Article un peu à part aujourd’hui puisque c’est un invité qui va écrire. Une petite surprise que j’espère avoir l’occasion de renouveler avec d’autres blogueurs de choix ! Nous accueillons donc Mr Lichi du blog PixAgain pour parler du DTV The Ministers … et le pauvre a souffert apparemment !
Tout commence un jour ordinaire lorsque un policier, Alberto Santana, est abattu sous les yeux de sa femme, de sa fille Céleste, et de Joe, son coéquipier. On retrouve treize ans plus tard Céleste et Joe travaillant tous deux à la police, tout en comprenant que le meurtre a été perpétré par un groupuscule se faisant appeler The Ministers. De nouveaux homicides portent à croire qu’ils ont repris de l’activité, et les deux policiers sont vite chargés de l’enquête…
The Ministers est typiquement le genre de films n’ayant rien de transcendant à proposer (preuve en est le pitch vu et revu), et qui va ainsi jouer sur la présence à l’écran des têtes d’affiches que sont Harvey Keitel et John Leguizamo. Mais au final, on ne peut être qu’attristé de voir ces deux acteurs de talent accepter des projets de cinéastes dont les travaux frôlent l’amateurisme. Une photographie jaunâtre, une musique faussement hip-hop et une réalisation (in)volontairement cheap ne suffisent pas à faire un thriller qui se veut immersif dans le milieu latino pauvre et urbain de New-York.
Le film se trouve être un de ces nombreux DTV sans grande ambition, à la réalisation et à l’ambition fainéantes. Cela aurait pu être acceptable si l’ensemble était un minimum intéressant, mais ici le réalisateur se contente de ne faire que le strict minimum sans chercher à apporter une réelle valeur ajoutée à son récit, qui se contente d’être banal, voir mauvais. Il en va de même pour les acteurs : sans bonne direction, ils partent en roue libre, notamment Harvey Keitel qui ne démontre absolument pas tout le talent qu’il possède et déçoit en s’avérant fade dans son rôle de flic cachant un soi-disant lourd secret. Il n’y a que John Leguizamo qui sort à peu près son épingle du jeu, même s’il prête ses traits à deux jumeaux ridiculement différenciés par un visage à moitié brûlé sur l’un d’eux.
Reyes prend le parti de révéler l’identité des tueurs dès le début, ce qui aurait pu être intéressant s’il y avait un tant soit peu de rythme dans ce thriller. Il se contente en effet d’enchaîner des scènes sans réelle cohérence, les liens logiques semblant ne pas exister dans sa vision du cinéma. Le récit entier tient d’ailleurs sur un prétexte pas vraiment original, qui aurait pu aboutir à quelque chose, mais se révèle tout simplement bidon.
Et c’est ainsi que le film avance, de faux espoirs en faux espoirs, ponctués de montages et transitions horribles où les scènes sont soit coupées en plein milieu pour passer à autre chose, soit passées en slow-motion, soit les deux à la fois, ce qui n’aboutit qu’à une perte totale d’une quelconque émotion. S’ajoutent à cela des flashbacks qui, en plus de ne faire que ralentir le récit, sont reconnaissables à leur mauvais goût esthétique : on y retrouve encore par moments une slow-motion ridicule, avec en prime une « photographie » aux couleurs saturées.
Le scénario, pauvre de base, est vainement tenté d’être enrichi, mais les événements ne fonctionnent que sur des coïncidences inexpliquées. Les relations entre les personnages sont à un moment entremêlées, on ressent une tentative d’enrichissement du récit, mais le tout reste beaucoup trop simpliste pour être plaisant. La double volonté de vengeance entre deux personnages aurait mérité une plus grande attention, plutôt qu’un simple traitement uniforme. Comme illustration de l’aspect amateur du réalisateur, il y a aussi l’incrustation d’une dimension religieuse dans les motivations des meurtriers, mais dire que celle-ci est survolée serait une louange tant elle n’est pas fouillée, ni même justifiée.
Un bon point à sauver tout de même, un retournement de situation qui arrive vers la fin du film, et qui, même s’il est assez maladroit et verse beaucoup trop dans le dramatique, est plutôt inattendu et intéressant, et sauve le film du néant en osant enfin quelque chose scénaristiquement.
Du côté des bonus, il n’y a strictement rien à se mettre sous la dent, si ce n’est le trailer américain. Même si le film n’en vaut pas la chandelle, quelques suppléments n’auraient pas été de refus, par simple curiosité.