cet immense parc, passage obligé de tous les travailleurs de ce quartier. Que faisait-elle là ? Il était sept heures et demie du matin et tous se pressaient. Ils passaient, les uns après les autres sans s’arrêter, sans quérir des raisons de la tristesse cette petite fille.
Vêtue de sa brillante petite robe, elle était toute sale sans chaussure et pleine de marque qui lézardaient ce visage sombre. Elle était assisse et regardait passer l’impitoyable défilé de ces gens plus pressés les uns des autres. Elle ne parlait pas, n’essayait même pas d’émettre le moindre son. Elle ne disait aucun mot.
De nombreuses personnes passaient en face d’elle, préoccupés qu’ils étaient, tout leur était invisible. Le jour suivant, installé à la même fenêtre, je n’arrivais pas à la voir. En sortant, par curiosité je décidai de passer par le parc pour voir si la petite fille était toujours là. Quelle ne fût pas ma surprise de voir qu’elle était toujours là, au même endroit qu’hier, pareillement vêtue, avec ce profond regard triste et hagard.
J’étais déterminé à m’approcher et m’enquérir de sa situation car je savais que ce parc plein de personnes étranges n’était pas un espace de jeux et certainement pas l’endroit idéal pour une petite fille si seule. En m’approchant d’elle je notais, sans le vouloir, l’état de ses vêtements qui prenait a chaque pas, l’allure de haillons sales et tachés. Comme pour les « justifier » je me disais que c’était pour cette raison que tous ces gens passaient et repassaient sans jamais faire l’effort de s’informer de l’état de la gamine.
Dans cette société où les difformités, les moindres différences sont considérées comme la peste, Dieu vous protège si vous essayez de vous approcher de quelqu’un de différent. Dire « bonjour » dans un endroit public s’est vu « réservé » aux « sans-abris » et mendiants qui en prononçant ce simple mot font enragés les cœurs des passagers des transports en commun à en déformer leur faciès.
Bref, en m’approchant, la fillette lentement baissa son regard pour éviter mes yeux qui intensément la fixait et l’analysait sur toutes les coutures. Je réalisais soudain que son corps était déformé, qu’elle avait une énorme bosse dans le dos. Elle était difforme et bossue. Je lui souriais intensément essayant de la mettre en confiance, de lui faire comprendre qu’elle était entre de bonnes mains et que je voulais juste lui parler, l’aider. Je m’assis à ses cotes et simplement lui dis : « bonjour ! ». Elle fut surprise ou du moins le feignit avant de me répondre « bonjour » non sans m’avoir longuement fixé dans les yeux. Je lui souris et elle me sourit timidement. On se mit à se parler, à converser toute la journée, jusqu’au couché du soleil. Le parc était maintenant quasiment vide. Il n’y avait plus que nous deux sur ce banc quand je lui demandais : « pourquoi es-tu si triste ? ». Elle me transperça le cœur en posant sur moi un regard plein d’émotion et dit : « parce que je suis différente ». Avec un grand sourire plein de soutien je lui répondis immédiatement : « pour être différente, tu l’es ». Elle me regardait avec une tristesse plus profonde et dis « je sais ».
Je lui dis alors comme pour l’encourager et aussi parce que cela était inexplicablement vrai: « Fillette, tu ressembles à un petit ange, gentil et innocent » elle me regarda, sourit et tout doucement se leva et dit : « vraiment ? ». « Oui, tu es comme un petit ange gardien assis sur ce banc qui regarde tous ces passants ». Elle acquiesça de la tête, sourit, et soudain elle se leva, se mit à tripatouiller sa bosse, et ouvrit un pan arrière de sa petite robe à pois rose, me regarda avec un scintillement dans l’œil et laissa déployer ses ailles et dit : « je suis votre ange gardien ».
J’étais abasourdi et sans voix, persuadé d’avoir des visions, quand je compris que ce que j’avais pris pour une bosse était ses ailes repliées. Elle me regarda et dit : « pour une fois vous avez pensé à quelqu’un d’autre que vous, ma mission est accompli » et se retourna comme pour partir. D'un trait je me levais à mon tour et dis : « attends ! Pourquoi depuis ces deux jours personne ne s’est arrêté pour aider l’ange que vous êtes ? » Elle me dévisagea et dis : vous êtes le seul à me voir » s'envola et disparu dans les airs.
Après cet épisode, ma vie changea drastiquement. Je compris que l’on n’ait jamais vraiment seul, qu’il y a toujours un ange spécialement affecté par Dieu lui-même, qui a l’œil sur nous et qui nous protège. Aujourd’hui dites merci à tous ceux qui tiennent à vous, dites leur merci pour leur présence dans vos vies. A chacun de vos amis, frère, partenaire, famille, qui à leur manière sont des anges j’espère qu’ils recevront un texto, un email, un coup de fil qui dira : « merci pour tout, juste un petit merci ». Faites leur savoir que vous aussi vous pensez à eux.
Oups mon « café ! » Il est tout froid, allez, je le réchauffe.