Sonietchka

Par Anne Onyme

Sonietchka - Ludmila Oulitskaïa

Folio, 108 pages

Résumé:

Depuis toujours, Sonia puise son bonheur dans la lecture et la solitude. C'est dans une bibliothèque que, à sa grande surprise, Robert, un peintre plus âgé qu'elle, qui a beaucoup voyagé en Europe et connu les camps, la demande en mariage. Avec Robert et, bientôt, leur fille Tania, Sonia n'est plus seule, elle lit moins, mais, malgré les difficultés matérielles de l'après-guerre, elle cultive toujours le même bonheur limpide, très légèrement distant et ironique. Des années plus tard, Tania introduit à la maison son amie polonaise Jasia, fille de déportés, mythomane, fantasque, aussi jolie que Tania est laide, et goûtant, comme elle, aux jeux amoureux. Jasia devient la maîtresse de Robert...

Mon opinion:

Sonia (Sonietchka) est une jeune femme myope qui travaille au sous-sol d'une bibliothèque. Elle lit tout le temps, rêve de livres la nuit. Les livres sont des compagnons de sa vie, jusqu'au jour où elle rencontre Robert. Elle le suivrait au bout du monde, fonde une famille et devient une femme au foyer, qui tente de joindre les deux bouts comme elle peut. Malgré tout, elle est heureuse. Sonietchka est une femme résignée, qui entretient avec la lecture une relation étrange. Elle retourne aux livres quand sa vie défaille. Ce n'est pas vraiment un livre sur les livres (qui sont surtout présents au début et à la fin du roman), mais plutôt un livre sur une femme effacée, qui vit un petit bonheur tranquille, si satisfaite du peu qu'elle a. C'est un roman où la guerre fait rage en toile de fond. C'est un roman sur la vie de famille, sur la vie de couple et ses failles. Mais le bonheur est quand même là, pas très loin, lorsque l'on perds tous ses repères. On pourrait méditer longtemps sur le personnage si peu ancré dans la vie qu'est Sonia. Si résignée à l'existance tout en savourant les infimes petits bonheurs qui l'entourent. Elle fait sien, le bonheur ou les choix des autres. Sonietchka retourne aux livres, à sa chère lecture, au bonheur de replonger dans les histoires des autres, même quand sa propre vie s'écroule. Sonietchka est un roman triste et touchant à la fois. C'est une lecture que j'ai apprécié et qui me donne définitivement envie de lire à nouveau Ludmila Oulitskaïa.

Quelques extraits:

"Pendant vingt années, de sept à vingt-sept ans, Sonietchka avait lu presque sans discontinuer. Elle tombait en lecture comme on tombe en syncope, ne reprenant ses esprits qu'à la dernière page du livre."
p.10

"Vidée de tout, légère, les oreilles bourdonnant d'un tintement limpide, elle entra chez elle, s'approcha de la bibliothèque, y prit un livre au hasard et s'allongea en l'ouvrant au milieu."
P.89

À noter que ce roman a remporté le Prix Médicis étranger 1996.

Ce livre a été lu pour le