XXV
Mélancolie
A Domingo Bolivar
Frère, toi qui possèdes la lumière, dis-moi la mienne.
Je suis comme un aveugle. Je vais sans but et je marche à tâtons.
Je vais sous les tempêtes et les orages
Aveugle de rêve et fou d’harmonie..
Voilà mon mal, Rêver. La poésie
Est la camisole ferrée aux mille pointes sanguinaires
Que je porte en mon âme. Les épines sanglantes
Laissent tomber les gouttes de ma mélancolie.
Ainsi je vais, aveugle et fou, par ce monde amer ;
Parfois le chemin me semble interminable,
Et parfois si court…
Et dans ce vacillement entre courage et agonie,
Je porte le fardeau de peines que je supporte à peine.
N’entends-tu pas tomber mes gouttes de mélancolie. ?
Rubén Darío, Azul, suivi d’un choix de textes, traduction de Jean-Luc Lacarrière, préface de Philippe Ollé-Laprune, José Corti, 2012, p. 249 (attention le livre n’est pas bilingue)
Melancolía
Hermano, tú que tienes la luz, dime la mía.
Soy como un ciego. Voy sin rumbo y ando a tientas.
Voy bajo tempestades y tormentas,1
ciego de ensueño y loco de armonía.
Ese es mi mal. Soñar. La poesía
es la camisa férrea de mil puntas cruentas2
que llevo sobre el alma. Las espinas sangrientas
dejan caer las gotas de mi melancolía.
Y así voy, ciego y loco, por este mundo amargo;
a veces me parece que el camino es m uy largo,
y a veces que es muy corto...
Y en este titubeo de aliento y agonía,
cargo lleno de penas lo que apenas soporto.
¿No oyes caer las gotas de mi melancolía?
(source)
|○|
XIV
Le sonnet de treize vers
D’une juvénile innocence
Que conserver sinon le subtil
Parfum, essence de son Avril,
La plus merveilleuse essence !
Pour lamenter ma conscience
Dans un ivoire sonore s’est figé
un conte des Mille et
Une nuit de mon existence
Shéhérazade s’est assoupie…
Le Vizir est reste pensif….
Dinarzade a oublié le jour
Or l’oiseau bleu est revenu….
Mais…
Néanmoins
A la condition…
Que
Rubén Darío, Azul, suivi d’un choix de textes, traduction de Jean-Luc Lacarrière, préface de Philippe Ollé-Laprune, José Corti, 2012, p. 236 (attention le livre n’est pas bilingue)
El Soneto De Trece Versos
¡De una juvenil inocencia
qué conservar sino el sutil
perfume, esencia de su Abril,
la más maravillosa esencia!
Por lamentar a mi conciencia
quedó de un sonoro marfil
un cuento que fue de las Mil
y Una Noches de mi existencia…
Scherezada se entredurmió…
El Visir quedó meditando…
Dinarzarda el día olvidó…
Mas el pájaro azul volvió…
Pero... No obstante... Siempre... Cuando…
(source)
Bio-bibliographie de Rubén Darío