Après 10 ans de bons et loyaux services, la série relatant la jeunesse de Superman s’est terminée, laissant son héros enfin s’envoler la cape au vent vers d’autres cieux héroïques, et surtout d’autres écrans, son retour étant programmé au cinéma pour cette année. Retour sur une ultime saison en demi-teinte, pour une série qui aura peiné tout du long à tenir en haleine le spectateur.
Cela faisait déjà quelques années que Smallville tournait en rond, plombée par le départ de la vraie vedette du show, l’acteur Michael Rosenbaum, interprète génial de Lex Luthor. La saison 9 avait néanmoins réussi à remonter le niveau, grâce au retour du perfide Zod, cette fois sous les traits de l’excellent Callum Blue (Dead like me).
Dernière saison oblige, la série se concentre principalement sur la transformation de Clark Kent, alias Le Flou, en Superman. Une évolution plutôt bien gérée, les scénaristes prenant un malin plaisir à disséminer tous les éléments de la mythologie Superman au fil des épisodes, mais sans non plus trop jouer avec la patience du spectateur. Clark finira ainsi par révéler son secret à Lois au bout de trois épisodes seulement, ce qui donnera un nouveau souffle bienvenu au show. La faculté de voler et le costume seront bien entendu réservés pour le double épisode final, mais on appréciera les clins d’œil réguliers (la mise en place du « déguisement » de Kal El en Clark Kent maladroit est particulièrement savoureuse), même si certains wagons sont difficilement raccrochés (l’élimination des personnages n’existant pas dans le comics est expédiée dans le final).
Le retour de Lex Luthor, éternelle Némésis de Superman, est bien entendu un des axes principaux de la saison 10, mais est là beaucoup moins bien géré, cette sous-intrigue d’importance partant un peu dans tous les sens. Reste néanmoins la bonne idée de l’univers parallèle (dans lequel Clark a été élevé parmi les Luthor) permettant de ramener Lionel Luthor (le toujours excellent John Glover) pour quelques épisodes. Et c’est d’ailleurs là que l’on voit a quel point les Luthor manquaient à Smallville ces dernières années. Car le bad guy de la saison, Darkseid, a beau être présenté comme le mal ultime, il parait au final bien pâle et inoffensif en comparaison d’un Lionel Luthor ou d’un pour Lex, dont l’interprète Michael Rosenbaum revient pour un dernier coucou dans l’ultime épisode. Sa courte apparition et sa joute verbale avec Clark font définitivement remonter le niveau d’une saison un peu faible.
La faute à une multiplication des intrigues empêchant le show de se concentrer sur l’essentiel. L’idée d’intégrer la réaction du public aux super héros ainsi que la peur du gouvernement de se voir ravir sa souveraineté est plutôt bonne (bien que repiquée aux Civil War de Marvel), mais est abruptement stoppée mi saison par une pirouette scénaristique ridicule. De même, il est certes très sympa de revoir à peu près tous les anciens personnages du show (mis à part Pete et Lana, grands absents de cette ultime saison), mais ce trop plein de retours empêche parfois l’intrigue de progresser.
Restent tout de même quelques épisodes marquants, dont ceux impliquant le monde parallèle, et un autre dans lequel Clark voyage dans le futur et découvre son destin, ainsi qu’un épisode final plutôt réussi bien qu’une fois de plus expédiant l’affrontement avec le bad guy en quelques secondes. On préférera plutôt garder en mémoire les derniers instants du show, montrant enfin Clark Kent en Superman, accompagnés de la légendaire musique de John Williams.
Alors au final, que restera-t-il de Smallville ? Probablement surtout une gestion catastrophique des intrigues et de leur résolution : une saison pour faire monter la sauce correctement, anéantie par la résolution de l’intrigue en deux minutes en fin de saison (à ce niveau, le ridicule affrontement avec Doomsday en fin de saison 8 remporte certainement la palme). On retiendra néanmoins l’excellent casting de la série : Tom Welling en Clark Kent, tiré par le haut par Michael Rosenbaum, qui restera certainement un des meilleurs interprètes de Lex Luthor, et une flopée d’excellents seconds rôles (John Glover, John Schneider, Annette O’Toole, Erica Durance, James Marsters…). Enfin, il faut avouer que Smallville aura réussi avec un certain brio à embrasser l’idée d’un héros au quotidien crédible dans un univers à peu près réaliste, sans pour autant renier le côté BD de ses intrigues (bref, on est à mi-chemin entre Lois et Clark et Batman Begins). La série d’Alfred Gough et Miles Millar ne restera pas dans les annales comme une des plus grandes réussites télévisuelles des années 2000, mais comme un honnête divertissement qui se suivait certes sans passion, mais avec un certain intérêt.
Note saison 10 : 6/10
Note globale série : 6/10