![L'église St Laurent (Vavřinec) à Petřín, Prague Ville: L'église St Laurent à Petřín et ses historiettes](http://media.paperblog.fr/i/547/5471567/ville-leglise-st-laurent-petrin-historiettes-L-Ckyl6s.jpeg)
Et hop, j'enfonce le clou une fois de plus, avec cette fois-ci, une autre publie dont le sujet n'est autre qu'une autre église. Et comme à l'accoutumé, ce n'est pas n'importe quelle église. Il s'agit d'une des plus anciennes églises de Prague, qui date de... z'allez-voir plus loin. Ok, elle n'est plus d'apparence de ce qu'elle était lors de son érection originelle, mais quand même, elle reste néanmoins entourée de légendes et d'historiettes qu'il est bon de mentionner ici.
Vous souvenez-vous de ma publie intitulée "Promenade bucolique à Petřín"? Non? Ca ne m'étonne pas, elle date d'avril 2005. Bon, eh bien dans cette publie, je vous parlais de la colline de "Petřín", et de toutes les attractions qui s'y trouvaient (et s'y trouvent encore), mais je ne vous avais rien dit sur l'église, parce qu'à l'époque, j'ignorais que cela vous intéressait si tellement. Donc sur la colline de "Petřín", "Petrin mons ad Pragam, et in terris Germaniae linguae Laurenziberg appellatur", se trouve une église consacrée à St Laurent, "Vavřinec" en Tchèque. Pour ceux qui se demanderaient comment Laurent (du latin "Laurentius") est devenu "Vavřinec" en Tchèque, je signale que "Laurentius" est un dérivé du latin "laurus", laurier en Français comme en cuisine, qui se dit "Vavřín" en Tchèque. QED.
Et maintenant attention. Cette église St Laurent sur la colline de "Petřín" ne date pas de l'ère baroque comme sont architecture actuelle pourrait le suggérer. Elle ne date pas non plus de la renaissance et elle ne date pas plus du gothique ou du roman. Nan messieurs dames, cette église St Laurent sur le mont "Petřín" date de la nuit des temps, d'environ fin du X ème siècle.
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Selon mes sources, une première mention de l'église St Laurent serait faite en des annales de 992. Et selon la légende (cf. plus loin), le saint patron de la Bohême (enfin un des) St Adalbert aurait lui même en personne goupillonné-consacré l'édifice. Je n'ai rien trouvé dans mes archives, aussi je ne puis vous en dire plus. Selon mes sources toujours, une autre mention en serait faite en 1003. Idem, rien dans mes archives, donc motus. Ensuite je vous en ai trouvé mention dans les "Fontes Rerum Austriacarum: Österreichische Geschichtsquellen", à propos de vignes et de sources d'eau (fontaines?): "Lib. civil. Prag. misc. F. 1110 -1113. Copia. Vinea Zdenkonis cum fonte supra ecclesiam S. Laurentii in monte Petrino". Mais la date n'est pas spécialement lisible dans mon grimoire, alors j'ignore à quelle époque attribuer cette mention. Selon son contenu, il pourrait s'agir de 1135 parce que justement, mes sources comme mes archives concordent sur cette date de 1135, mentionnée dans les archives du chapitre de "Vyšehrad". D'abord on trouve mention du don de l'église au chapitre "Ca. 1135 capella S. Laurentii, quam Sobeslaus I. dux obtulit ecclesiae Wissegradensi", et ensuite un retour sur le thème de la vigne "Ca. 1135. sex hospites eccl. Wyssegrad. sub monte Petrino w Traunice. In Petrin vinea duo vinitores." (vigne qui couvrait encore la colline de "Petřín" en début du XVIII ème siècle). De cette période date la première reconstruction romane en pierre, issue (la pierre) directement de la colline sur laquelle notre édifice se trouve. Auparavant, c'est à dire de la fin du X ème siècle, jusqu'en vers 1135, l'on présume que l'église aurait été en bois, au mieux en torchis crotte de bouc.
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Lors des guerres hussites, l'église aurait été endommagée, puis restaurée. Mais on manque cruellement d'information sur cette période. On manque d'ailleurs d'information jusqu'en 1590, lorsque St Laurent aurait été réparée (les glises) par des fonds octroyés par un certain Georges Henri de Frankenstein dont je n'ai pas trouvé la moindre trace dans mes archives (sinon dans "František Ruth, Kronika královské Prahy a obcí sousedních: opravený r. 1590 od Jiřího Hendrycha z Frankenšteina"). Notez cependant qu'un des blasons sur la coupole intérieure de l'église porte le nom "Henricus a Frankenstein" (et ce "Henricus a Frankenstein" n'a rien à voir avec le monstre de Mary Shelley). Puis à nouveau plus rien de tangible, jusqu'en 1732.
