Née d'une maman folk et d'un papa rock 'n' roll, Sharon Van Etten a eu sa dose de déboires sentimentaux, avant de pouvoir en extraire d'aussi brillantes compositions. Chanter, c'est d'abord sa manière de guérir et de mettre à plat les casse-têtes. Tramp, son troisième véritable album, nous offre douze pistes de folk-rock épuré, extrêmement riche en harmonies vocales. Sa voix, depuis le dernier album Epic (2010), semble avoir incroyablement mûri et dégage, malgré la fragilité apparente de Sharon Van Etten, une force exceptionnelle, une émotion assumée jusqu'au bout qui ne laissent aucune place à la timidité – on a plus affaire à une sagesse ultime. Outre sa belle guitare électrique nommée Ruby, vous entendrez une pléthore d'instruments et de voix. Je vous livre un secret : Aaron Dessner, le leader des fameux The National, a largement contribué à l'album, aidant la chanteuse à épurer son style ; Tramp a d'ailleurs été enregistré le garage de Dessner. Vous l'entendrez de temps à autres, aux côtés de Beirut, Wye Oak, Julianna Barwick, ou encore Doveman. Le résultat est superbe – il suffit d'assister à la progression incroyable de All I Can, pour se rendre compte à quel point cette jeune songwriter sait parler d'amour sans paraître pleurnicheuse. Elle est, au contraire, glorieuse.