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Comment vivre la non-dualité ?

Publié le 12 avril 2012 par Anargala
La non-dualité n'est pas un fait, mais un mot qui recouvre plusieurs concepts, avec peut-être une même intuition à l'origine. Et, même cela, on peut en douter...
Ainsi Shamkara oppose l'être au devenir. Pour lui, la non-dualité est l'annulation du devenir au nom de la raison et de la Révélation Upanishadique. Un peu comme Platon qui condamne les apparences au nom de l'être véritable, c'est-à-dire du monde intelligible auquel seuls la pensée et l'intuition donnent accès.
Mais il y a d'autres non-dualités. Celle du dharma du Bouddha et celle du shivaïsme non-dualiste sont les principales alternatives.
Cela étant, comme incarner la non-dualité ? 
En schématisant, on repère deux visions extrêmes.
D'une part, Shamkara qui considère que la non-dualité n'a rien à voir avec la vie sociale et politique. Parce que la vérité détruit l'illusion du devenir, elle doit rester cachée, séparée, à l'écart du monde. On arrive donc à une sorte de position psychotique, où l'expérience intérieure est à l'opposé de l'expérience extérieure. On retrouve cette même dualité dans les versions édulcorées du tantrisme : à l'intérieur, tout est pur, mais on ne touche à rien à l'extérieur. Concrètement, Shamkara défend le système des castes, même s'il est fondé sur l'ignorance de notre vraie nature ! Dans le même registre, beaucoup d'adeptes du tantrisme jouent avec le pouvoir, sans chercher à corriger les injustices. Dans le bouddhisme tibétain, par exemple, de nombreux adeptes expérimentés ont tolérer, voire encourager des pratiques féodales indignes. Non-dualité à l'intérieur, dualité à l'extérieur : dualité ? Dieu pour tous, chacun pour soi, en somme.
D'autre part, il y a ceux qui ont estimé que leur vécu de la non-dualité devait s'incarner dans leur vie. Ou bien leur expérience a été si puissante qu'elle a "débordé" sur l'extérieur. Il y a de nombreux exemples dans le christianisme, dans le soufisme et surtout dans le tantrisme.
Le cas le plus frappant est celui des Aghoris en Inde.
J'en avais déjà parlé, mais voici plusieurs documents, dont certains sont récents.
En hors-d’œuvre, un Aghori mange un cadavre pour exprimer la non-dualité du pur et de l'impur, du sujet et de l'objet :
Un long document sur la vie d'un Aghori, son quotidien difficile :

A Varanasi, deux Anglais manquent se faire béqueter :

Autre petite présentation :

Une histoire étrange, les Aghoris vus par la télévision :

Autre document :

Enfin, la quête d'un journaliste anglais d'origine indienne.
Tout cela semble extrême. Il y a sans doute quelques fous parmis ces fous de la non-dualité. On pourrait dire qu'un Aghori, c'est un non-dualiste devenu fou, de même que je-ne-sais-plus-qui disait que les Cyniques, c'est Socrate devenu fou.
Entre ces deux extrêmes, il y a une voie du milieu, celle des bodhisattvas par exemple. Mais, là encore, il fait savoir raison garder...
Comment vivre la non-dualité ?
Bref, pour qui voter ?

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