La longue nuit de l’exorcisme (Non si sevizia un paperino – 1972)
Que voilà un drôle de titre. Le film n’a absolument rien à voir avec L’exorciste, mais j’imagine que la sortie en France coïncidait avec le gros succès de Friedkin. Oh, on parle bien d’un exorcisme dans le film, mais c’est un événement qui a eu lieu dans le passé et qu’un personnage raconte en deux ou trois phrases. Le thème du film est très différent, et rarement abordé au cinéma: le meurtre d’enfants. On est dans une petite ville, et on fait d’abord connaissance avec trois petits garçons, qui s’amusent aux alentours. Cette enfance insouciante est assez bien retranscrite, mais cette bonne ambiance sera vite mise de côté avec une première disparition et un premier corps retrouvé. Les autres suivront, à ma grande surprise. Je pensais naïvement que le film allait se focaliser sur les péripéties du troisième pour échapper au tueur, et bien pas du tout. Le film est d’ailleurs assez déroutant, et multiplie les fausses pistes, avec une mise-en-scène tellement appuyée qu’on est persuadé de connaître l’identité du tueur ou de la tueuse, mais en fait, pas du tout! La première partie force le public à croire qu’il s’agit d’une sorcière (la très belle Florinda Bolkan).
Il s’agit plutôt d’une pauvre femme, seule, et un peu bizarre, qui a lancé une malédiction sur ces trois enfants qui piétinaient la tombe de son fils. La police la relâchera finalement, faute de preuves. Elle sera battue à mort dans une scène révoltante par des hommes du village. Les vieilles mentalités des petits villages sont ici fustigées par Fulci (qui a participé au scénario) tout au long du film. D’autres suspects seront envisagés, jusqu’à la révélation finale (non, je ne dirais rien ^^). Pour ma part, j’ai rien vu venir et je n’irais pas jusqu’à dire que c’était palpitant, mais les personnages étaient suffisamment ambigus pour se laisser porter par l’histoire. Même s’il n’a rien d’un film d’horreur, on retrouve la Fulci‘s Touch pour certains passages assez gratinés. Malheureusement pour lui, les effets spéciaux ne suivent pas, et faire des gros plans sur des effets ratés n’est généralement pas une bonne idée. Il y a notamment la chute d’un faux corps, avec des lambeaux de chair arrachés par les rochers de la falaise qui fait un peu pitié. Fort heureusement, les acteurs compensent cet amateurisme, et Fulci retrouve les excellents Tomas Milian et Georges Wilson (qui fait évidemment office de coupable), qu’il avait déjà dirigé dans Beatrice Cenci. Egalement du casting, j’ai découvert la jolie Barbara Bouchet (qui a un petit air d’Evan Rachel Wood et qui contrairement à son nom n’est pas française mais allemande, puisque née Barbara Goutscher. Une jolie allemande de plus, une).
Tomas Milian et Barbara Bouchet: « C’est vous le tueur? Ça alors… »D’une beauté troublante, elle est également en tête de liste des suspectes possibles. Vous l’aurez compris, le whodunit soigné est le principal atout du film, ce qui le rend tout à fait fréquentable malgré des petites baisses de rythme ci et là.
Verdict: 6/10
L’Au-delà (E tu vivrai nel terrore – L’aldilà) – 1981
Voilà un film vu il y a des années de cela, sur une VHS bien pourrie. Je dois avouer que des années plus tard, les seul souvenirs qu’il m’en restait étaient les zombies dans l’hôpital, une énucléation assez hard, et le sentiment à l’époque d’avoir eu mon quota de gore respecté. Mais puis, petit à petit, j’ai vu des articles fleurir à gauche et à droite (magazines, blogs, etc…) affirmant haut et fort qu’il s’agissait là du meilleur Lucio Fulci, patati, patata. Et je me suis dit que j’étais peut-être passé à côté lors de la première vision. C’est donc avec une petite touche d’espoir de redécouvrir le film que j’appuie sur « Démarrer le film » du menu DVD de Neo Publishing. Hé bé non, même topo… Ca m’a au moins permis de me remémorer l’histoire: une porte de l’enfer est ouverte (il suffit d’un marteau et d’un burin, too easy…) et petit à petit (mais vraiment petit à petit) les morts se relèvent pour s’emparer du monde des vivants. La simplicité des scénarios de Dardano Sacchetti m’étonnera toujours
. Mais il n’en faut pas plus à Fulci pour livrer un film d’horreur plus qu’honorable, malgré quelques menus défauts. Comme d’habitude dans ses films, les personnages sont inexistants (très dommage pour Catriona MacColl, où vous pouvez retrouver une interview de la madame ici) mais là n’est pas vraiment le problème.Si Frayeurs et L’enfer des zombies ont une histoire assez linéaire, pour L’Au-delà, ça part parfois dans tous les sens, et on se demande souvent « Mais où on est, là? Et qu’est-ce qu’elle fout là, elle? Elle devrait pas être ailleurs? ». Bref, si c’est pour désorienter le spectateur, pourquoi pas, mais j’ai tout de même plus le sentiment d’assister à un montage un peu trop bordélique à mon goût. Mais mis à part ce manque de rigueur, les fans de Fulci seront aux anges, car on a bel et bien droit à cette ambiance assez lourde, poisseuse et plus que jamais, les zombies de Fulci ne sont pas synonymes de morts-vivants. Ils représentent la Mort, point. La Mort dans tout ce qu’elle a d’effrayant, de putride, d’inévitable. On est loin de l’image de la grande faucheuse, et ces êtres venus de l’enfer annoncent clairement la fin du monde.
Dommage que le manque de moyens ne permet que de l’entrevoir, mais l’idée est là. Giannetto De Rossi s’en donne à coeur joie, mais si certains effets sont très réussis, d’autres auraient mérité plus de soin (l’attaque du chien en peluche, bon, il y avait moyen de faire mieux, je pense…). Mais même lorsque notre cerveau indique qu’il s’agit d’un trucage, la complaisance de Fulci a filmer des trucs immondes nous met irrémédiablement mal à l’aise.Verdict 7/10
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