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Alors cette dernière restauration baroque est encore l'aspect actuel sous lequel vous voyez aujourd'hui notre édifice, aussi arrêtons-nous-y un peu dessus. Au Nord vous apercevez la façade convexe (ou concave selon d'où qu'on regarde) chapeautée par une corniche dédoublée, elle même coiffée d'un tympan en arrêtes brisées.
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Bon, mais où réside la curiosité des "Gottvaterpieta"? Si vous regardez bien sur la notre, sur l'église St Laurent, vous verrez que l'évêque mitré porte une auréole en forme de triangle équilatéral. Aucun doute, le triangle représente les 3 hypostases de notre bonhomme de bondieu: le père, le fils et le St esprit. Or sachant que le mystère de dieu réside dans la consubstantialité des 3 hypostases ("Trinitate in unitate et unitate in trinitate") qui participent d'une même essence (sans plomb), comment Jésus pourrait être sur les genoux d'à bondieu, c'est à dire de lui-même (soi-même?), puisque le père et le fils (et le St esprit) sont de même substance tri-hypostatique? La réponse se nomme ubiquité. Dieu est partout (même dans vos toilettes) et sous toutes les formes, couleurs et odeurs (même dans vos toilettes aussi, et peut-être en même temps que vous). Il peut être partout à la fois, prendre n'importe qu'elle apparence, et tout ça en même temps, en une fraction de seconde et dans le monde entier. Ben maintenant, allez me représenter tout ça en sculpture ou en peinture? Vous voyez maintenant oh combien notre pietà sur l'église St Laurent est particulièrement rare? Sinon au centre de la façade, dans la niche, se trouve St Adalbert, sculpture de 1842 et de "František Dvořáček" (j'connais pas du tout!?).
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Le dedans de l'église est particulièrement décevant. Pour un édifice quasi millénaire, il ne reste vraiment pas grand chose de notable, mais z'allez voir plus loin, le pourquoi que c'est comme ça. Sur l'autel de droite, il est une peinture de 1693 représentant le martyr de St Laurent (ou l'utilisation des feuilles de laurier dans les grillades), croûte attribuée à un peintre français ou flamand du nom de Jean-Claude Monno (j'connais pas du tout!? Cf. "František Ruth, Kronika královské Prahy a obcí sousedních, R. 1695 malíř Jan Claudius Meono [Menno, Monno], rodem Hollandán nebo Francouz, od r. 1692 měšťan staroměstský, koupil dům za peníze ženiny. Od něho jest obraz sv. Vavřince na hi. oltáři na Petříně"). Sur l'autel de gauche, se trouvait une peinture de "Václav Markovský" (peintre de second rang, si je puis m'exprimer ainsi), représentant St Francois de Sales. Aujourd'hui la peinture n'est plus, remplacée par une statue moderne d'une hauteur de 50 cm représentant la vierge et l'enfant. Dans l'église se trouvait encore une statue de St Laurent (avec son grill à viande), qui, selon mes sources, était attribuée à "František Xaver Lederer". Pareil, elle n'y est plus. Par contre la remplacent un St Jean Népomucène en bois tout noir (sans doute une version sénégalaise de notre saint mondialement connu) et un relief de St Adalbert de 3/4 face (ou 1/4 profil). Malheureusement, je n'ai aucune information concernant les auteurs. En dehors de cela, l'intérieur est plutôt moderne, et d'agencement "Jiří Pelcl", auteur également du crucifié pendu dans le choeur. Ah si, le plafond de la sacristie serait décoré d'une fresque baroque montrant des scènes de la fondation de l'église St Laurent par St Adalbert en 991 (cf. l'histoire plus loin). Je ne puis confirmer, parce que je ne suis pas rentré dans la sacristie.
