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Sarkozy: la stratégie de la peur et la spéculation

Publié le 12 avril 2012 par Juan
Sarkozy: la stratégie de la peur et la spéculation Ils ont été bousculés par quelques mauvais sondages persistants. La présentation du programme et la publication de la fameuse Lettre au peuple français avaient déçu. Les rares grandes idées nouvelles du Monarque avaient été d'avancer d'une semaine le paiement des retraites, de faciliter l'accès au permis de conduire et de fusionner les différentes représentations des salariés dans les entreprises de moins de 250 employés. Fichtre...
C'était maigre pour motiver l'électeur indécis. Pire, Sarkozy avait été contraint de se précipiter en banlieue, rapidement et discrètement, après la tournée du candidat Hollande.
Il restait donc la peur. Il fallait effrayer. Depuis mardi, les Bourses européennes flanchent à nouveau. C'est presque trop tôt pour faire les affaires du candidat sortant. Mais ce dernier n'hésite à rien. Il a décidé d'agiter toutes les peurs, de promettre la fin du pays, de l'euro et du monde en cas de victoire de François Hollande.
Le mot d'ordre est simple, et les éléments de langage relayés un à un par les perroquets de Sarkofrance: Alain Juppé dans une interview au Figaro Magazine lâcha, sans rire: « J'ai l'absolue conviction, je le dis sans esprit partisan, que le programme de François Hollande dans ce domaine est complètement à côté de la plaque. Et même profondément dangereux. Il risque de replonger l'économie française et la zone euro dans des turbulences redoutables.» Sans esprit partisan ? Chiche ? Nathalie Kosciusko-Morizet avait lâché, en meeting, « gauche au volant, Grèce au tournant. »
En meeting mardi soir, François Fillon, encore premier ministre pour quelques jours, sombra dans la caricature. Voulait-il préserver ses chances de candidature pour 2017 ?  «  Si jamais demain, au lendemain du 6 mai, la France remettait en cause cet engagement si la France disait “non, je prendrai une année de plus ou je le ferai que s’il y a de la croissance”, à cette minute-là la spéculation contre la monnaie européenne reprendrait de plus belle, sauf qu’il n’aurait plus personne pour l’empêcher. » Pourquoi avait-il besoin de se rabaisser ainsi ? Hollande=faillite ? Même les marchés n'y croyaient plus.
Comme l'écrit notre confrère et camarade de combat Variae, cette démarche outrancière faisait le jeu des spéculateurs: « Vous êtes considéré dans votre famille politique comme un individu sérieux, de ceux dont on dit qu’ils ont la trempe d’un Homme d’Etat. Je me contenterai ici de juger vos actes et vos propos. » L'équipe Sarkozy avait décidé de faire sombrer la France pour mieux préserver son champion. On aurait presque oublié que Nicolas Sarkozy était le président qui nous fit perdre le Triple A.
Rien que ça. L'homme nous donnait encore des leçons.
Mercredi matin, sur France Info, le candidat sortant avait rôdé ses arguments, et qu'importe s'il mentait grossièrement: « Si on recommence à embaucher des fonctionnaires, si on recommence à dépenser, si on met en cause la réforme des retraites, ce n'est pas un risque que les taux d'intérêt vont remonter, c'est une certitude. On déclenchera immédiatement une crise de confiance massive.» François Hollande avait promis la stabilité du nombre de fonctionnaires et la maîtrise des dépenses publiques.
Mercredi soir, Nicolas Sarkozy a poursuivi dans l'outrance et la caricature: « J'entends que chez certains on se sent inspiré par l'esprit de 1981. C'est leur droit. En 1981, il a fallu deux ans pour que tout s'arrête et tout se retourne. En 2012, il faudrait deux jours, c'est ça la vérité ». Il avait rassemblé quelques élus de l'ancienne majorité à Paris dans la salle de la Mutualité à quelques encablures de Notre-Dame.
Ces élus et ministres, Fillon compris, venaient prendre leurs consignes de campagne.  « Il y a un point qui nous rassemble, c'est que nous ne voulons pas d'une crise de confiance qui emporterait la France. Nous ne voulons pas d'une France à genoux, nous ne voulons pas d'une France qui perdrait la maîtrise de son destin, nous ne voulons pas que tous ceux qui ont amené la France où elle est aujourd'hui aient à ramasser la France dans une situation que connaissent aujourd'hui une partie de nos partenaires européens ».

La démarche était tristement banale.
Pourtant, à bien y regarder, les Bourses européennes semblent fébriles pour une toute autre raisons: les investisseurs réalisent enfin l'échec des politiques d'austérité menées en Grèce, en Espagne et même en Italie, aux détriments de la croissance. Ils sont aussi déçus des mauvaises performances de l'économie américaine.
Enfin, pourrions-nous rappeler que la Sarkofrance est à bien égards dans une situation déjà aussi dramatique que l'Espagne ? Notre endettement public frôle les 87% du PIB cette année, quand il n'atteint pas 70% de l'autre côté des Pyrénées...


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