Photographie ci-dessus : Détail de :
« Jacques de Guise, Chroniques de Hainaut : Philippe le Bon recevant en conseil l’hommage des Chroniques de Hainaut. Enlumineur : Rogier Van der Weyden, 1446. Bibliothèque
royale de Belgique ».
Photographie de gauche : Détail « Jacques Legrand, Le Livre de bonnes mœurs : chute des anges
rebelles. Enlumineur : Maître d’Antoine de Bourgogne, vers 1465-1475. BnF, dpt des Manuscrits ».
Photographie de droite : Détail « Flavius Josèphe, Antiquités judaïques
: la mort d’Absalom. [...] 1483. BnF, dpt des Manuscrits ».
Du 6 mars au 10 juin 2012, la Bibliothèque nationale de France présente en collaboration avec la
Bibliothèque royale de Belgique une exposition intitulée : Miniatures flamandes : 1404 -1482
constituée de quelque 90 manuscrits rarement montrés, chefs-d’œuvre de l’art flamand. Cette période précédant l'imprimerie marque une apogée de l'enluminure sous l’impulsion des
ducs de Bourgogne. Ce duché dont alors fait partie (schématiquement) la Bourgogne actuelle, le nord de la France, le Luxembourg, la Belgique et la Hollande, est aussi à la pointe de la mode. On y
porte des vêtements d'une excentricité qu'on a aujourd'hui de la peine à imaginer : de hauts chapeaux (dans l'article intitulé Enluminures et coiffes du XVe siècle et de la Renaissance
je donne quelques exemples de ces coiffes) décorés de rubans et de voiles, des robes au décolleté
profond et à la traînes immense, de magnifiques tissus aux couleurs et motifs multiples, des ornements dont la mode des clochettes et des paillettes sont des exemples, des chaussures pointues
(poulaines dont certaines peuvent être décorées ou bien avec des semelles en bois comme on le constate dans cette miniature ici) etc. Le pourpoint de l'homme a un col haut et est rembourré en haut des manches ainsi que sur d'autres parties : épaules, poitrine,
dos.
La culotte et les chausses sont d'un même tenant. Parfois le costume entier est divisé en deux dans le sens de la
hauteur (costume dit 'mi-part'), chaque côté ayant des couleurs et/ou des motifs différents (souvent des rayures) ; les coupes elles-mêmes peuvent changer etc. Les ourlets des vêtements sont
souvent ouvragés : crénelés, ornés, ou découpés en bouts pointus …, la braguette peut être très visible … On porte de nombreux bijoux sur les vêtements (agrafes, grelots ou glands en
or …), autour du cou, à la ceinture etc. On se rase les poils de tout le corps, même les sourcils, ainsi que le haut du front et les tempes. Dans l'Encyclopédie illustrée du costume et de la
mode (Gründ, 1970) est cité un chroniqueur autrichien qui décrit quelques aspects de la mode masculine de cette période en ces termes : « Chaque homme s'habillait comme il lui
plaisait. Certains portaient des manteaux coupés dans deux sortes de tissu, d'autres avaient une manche beaucoup plus large que l'autre, dans certains cas, plus large que le manteau lui-même.
Quelquefois, les deux manches étaient très larges et celle de gauche était décorée de différentes manières, de rubans de couleur ou de pièces d'argent reliées par des liens en or. Certains
portaient sur la poitrine un morceau de tissu de couleurs différentes portant des inscriptions en argent ou en soie. D'autres avaient des desseins sur le côté gauche. Certains avaient des
vêtements si étroits qu'ils ne pouvaient s'habiller ni se déshabiller sans aide, ou sans défaire une rangée de petits boutons qui couvraient les manches jusqu'aux épaules ou la poitrine jusqu'au
ventre. Certains autres bordaient les ourlets de leurs vêtements d'un autre tissu, d'autres découpaient de nombreuses languettes dans l'ourlet lui-même. Chacun commença à adopter le chaperon
attaché au vêtement, qui remplaça l'habituel couvre-chef masculin. Les manteaux étaient si courts qu'ils arrivaient à peine aux hanches. » et d'autres sont très longs comme le montre la
photographie ci-dessous à droite.
C'est un véritable plaisir de noter ces modes sur ces miniatures mais aussi d'y apprécier la délicatesse
et les qualités artistiques, la finesse des traits et la richesse des détails … enfin tout ce qui fait que ces manuscrits aux enluminures uniques sont de véritables trésors. En parallèle à cette
exposition, la Bibliothèque nationale de France nous offre sur son site (voir ici) une exposition
virtuelle avec de très beaux exemples de miniatures mais aussi six livres manuscrits à feuilleter.
Photographies ci-dessous : En haut, à gauche « Grand Armorial
équestre de la Toison d’or : le duc de Bourgogne, vers 1435-1438. BnF, Bibliothèque de l’Arsenal » ; au milieu détail « Raoul Lefèvre, Recueil des histoires de Troie : mariage
de Jupiter avec sa sœur Junon. Enlumineur : Maître de la Chronique d’Angleterre, vers 1470-1480. BnF, dpt des Manuscrits » ; à droite et en bas à gauche détails de :
« Barthélemy l’Anglais, Le Livre des propriétés des choses : Jean Corbichon remet sa traduction au roi Charles V. Enlumineur : Maître d’Antoine de Bourgogne, vers 1465-1475. BnF,
dpt des Manuscrits ». Les drapeaux sont un détail de « René d’Anjou, Livre des tournois : revue des heaumes à l’intérieur d’un cloître. Enlumineur : Maître du Livre de
prières de Dresde, vers 1480-1488. BnF, dpt des Manuscrits ».
Article LM