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Bon, mais retour à la chronologie. En 1784 l'église St Laurent fut désacralisée par les réformes de Joseph II, et mise en vente sur eBay. Heureusement (ou malheureusement) personne n'en voulut. L'édifice commença alors à prendre l'eau, le vent et la moisissure. Sans doute pour ces raisons, le chapitre de St Guy (alors propriétaire) céda en 1839 l'église à la ville de Prague qui entreprit aussitôt une totale restauration puis qui affilia l'édifice restauré à St Nicolas Petit-Côté, lequel débordait alors de bondieusards lors des messes du dimanche. En 1849, l'église prit feu des suites de l'incendie qui se déclara un peu auparavant dans les bâtiments militaires à proximité. Mais tout fut réparé vitesse grand V, au grand bonheur des bondieusards et les messes dominicales reprirent comme à l'accoutumé. Puis rien d'intéressant, ni de remarquable. En 1926 survint donc une restauration majeure, en parallèle avec des fouilles archéologiques. Rebelote en 1934, mais en moins majeur, les fouilles. Pis guerre, pis con-munistes, pis révolution de velours, et nous voilà en 1994. En 1994, la ville de Prague loua l'église St Laurent à la communauté vieille-catholique, à l'instar des rotondes Marie-Madeleine et Ste Croix mineure. Et maintenant attention messieurs dames: lors du 40 ème synode en date du 11 novembre 1995, il fut décidé de transférer l'évêché de l'église vieille-catholique tchèque depuis la ville de "Varnsdorf" en notre église St Laurent, du coup il ne s'agit plus d'une simple église, mais d'une cathédrale. Ca pousse au respect moi j'dis.
Et maintenant retour au tout-début, lorsque Prague se composait de 3 cahutes, 5 cabanes et 1 gourbi. En ce temps de la fin du X ème siècle, la colline de "Petřín" était couverte d'une forêt touffue pleine de bois, et cette forêt s'étendait jusqu'à la Montagne Blanche (quelques 6 km vers l'Ouest).
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La première concerne la famille des "Slavníkovci", dont était issu notre St Adalbert en personne, et n'a rien à voir avec "Petřín" (mais faut bien que je vous situe le sujet, non?). En l'an 995 post Jean-Claude, "Boleslav II" fit massacrer les "Slavníkovci" à "Libice nad Cidlinou" pour une sordide affaire de tondeuse prêtée et pas rendue (notez que "Boleslav II" avait pour surnom "le pieux", comme quoi la dévotion et le massacre ont souvent été de paire). Vous pouvez lire toute l'affaire dans "Cosmae Pragensis, Chronica Boemorum, Capitulum vicesimum nonum: at illi ceu lupi inmanes urbis menia irrumpentes, masculum et feminam usque ad unum interficientes, quatuor fratribus sancti Adalberti cum omni prole ante ipsum altare decollatis urbem comburunt, plateas sanguine perfundunt et cruentis spoliis ac crudeli preda onerati hylares ad proprios redeunt lares. Interfecti sunt autem in urbe Lubic quinque fratres sancti Adalberti anno dominice incarnationis DCCCCLXXXXV...".
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Et le maudissement prit comme de la glue époxyde, et colla aux frusques de la famille "Vršovci" pendant plus d'un centenaire. Pareil, vous en trouverez des pleines pages dans la même "Cosmae Pragensis, Chronica Boemorum", mais aussi dans "Thietmari Merseburgensis episcopi Chronicon". Les "Přemyslovci" tentèrent de génocider les "Vršovci" par 3 fois en 100 ans, sans jamais vraiment y parvenir. Et pourtant, cette vilaine famille méritait vraiment d'y passer. Jugez-en par vous-mêmes, sur la base des écrits de "Cosmas". Extrait d'un bon conseil du prince "Jaromír" au futur prince "Břetislav": "Ast illos, qui sunt Wrisovici iniquiorum patrum nequam filii, nostri generis hostes domestici, familiares inimici, ut cenosam rotam devites et consorcia eorum declines, quia nobis numquam fuere fideles" (Ainsi et d'autres part non plus, de qui sont les "Vršovci", ignobles pères de fils vauriens, ennemis autochtones de notre espèce, nuisibles envers notre famille, garde t'en comme d'une roue merdeuse et proscris toute relation d'avec, car jamais ils ne nous furent fidèles). Ca parle tout seul de soi-même moi j'dis.
Alors la première tentative de génocider les "Vršovci" fait suite aux évènements de 1002, lorsqu'iceux ourdirent une rébellion contre le duc de Bohême "Boleslav III" pour une sordide histoire de tondeuse prêtée et pas rendue.
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La seconde tentative de génocider les "Vršovci" est à mettre dans le contexte de 1014, lorsque les frangins "Oldřich" et "Jaromír" se disputaient le trône de Bohême. Sans rentrer dans les détails, laissez-moi toutefois vous situer l'anecdote. Alors que "Oldřich" était au pouvoir et son frangin "Jaromír" banni en exil, il ("Oldřich") eut vent que d'aucuns, et en particulier un certain "Božej" (des "Vršovci", cf. " Cosmae Pragensis, Chronica Boemorum: Bosey, filium Cac, cognatum Mutine; semper enim illam nationem Wrissovici"), alors son gratte-papier, porte-serviette, lèche-bottes puis faux-jeton, épaulaient en cachette le frère déchu ("Jaromír") et préparaient accessoirement un méchant complot en vue de se débarrasser de lui ("Oldřich"). Il fit alors massacrer "Božej", et nombreux autres pour l'exemple (cf. "Thietmari Merseburgensis episcopi Chronicon: Illud etiam adnectendum est, qualiter Othelricus, Boemiorum dux, mammona iniquitatis (Luc. XVI, 9) interpretatus, Bosionem inclitum suimet militem caeterosque complures interfici preceperit, eo quod hos fratrem adjuvare exulem a falsis murmuratoribus audierit, et omnes caute in hiis...").
