Parfois, l'angoisse est telle qu'elle te dépasse. Que tu es prêt à tout pour faire disparaitre cette aigreur dans ta bouche, ce poids qui pèse sur toi toute la journée. Et la nuit aussi. Prêt à tout pour te soulager.
Dans Take Shelter, Jeff Nichols propose de pénétrer dans la sphère intime d'une famille américaine dont le père va peu à peu développer une obsession visant à mettre à l'abri ceux qu'il aime d'une menace qui l'obsède et hante ses pensées diurnes et nocturnes, la menace d'une effroyable tempête. Le repli sur soi comme solution aux angoisses qui nous assaillent de toutes parts? Jeff Nichols ne propose pas de vision tranchée des choses, il n'y a pas de morale derrière le film comme en témoigne la scène finale, le réalisateur ayant pris le parti de laisser toujours très floue la limite entre réel et imaginaire.
Un beau moment de cinéma, très intense à travers lequel j'ai eu l'impression de découvrir un GRAND réalisateur.
Ce film m'a évoqué une chanson de Piers Faccini (ah oui, on peut le dire, ça fait bien (TROP) longtemps que je n'avais pas relayé ici un titre de ce cher Piers (aka Piers-Will-You-Marry-Me-Faccini)(non ça va je suis toujours contre le mariage)(c'est pour la blague)(pas drôle je sais)(mais enfin).
Je te glisse donc une partie du texte pour que tu apprécies le parallèle...Et remarques-tu qu'il est aussi question d'une terrifiante tempête, métaphore d'une angoisse beaucoup plus personnelle? Black crows circling up aboveCrying out, “do you hear that sound?”
I never thought it’d come to this
Paradise raised to the ground
Sometimes I don’t sleep at night
I hear the wind in the moaning trees
I wonder how my child will fare-
With wars and bombs and thieves?
The thunder has begun
Some are blind but choose to see
Lies into the truth say we
Some put their trust in faith
Some say, “I don’t believe.”
Each man unto himself
There’s a night and then a raging sea
With a boat to anchor or sail
Of the two, which will it be?
Et puis j'ai aussi dernièrement revu Biutiful, le dernier film (2010) d'Alejandro Gonzalez Innaritu avec l'époustouflant Javier Barden (qui a d'ailleurs reçu le prix d'interprétation masculine à Cannes pour ce magnifique rôle) (je te conseille si tu ne les as pas déjà vus tous les longs métrages de ce réalisateur qui est à mon sens un des plus doués de notre génération). Le film est d'une sublime noirceur et je me suis souvenue que sa bande-annonce faisait référence à l'image de la tempête. Je ne résiste pas à te la glisser ici parce que vraiment, tout se recoupe étrangement tu verras. Et que ce montage est aussi une excellente façon de t'inciter à visionner Biutiful au plus vite. Il le mérite.
"Parfois le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse. Tu changes de direction mais la tempête te suit. Tu te retournes, la tempête aussi. C'est sans fin. Comme une danse macabre avec la mort. Juste avant l'aube. Cette tempête n'est pas venue d'ailleurs, sans rapport avec toi. Cette tempête, c'est toi. Quelquechose en toi. La seule chose que tu puisses faire c'est la traverser. Mais ne t'y trompe pas. Elle tranchera dans ta chair comme mille lames de rasoirs. Des gens saigneront. Ce sang tombera dans tes mains. Ton sang, et celui des autres. Une fois la tempête passée, tu te demanderas comment tu lui as survécu. Mais une chose est certaine : une fois que tu l'auras traversée, ta vie ne sera plus la même : Elle sera belle"
(non tu ne rêves pas j'ai pris la peine de recopier tout le texte de la bande annonce rien que pour toi, voilà)
Quand je dois faire face à une petite baisse de régime j'aime me plonger dans des histoires poignantes, dans la détresse d'autres, plus profonde. Elle me permet de relativiser mon cas et m'aide à aller à nouveau de l'avant. Ces deux films-ci y ont contribué. Je ne saurais que trop de conseiller de m'imiter :)
(même si tu es en pleine forme. Tu as le droit)(Ahah)