Ce qui m’agace le plus dans le conflit qui oppose les étudiants au gouvernement, ce n’est pas le boycott des cours, mais le fait que tous les intervenants dans ce dossier bafouent inconsidérément les droits des autres : les droits des étudiants qui ne participent pas au boycott et ceux des citoyens qui subissent les affres des moyens de pression des étudiants.
Les associations étudiantes organisent des simulacres d’assemblée générale où seuls les proboycotts ont droit de parole, voire droit de vote. À quelques exceptions près, les assemblées générales où le scrutin a été tenu par vote secret et sur une période suffisamment longue pour donner la chance à tous de participer, les étudiants ont rejeté le boycott. Il est plus que temps que le fonctionnement des associations étudiantes soit mieux encadré.
Les administrations universitaires et cégépiennes ont la responsabilité d’assurer un accès libre et sécuritaire aux étudiants qui ne boycottent pas leurs cours. Pourtant, ils sont tous aussi passifs que des bancs de neige à moins trente. Les étudiants doivent eux-mêmes recourir aux tribunaux pour faire respecter leurs droits les plus élémentaires. Qu’attend le MÉLS pour discipliner les institutions fautives? Ne devrait-on pas couper le financement des institutions qui ne font pas le moindre effort pour remplir leur mandat?
Les professeurs sont payés pour enseigner et non pour faire de la propagande prosyndicale ou pour participer au boycott des étudiants. La tolérance des administrations envers les professeurs qui ne dispensent pas leur cours est un encouragement à brimer les droits des étudiants qui ne participent pas au boycott. Les administrations doivent exiger que les professeurs enseignent. Dans le cas contraire, ils doivent prendre les mesures disciplinaires qui s’imposent.
Les autorités politiques et policières doivent faire respecter les lois et assurer la sécurité des personnes et des biens. La tolérance dont ont fait preuve les autorités jusqu’à présent équivaut à une invitation à poser des gestes illégaux en toute impunité. Les marches de protestation qui ne respectent pas les lois et règlements doivent être immédiatement annulées. Les casseurs doivent être traduits en justice comme tous les malfaiteurs qu’ils sont.
Les centrales syndicales utilisent quelques milliers d’étudiants naïfs pour mousser leur vue politique (abats le PLQ) au détriment des droits des travailleurs. Elles utilisent l’argent des cotisations syndicales pour financer des activités de boycott. Ont-elles obtenu l’autorisation des membres? Bien sûr que non.
Les médias couvrent deux fois plutôt qu’une les activités des proboycotts, mais il n’y a pas de place pour les revendications moins spectaculaires de la majorité des étudiants qui poursuivent leurs études. De plus, les biens pensants de ces mêmes médias excusent les débordements et les actes illégaux sous prétexte qu’il faut que jeunesse se passe. C’est ni plus ni moins une invitation au grabuge.
Aucun artiste n’a pris la défense des droits des étudiants qui refusent le boycott. Ils préfèrent récupérer l’évènement pour promouvoir l’État nounou pour le plus grand bénéfice de la colonie artistique. Dans le fond, ils se moquent bien des étudiants qui vont perdre leur session et obtenir des diplômes à rabais, pourvu que cela serve la cause et mousse leur popularité.
Sous le faux prétexte de la tolérance, nos élites politiques, étatiques, syndicales, médiatiques et artistiques tolèrent, voire encouragent, des comportements qui n’ont pas leur place dans notre société. Les innombrables groupes de pression que recèle le Québec en prennent bonne note et n’hésiteront plus à avoir recours à des moyens extrêmes pour se faire entendre et obtenir gain de cause.