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Pis il est une anecdote que je ne peux vous passer sous silence. En 1034, et afin que ces 2 couillons cessent de se disputer le pouvoir, l'empereur du St Empire romain-germanique Conrad II divisa le trône de bohême entre "Oldřich" et "Jaromír". Ces 2 boug' se devaient de régner en corégence. Mais voilà, "Oldřich" était assoiffé de pouvoir comme une bête sauvage de sang. Aussi afin de prendre complètement le dessus de l'autre, il fit emprisonner son frère "Jaromír", puis il le fit châtrer et aveugler afin d'avoir la paix pour toujours. Bon, c'est très mal, mais c'est pas ça le sujet de la rigolade. A force de se faire massacrer, les "Vršovci" décidèrent de se venger, et un certain "Kohan" (le barbare), le plus grand scélérat de tous (cf. "Cosmae Pragensis, Chronica Boemorum: quorum primus et quasi caput tocius iniquitatis erat Kohan vir sceleratissimus et omnium malorum hominum pessimus"), prit entre ses mains le glaive de la vengeance qui s'abattit sans pitié sur le pauv' "Jaromír" ("Oldřich" était alors déjà décédé, et remplacé sur le trône par son fils "Břetislav"). Je vous traduis exactement la scène de l'assassina de "Jaromír", telle que décrite par "Cosmas": "et au bout de peu de temps, Kohan, dont nous vous eûmes parlé précédemment, envoya son bourreau (exécuteur, assassin), et lorsqu'icelui aveugle ("Jaromír"), assis sur les aisances par heure tardive s'en purgeai la bedaine, il (le bourreau) lui perfora par derrière les viscères abdominales à l'aide d'un javelot acéré" ("Cosmae Pragensis, Chronica Boemorum: Nec post multos dies Kohan de quo supra retulimus, misso lictore suo dum ille cecus purgat ventrem in necessario noctis in hora, auctissima sica perforat eum in posteriora usque ad ventris interiora. Sicque iustus vir, velut Dei martyr, dux Iaromir obiit anno dominice incarnationis MXXXVIII").
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Et tout ça pour en arriver à la troisième (et dernière) tentative de génocider les "Vršovci" en 1108, tentative qui s'inscrit dans le contexte de ma publie actuelle (enfin! Diront certains). Elle est à mettre au compte cette fois-ci du duc "Svatopluk Olomoucký". Lorsqu'icelui partit mettre une raclée aux Hongrois, il confia la garde de sa tondeuse à un certain "Mutina" (famille "Vršovci"). A son retour, "Svatopluk" trouva l'engin dans un tel état, que sans dec, ça méritait bien une correction. Du coup paf, coup de sang ("Svatopluk" était plus enflammé qu'un poêle qui aurait 7 fois flambé: cf. "Cosmae Pragensis, Chronica Boemorum: sic Zuatopluk intrans stubam sedit in medio super truncum fornacis plus succensus ira quam fornax, qui septies succenditur flamma..."), et massacre des "Vršovci" comme de leurs partisans. Mais cette fois-ci en grand, le massacre. Plus de 3000 personnes selon "Cosmas". La boucherie dura même plusieurs jours. D'aucuns y perdirent la vie ("alii namque in forum ducti ceu bruta animalia sunt mactati, multi in tectis sive in plateis sunt trucidati"), d'autres furent mutilés (aveuglement et coupage de zgeg "qui ilico captus oculis et mentula est privatus"), à Prague ils furent menés "comme bête sauvage" sur notre colline de "Petřín" et occis sans pitié, là où se trouvait l'échafaud, à quelques mètres de notre église ("alii in monte Petrin decollati"), jusqu'aux gosses choppés par le bourreau sanguinaire sous ses aisselles puis égorgés comme cochons ("cum cruentus carnifex ambos ceu porcellos sub ascella interficeret cultello"). Sympa la vie en ces temps du moyen-âge moi j'dis.
