extrait de la revue de presse mediscoop santé du 12 avril 2012
Le Monde
Paul Benkimoun indique en effet dans Le Monde qu’« une étude parue sur le site de la revue Human Reproduction met en évidence que
l'exposition des testicules de l'homme adulte aux phtalates entraîne une inhibition de la production de l'hormone masculine, la testostérone.
Jusqu'ici, un tel effet n'avait été constaté que sur les testicules de fœtus humain ou chez le rongeur ».
Le journaliste précise que « cette preuve inédite de l'action de ce perturbateur endocrinien a été documentée par 3 équipes françaises : celles de Bernard Jégou (Institut de recherche sur la santé, l'environnement et le travail, Inserm U1085, Rennes), de Daniel Zalko (Institut national de la recherche agronomique, Toulouse) et de Bruno Le Bizec (Laboratoire d'étude des résidus de contaminants dans les aliments, Ecole nationale vétérinaire, Nantes) ».
Paul Benkimoun note que ces équipes « ont réalisé leurs expériences sur deux types d'échantillons : des prélèvements sur des testicules d'hommes atteints d'un cancer de la prostate et des lignées de cellules produisant des stéroïdes, du type testostérone. Dans les deux cas, les substances auxquelles les cellules ont été exposées - le DEHP [di- (2 éthylhexyl) phtalate] et le MEHP [mono- (2 éthylhexyl) phtalate] - ont inhibé la production de testostérone ».
« Cet effet a été obtenu à des doses de phtalate qui correspondaient à celles retrouvées chez des individus montrant - lors d'études épidémiologiques - une association entre l'exposition à ces substances chimiques et une altération de la production d'androgènes », poursuit le journaliste.
Paul Benkimoun relève en outre que « les testicules peuvent transformer un phtalate sans effet direct (le DEHP) en un phtalate inhibant la production de testostérone (MEHP). C'est par ce mécanisme que le DEHP devient un perturbateur du fonctionnement endocrinien ».
Le journaliste interroge le Pr Shanna Swan (département de médecine préventive de la faculté de médecine Mount Sinai à New York), qui « fait autorité en matière de perturbateurs endocriniens ».
La spécialiste déclare que « le déclin significatif de la production de spermatozoïdes est bien une réalité en Europe. Il est trop rapide pour résulter d'une cause génétique. […] Nous avons démontré que les perturbateurs ont un impact cumulatif : pris isolément rien n'est mis en évidence, mais ensemble ils produisent des effets nocifs. […] Nous avons constaté que l'on retrouvait ces perturbateurs endocriniens dans la descendance, sur plusieurs générations. Ils affectent le futur de la population ».