« Avant j'avais pas l'idée de vouloir sortir, ma tête était trop petite pour y mettre le monde de Dehors alors j'imaginais pas qu'il existait. Quand j'étais tout petit je pensais comme un petit mais maintenant que j'ai cinq ans, je sais tout. »
Jack a cinq ans et n'a jamais vu le monde extérieur. Il vit avec sa maman dans une cabane de jardin, là où Grand Méchant Nick les garde en captivité.
Room est une lecture qui fait resurgir les cauchemars que l'on croyait enterrés. Asphyxiantes, parfois intenables, les pages amènent le lecteur toujours plus au bord du gouffre. Un livre qui m'a beaucoup troublée, pas seulement de par son fond mais aussi par sa forme.
Emma Donoghue a réussi un tour de force, celui de la réversibilité. Oui, tout est réversible dans Room. La cruauté, le dépassement de soi, l'avilissement, la terreur, l'humiliation et, au centre, cette relation mère-fils solaire qui soigne, qui apaise, qui efface tout.
Ce huis clos obsédant qui ne me fera plus jamais voir les cabanes de jardin de la même façon et ce monde qui, au lieu d'être accueillant, menace. Room est aussi un impitoyable miroir pour chaque parent. La mince barrière qui sépare la bienveillance de la maltraitance.
Et dans les abysses de nos consciences, ce que nous faisons pour nos enfants et ce que nous croyons faire pour eux alors qu'il s'agit, en réalité, de nous et de ce que nous ne sommes pas en mesure d'accepter.
Stock, 408 Madames Pages, 2011