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Maintenant un autre qui perdit sa tête près de l'église St Laurent sur la colline de "Petřín" était un certain "Ctibor", dit tête savante (cf. La Chronique de Dalimil: "Ctibor múdrá hlava [...]Toho rady v zemi poslušno bieše, a však často nemúdřě mluvieše řka: "Já mohu i bohu radu dáti a mohl by mne každý rád v svú radu pojímati." Opět řka: "Musil by bóh mnoho mysliti, by mě mohl chuda učiniti", si savant qu'il aurait pu conseiller dieutouppuissant en personne). Dans les années 1247-1248, le roi "Václav I" perdit tellement de points dans les sondages que sa côte de popularité chuta au plus bas. Tu m'étonnes, aller imposer les très riches à 75% était non seulement une mesure démagogique accouchée par un esprit dérangé, mais surtout une initiative nuisible et hasardeuse. En effet, les très riches (la noblesse) se mirent alors rapidement à comploter afin de renverser le roi. Et afin de ne pas laisser croire aux média qu'il se fomentait un coup d'état putschiste ou une révolution des classes, ils voulurent asseoir sur le trône de Bohême le descendant du despote, le jeune fils de "Václav I", le futur roi "Přemysl Otakar II", lequel était totalement opposé à un tel impôt qu'il jugeait personnellement inique, dommageable et infondé (cf. La Chronique de Dalimil: "Pro to sě někteří páni proti králi vzdrastichu, a syna jeho Přěmysla proti jemu vzbudichu").
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Et puisqu'on parle d'exécution et de brigands... Vers la fin de la guerre de 30 ans, la colline de "Petřín" abrita la plus belle brochette de coupe-gorges et de malandrins que Prague ait connue.
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- de un, complètement désarmer les vilains (nous étions à la fin de la guerre de 30 ans, et les armes traînaient de partout)
- de deux, déboiser sur 150 m de part et d'autre les routes à risque
- de trois, autoriser les tribunaux de débarrasser séance tenante de cette terre tout membre du gang arrêté, ou tout simplement suspect
- de quatre, offrir récompense pour tout membre du gang arrêté, tué ou dénoncé
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- de six, assener amende velue à tout propriétaire de terrain sur lequel un brigand aurait séjourné plus de 2 jours
- de sept, faire surveiller les gardes-chasse par les seigneurs afin qu'ils ne se livrent pas à des débordements envers la plèbe
- de huit, suspendre l'activité des pourvoyeurs-porteurs-livreurs suspectés d'approvisionner les malandrins
- de neuf, que les vignerons ne doivent en aucun cas tolérer la présence de vagabonds dans leurs cahutes ou leurs pressoirs
- de dix, faire surveiller attentivement par les seigneurs toutes les auberges, tavernes, et maisons isolées, et les raser si besoin est
Ceci-dit, il fallut plus de 50 ans afin que les "Petrovští" cessent de figurer en premières pages des dossiers criminels, autrement dit, c'est plus par manque de vocation des jeunes générations et par extinction des générations anciennes que ces brigands disparurent, plutôt que par la législation ou l'activité des forces de l'ordre.
Pis maintenant, une gentille légende bien catholique qui va vous expliquer comment est née l'église St Laurent. Vous en trouverez l'histoire complète dans la Chronique tchèque ("Kronika česká", 1541) recueil de bonnes farces écrit par le saugrenu "Wáczlaw Hayek z Libočan" ("Václav Hájek z Libočan" en Tchèque moderne). D'un point de vue factuel et historique, cette chronique est à proscrire totalement. Maintenant pour s'endormir la nuit sur des historiettes rigolotes... Ceci-dit la légende que je m'en vais vous raconter est bien réelle. Elle date de Mathusalem qui la racontait déjà à Hérode (ou l'inverse), et plusieurs sources antérieures à "Wáczlaw Hayek" l'abordent également (mais en moins drôle). Et donc il était une fois, en 991 après Jean-Claude, des carriéristes qui arrachaient la pierre aux carrières de la colline de "Petřín" afin de construire cette splendide ville de Prague. En hiver, et pour de se réchauffer la couenne lorsque la tempiotte tombait aussi bas que la côte de popularité du p'tit Nicolas, les carriéristes... quoi? Ah bon? Le travailleur dans une carrière est un carriéreux et pas un carriériste? Bon, alors par temps froid, les carriéreux faisaient un feu. Et un jour, ils virent comme des farfadets dansant dans les flammes, tout plein de partout qu'il y en avait, du farfadet.
