Et certaines coulisses de ces dernières années Sarkozy, peu à peu, se dévoilent.
Accoyer lâche Sarko
C'était un mauvais coup. Un sale coup, dirait-on dans l'entourage du candidat sortant. Le fameux prêt de trois millions de francs qui permit à Nicolas Sarkozy de boucler le financement de l'acquisition de son duplex à Neuilly sur Seine en 1997 n'émanait de l'Assemblée nationale comme il l'avait prétendu en 2007 lors de sa déclaration de patrimoine.
En effet, le président de l'Assemblée nationale, l'UMP Bernard Accoyer, avait confirmé à Mediapart que Nicolas Sarkozy avait reçu un prêt de l'Assemblée nationale conforme « aux règles alors en vigueur », soit 1,2 million de francs maximum.
« Adressez-vous à l’Assemblée ! » Jeudi, Nicolas Sarkozy avait renvoyé vers l'Assemblée quand un journaliste de Mediapart l'avait interrogé sur le sujet. Avec au passage, un joli mensonge « Les prêts dont j’ai bénéficié par l’Assemblée nationale, c’était entre 1995 et 1997. À l’époque, voyez-vous, c’était une majorité de gauche qui se trouvait à la tête de l’Assemblée nationale.» C'était faux, la majorité de l'époque était... de droite. Sarkozy était député-maire de Neuilly-sur-Seine.
Quinze ans plus tard, ce fichu prêt devrait intéresser la justice. Il est à l'origine de la fortune du Président des riches.
Lauvergeon tâcle Sarkozy
Quelques jours plus tard, Anne Lauvergeon, ex-présidente d'Areva, livrait quelques-uns de ses souvenirs de ses rapports avec Nicolas Sarkozy à l'hebdomadaire l'Express. L'un d'entre eux pouvait attirer l'attention. Il n'est pas sans rapport avec des histoires d'argent. En février dernier, Anne Lauvergeon, déjà, s'interrogeait sur les réseaux qu'elle aurait dérangés. Cette fois-ci, elle publie un livre, « La femme qui résiste ». Ses interrogations deviennent des accusations contre Sarkozy et l'un de ses protégés: « Saura-t-on un jour pourquoi le patron d'EDF a eu ainsi table ouverte à l'Elysée durant tout ce quinquennat ? »
Lauvergeon raconta ainsi l'insistance, jusqu'à l'été 2010, de Nicolas Sarkozy et de son entourage à vendre la technologie nucléaire française à n'importe qui, et même au colonel Kadhafi.
On savait que l'accord de juillet 2007, qui avait donné suite à la libération des infirmières bulgares devant des caméras de télévision, incluait la livraison d'un centre de dessalement de l'eau de mer à base nucléaire. Mais aucun détail n'avait été publié. Voici que l'ancienne dirigeant d'Areva rappelle ce mauvais détail d'une Sarkofrance inconsciente sur fond de guerre des clans. Elle reproche à Nicolas Sarkozy d'avoir tenté « de vendre du nucléaire à des pays où ce n'est pas raisonnable » et en particulier... la Libye.
L'Express: A qui précisément? Anne Lauvergeon: Par exemple au colonel Kadhafi. Nous jouions à fronts renversés: moi, qui aurais dû pousser à la vente, je m'y opposais vigoureusement, et l'Etat, censé être plus responsable, soutenait cette folie. Imaginez, si on l'avait fait, de quoi nous aurions l'air maintenant ! La vente de nucléaire s'accompagne de la création d'une autorité de sûreté capable d'arrêter la centrale en cas de problème. Or, dans un tel régime, un président de l'autorité de sûreté qui n'obéit pas est au mieux jeté en prison, au pire exécuté ! Pourtant, quelle insistance ! A l'été 2010, j'ai encore eu, à l'Elysée, une séance à ce sujet avec Claude Guéant et Henri Proglio...On se souvient avec quelle insistance Nicolas Sarkozy, flanqué de Claude Guéant, Brice Hortefeux et Ziad Takieddine, s'était efforcé de vendre des équipements de surveillance à la dictature libyenne alors qu'il n'était que ministre de l'intérieur. La société Amesys, devenue filiale de Bull, avait ainsi pu fournir un large dispositif d'espionnage des télécommunications. En décembre dernier, nous nous interrogions: « Sarkozy sera-t-il entendu pour ses ventes à Kadhafi ?»
Après l'espionnage, le nucléaire.
Pourquoi cette insistance ?
Mercredi 11 avril, Ziad Takieddine était à nouveau interrogé par les juges.