Le fleuve Niger est traversé mais la ville n'est pas de l'autre côté.
Pas tout de suite là, éloignée de plusieurs kilomètres, dans les terres, au plus près du désert.
Lors de ma deuxième visite, je devais loger chez des amis rencontrés précédemment. Alors nous nous étions mis d'accord par mail quelque temps auparavant. Pas précisément.
L'arrivée, le jour, l'heure, ces informations n'avaient pas été données.
Une fois de l'autre côté du fleuve, j'ai ouvert la fenêtre du 4x4, parlé à un type, un inconnu, il savait que je venais, qui était El Hadje et comment me rendre chez lui.
J'avais compté sur une telle rencontre, j'avais tout misé sur le hasard, pas sur internet, un choix raisonnable, il s'est avéré.
Il savait un peu de tout ça et de manière floue.
Mais nous avons fini par trouver la maison. On était logé gratuitement. C'est-à-dire qu'au bout de quelques jours on a payé la facture d'électricité, les arriérés sinon le courant était coupé.
Le matin, c'était boue verte. Peut-être a-t-on trouvé de la confiture, en tout cas on partageait le pain, eux pour leur soupe peu ragoûtante, nous autrement. Mais le petit-déjeuner était pris en commun.
Puis, on se baladait.
Il y avait le marché où acheter des fruits, des matchs de foot, quelques discussions, le repos entre midi et deux, à 18h le pain qui sort des fours disséminés dans la ville, dômes de sables, plus tard les brochettes de chèvre, grillées, dégustées dans l'obscurité d'un boui-boui, une bière.
On projetait une promenade dans le désert, on y dormait, chez une Touareg maussade, jolie femme émancipée.
Comme monument on pouvait voir celui dédié à la paix, des armes déposées pour marquer la fin du (d'un) conflit armé avec les Touaregs.
Les longues silhouettes bleues parcouraient Tombouctou en petits groupes, halte, on me disait qu'ils faisaient commerce de sel, j'avais peine à croire qu'on puisse vivre au 21ème siècle du transport de sel d'un point à l'autre du désert. On les connaissait aussi pour leurs bijoux, conçus dans un argent affreusement léger.
On portait la même coiffe qu'eux, coquetterie sauf en cas de tempête de sable où le foulard entortillé autour de la tête servait bien.
On leur ressemblait. Mais ils bouffaient pas bien. Le sel...