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Et tiens, vu qu'on parle de catholique... Alors c'est une histoire assez longue, mais vous me connaissez, je vais faire succinct concis sinon vous allez louper le film du dimanche soir (et ma maman la météo). En fait, je vous en parle parce que c'est bien entendu lié à notre église St Laurent, mais surtout parce que c'est extrêmement intéressant de voir comment tout se combine tout autour, z'allez voir. Il était une fois donc, un certain "Heřman Černín (z Chudenic)" (1576 - 1651), sans grand intérêt dans les premiers temps de sa vie. En 1589, il hérita involontairement d'un beau-frère en la personne de "Kryštof Harant z Polžic a Bezdružic" (1564 - 1621) dont la vie fut si mouvementée qu'il en faudrait rédiger une publie complète. Du coup je ne vous dis rien, et peut-être qu'un jour... quand j'aurai le temps... Ah si, son nom rigolo. "Kryštof Harant z Polžic a Bezdružic" se dit en Latin "Christofer Nothus Postcochlearensis Sinesatellitensisque", soit en Français "Christophe Bâtard d'Aprècuillères et Sansatellites". Et c'est pas une blague, véridique bien réel. Mort de rire. Mais retour à l'histoire.
En 1597, la soeur de "Kryštof Harant" et la femme de "Heřman" décéda. Ce dernier prit aussitôt son téléphone, et appela son beauf. "Dis-donc Kryštof, tu sais ce qui m'arrive? Ah bon, tu sais? Bon, et tu fais quoi dans les prochaines années?" Et comme dans les prochaines années il ne faisait rien, "Heřman" partit en 1598 avec son ex-beauf "Kryštof Harant" en terre sainte. Partis pour partis, ils en profitèrent aussi pour visiter d'autres coins, Venise, Rome... Bon, mais c'est pas important. En 1599, nos bougres furent de retour en Europe, et tandis que "Kryštof Harant" s'en retourna immédiatement en Bohême afin d'entreprendre une carrière professionnelle dans la fonction publique, "Heřman" s'en alla vadrouiller en Espagne, d'où qu'il ouït que les femmes seraient particulièrement belles (et poilues).
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Mais en 1616, la chance sourit à "Heřman" sous la forme d'une mission officielle pour le compte de l'empereur "Matthias" auprès du sultan ottoman "Ahmet". Il fut de retour à Prague un an plus tard, juste à temps pour assister à la fameuse défenestration de Prague (23 mai 1618). Et justement, suite à cet évènement, les catholiques n'en menaient pas large dans le pays. Aussi lorsqu'assistant à la messe en notre église St Laurent sur la colline de "Petřín", "Heřman Černín (z Chudenic)" eut vent qu'il semblerait qu'il serait sur le point de se faire arrêter afin d'expliquer le montant de ses notes de frais (et tout particulièrement de petit-déjeuner) lorsqu'il se trouvait en mission à Constantinople, ce dernier quitta brusquement la messe encore chaude et franchit la frontière d'avec la Saxe avant même que le curé n'ait eu prononcé l'"ite, missa est".
Entre-temps, "Kryštof Harant z Polžic a Bezdružic" avait parcouru un sacré bout de chemin. D'officier de bouche maître auprès de l'empereur, il devint le commandant en chef de l'artillerie de l'armée des Etats de Bohême sous le commandement du comte "Jindřich Matyáš Thurn". Devenu carrément proche pote de ce dernier, "Kryštof Harant" se convertit même au protestantisme. Le 6 juin 1619, l'armée des Etats de Bohême se présenta devant la capitale de l'empire, Vienne, afin de faire valoir par la force ce que ce bon bougre de Rudolf II avait offert à la Bohême et que ce fumier de Ferdinand II s'apprêtait à reprendre: la liberté de culte. Maigrement équipé d'une petite dizaine de pièces d'artillerie de campagne, "Kryštof Harant" fit cependant péter quelques boulets savamment dirigés sur le palais impérial, et l'un d'entres-eux atterrit directement dans la soupe de Ferdinand, après avoir traversé la fenêtre PVC double vitrage de la salle-à-manger, fenêtre que l'empereur venait récemment de faire installer dans un souci d'économie financière comme d'isolation phonique.
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Le 8 novembre 1620 eut lieu la triste bataille de la Montagne Blanche. Les Etats de Bohême prirent une cinglante raclée, Ferdinand II reprit le contrôle du pays, et se mit à régler ses comptes avec les insurgés protestants. Lorsque "Heřman Černín (z Chudenic)" apprit la nouvelle de la victoire des Habsbourg sur les Etats de Bohême, il se dépêcha de rentrer au pays, puis de s'impliquer intensément dans la politique afin de faire son trou parmi les opportunistes catholiques. En 1620, il devint maire de la vieille ville de Prague (je rappelle qu'en cette époque il n'existait pas 1 ville de Prague mais 4), puis c'est au titre de juge d'exception qu'il assista à l'exécution des 27 notables qu'il avait en partie jugés et condamnés (sous la direction de Charles Ier de Liechtenstein). Le 21 juin 1621, les acteurs de la défenestration de Prague furent rattrapés par la vengeance impériale comme catholique, et 27 notables montèrent alors sur l'échafaud tout spécialement installé sur la place de la vieille ville afin que la populace s'imprime bien dans sa tête que tout était fini, que dorénavant ce seraient les Habsbourg et le catholicisme qui règneraient sur la Bohême, un point c'est tout. Bien entendu, parmi les 27 se trouvait "Kryštof Harant z Polžic a Bezdružic", que le Ferdinand n'avait pas oublié. Mais parmi les 27 se trouvait également le frère de "Heřman Černín (z Chudenic)", "Diviš Černín (z Chudenic)", capitaine de la garde du château au moment de la défenestration en 1618, et qui fut condamné pour avoir laissé entrer dans l'enceinte le peuple en furie. Il fut le seul catholique parmi les 27 à être condamné, mais il en fallait bien un afin que l'opinion internationale n'aille pas croire en une rancoeur religieuse. Une fois décapité, la tête et le corps de "Diviš" furent rendus à sa famille afin qu'il puisse être inhumé "catholiquement". D'autres n'eurent pas cette chance (si l'on peut dire, parce qu'une fois mort, hein...). Leurs corps furent morcelés, et à l'instar de leurs têtes, ils furent exposés en divers endroits de la capitale (en particulier sur le ponts Charles). Ce n'est qu'à l'invasion des armées saxonnes en novembre 1631 que les "fameuses 11 têtes" furent dépendues, et depuis, l'on a complètement perdu leur trace.
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Mais retour à cette bourrique de "Heřman Černín (z Chudenic)". Une fois l'ordre restauré dans Prague, après 1621, notre larron se mit à commercer avec les biens confisqués aux protestants (cf. une précédente publie sur le pillage de la Bohême après la défaite de la Montagne Blanche). Il devint rapidement riche, énormément riche, et pour ainsi dire l'un des plus riches du royaume. Son trou parmi les opportunistes catholiques s'agrandit également. En 1625, il devint le chef de l'intendance des armées impériales, alors sous-traitées à cette vile gouape de Wallenstein avec lequel il devint pote, puis il fut fait comte par l'empereur en personne en 1627, avec lequel il devint pote aussi. Bon, mais attendez la meilleure. Après avoir perdu sa première épouse en 1597, "Kryštof Harant z Polžic a Bezdružic" perdit encore la seconde (ce maladroit), et se maria pour la 3 ème fois en 1609 avec "Anna Salomena Hradišťská z Hořovic a na Vildštejně". Devenue veuve en 1621, après que son mari "Kryštof Harant" eut perdu (encore?!) sa tête sur le billot, elle se convertit au catholicisme, mit les gosses chez les jésuites, son honneur au clou, et en 1625, elle épousa l'ex-beauf de son défunt mari: "Heřman Černín (z Chudenic)", le premier mari de la soeur de son ex-mari devenu nouveau mari ("Heřman"). C'est énorme moi j'dis. "Heřman" et "Anna" vécurent apparemment heureux, jusqu'en 1632 lorsqu'icelle décéda. Notre bougre se remaria une dernière fois avec un tendron de 30 ans plus jeune, et vécu avec elle (apparemment heureux également) jusqu'en 1651, lorsqu'à l'âge de 75 ans il expira (enfin) à son tour. Il fut inhumé en notre cathédrale tri-saintale, puis fut rejoint sous terre par sa dernière femme en 1664 lorsqu'elle-même décéda. "Heřman Černín (z Chudenic)" passa toute sa vie à amasser une fortune, à acheter des domaines et investir dans le foncier. Il eut 3 femmes, servit 4 empereurs, mais n'eut pas le moindre rejeton, même pas une fille.
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Et pour terminer, je vous signale encore quelques édifices à proximité de l'église St Laurent. Tout d'abord une chapelle de 1735, dite "calvaire", décorée bien plus tard de sgraffites du génie "Mikoláš Aleš", représentant la résurrection (de Jésus). Et tiens, si vous êtes amateurs de notre artiste, j'ai recensé dans cette même base de données POI.CZ tous les lieux où vous pouvez voir des oeuvres de "Mikoláš". Il s'agit principalement de fresques sur des maisons, visibles de l'extérieur, donc si vous disposez d'un GPS (ou non), téléchargez gratuitement cette base de données, et laissez-vous guider vers ces fabuleuse peintures éparpillées dans toute la République. Au Sud de l'église se trouve une autre chapelle de 1737, dite "du St Sépulcre", et qui est la copie conforme de l'Edicule de Jérusalem. Elle est percée d'une petite fenêtre volontairement positionnée de telle façon qu'à Pâques, à 3 heures de l'après-midi très exactement (Pâques = 3 jours, 3 nuits, 3 heures, 3 mousquetaires... c'est tout dans la bib'...), un rayon de soleil illumine la pierre sacrificielle au centre de la chapelle. Et depuis cette chapelle du St Sépulcre jusqu'au monastère de "Strahov" (enfin en sens inverse) mène un chemin de croix, originellement nanti de 6 étapes, et d'une longueur de 500 m correspondant plus ou moins à la vraie distance d'entre le gnouf de la vieille ville de Jérusalem et le Calvaire. En fait, et contrairement au Marathon qui est de longueur fixe au mètre près (42195 m très exactement) et sans étape, l'épreuve du chemin de croix est de longueur variable, généralement d'entre 500 et 600 m, mais parfois même plusieurs kilomètres, avec pour particularité le port d'une croix d'un poids d'environ 20 à 60 Kg selon que l'on considère l'épreuve féminine, c'est à dire simplement d'avec la poutre transversale, ou d'un poids d'environ 100 à 140 Kg si l'on considère l'épreuve masculine, c'est à dire la croix complète avec les clous, le marteau, la tenaille... enfin l'équipement intégral des outils de la passion (cf. Mr Bricolage).
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Bref, notre épreuve praguoise du chemin de croix partait donc du monastère de "Strahov", longeait le mur protégeant la ville sur 500 m et en 6 étapes, puis se terminait devant le St Sépulcre à "Petřín". Elle fut la toute première épreuve de ce type en Bohême, et dès le milieu du XVIII ème siècle elle rencontra un succès énorme auprès de la population bigote, particulièrement à Pâques. En cette saison, non seulement les pèlerins se précipitaient pour tenter l'épreuve, mais même mieux, le père "Norbert Saazer" vendait à l'arrivée des saucisses grillées, des frites, des glaces, des Coca-Schweppes-Orangina, des parapluies, des boules à neige avec l'église St Laurent... Un vrai business du tonnerre de d'là à prix obscènes, qu'il se monta le goupillonneux. Et ce bougre mercantile n'était clairement pas en manque d'idée pour faire du grisbi. Cependant lorsqu'il se mit à carambouiller des grâces, des privilèges, et des indulgences, sa hiérarchie, qui jusqu'alors fermait les yeux, se sentit comme concurrencée, voire dépassée, et elle y mit le holà aussitôt. "Norbert Saazer" fut accusé de déprédation, de prévarication, puis déclaré coupable, il fut exilé en dehors de la Bohême où il décéda pour toujours. Une fois l'église St Laurent désacralisée par les reformes joséphiennes (en 1784), les édifices environnants perdirent en intérêt aux yeux des bondieusards, et le site se mit à pourrir.
Au bout d'un certain bout d'temps, certains Praguois en manque d'épreuve physique se mirent alors dans l'idée de rétablir l'épreuve du chemin de croix. Et sous l'impulsion du jardinier "Jiří Breu", de la grenouille de bénitier "Blažena Müllerová" et du plus haut burgrave du royaume de Bohême, le comte "Karel Chotek z Chotkova", l'on mit en chantier la réfection du parcours de santé entre 1836 et 1838. Parenthèse. "Karel Chotek z Chotkova" fut un personnage clé pour Prague comme pour le royaume de Bohême. Il fut le dernier burgrave tchèque administrant sur place le pays (après lui, le royaume était dirigé depuis Vienne par des fonctionnaires autrichiens), et Prague lui doit en particulier les premiers égouts et canalisations, le pavement des rues et des places, l'urbanisation verte de la ville (création de vergers et d'allées boisées).
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Bon, eh bien il ne me reste plus qu'à vous informer encore que sur la façade de l'église, se trouve une plaque en laiton signalant que l'édifice se trouve à 327 et quelques mètres au dessus du niveau de la mer, et hop, ma publie est complète. Je m'en vais donc éteindre mon ordinateur, fout' à la porte mon pote le chat de la voisine qui dormait sur mes cuisses, et aller coucher ma viande dans le torchon parce qu'avec l'heure tardive qu'il se fait, j'te vous dis pas les valises oculaires qui vont me pendre à la hure demain au réveil. L'église St Laurent se trouve ici: 50°4'59.052"N, 14°23'46.010"E.