Depuis début 2005, le Cameroun fait face à un afflux de ressortissants centrafricains qui s’est intensifié dans le courant de l’année 2006. Il a été constaté depuis le dernier recensement, que ces réfugiés centrafricains, composés principalement de pasteurs Mbororos continuent à affluer dans les provinces camerounaises de l’Est et de l’Adamaoua, frontalières avec la République Centrafricaine. Le bureau de l’UNHCR a effectué en octobre 2007, une opération d’enregistrement des réfugiés dans ces deux provinces qui a établi le nombre de réfugiés à 45.192 individus disséminés sur plusieurs milliers de kilomètres carré, soit une augmentation de 50% depuis l’approbation de l’opération d’urgence d’assistance alimentaire (EMOP) de mars à août 2007. La présence massive de cette population sur le territoire camerounais (provinces de l’Est et de l’Adamaoua) résulte du climat d’insécurité qui prévaut toujours dans le Nord et l’Ouest de la République Centrafricaine.
Aujourd’hui, la charge assumée par la population et les infrastructures locales atteint ses limites comme pour les 36 centres de santé et de nutrition thérapeutique locaux qui ont un besoin urgent de réhabilitation. Les indicateurs d'eau, d'assainissement et de santé atteignent des niveaux d'alerte, que ce soit pour les réfugiés comme pour les populations hôtes et principalement les femmes et les enfants.
Début février 2008, Première Urgence a mis en place une opération d’aide d’urgence pour répondre aux besoins des réfugiés Tchadiens à Kousseri, au nord du Cameroun. En parallèle, nous avons mené, du 21 au 24 février 2007, conjointement avec l’UNICEF, l’UNHCR et le Département de la Promotion à la Santé (DPS), une évaluation des besoins humanitaires des réfugiés Centrafricains et des populations hôtes, dans les Provinces de l’est et de l’Adamaoua.
Première Urgence, dont le mandat est de répondre aux situations d’urgence comme aux crises oubliées, a donc décidé d’intervenir auprès de ces populations vulnérables.
A l’origine de cet afflux de populations, des groupes de bandits, mercenaires tchadiens Zaraguinas démobilisés après le coup d’état du 15 mars 2003, bien armés, auxquels se seraient ajoutés des groupes locaux recrutés parmi les agriculteurs Gbayas qui n’arrivaient plus à vivre des produits de leurs récoltes. Il semble aussi que des groupes paramilitaires fidèles à l’ancien Président Centrafricain aient grossi les rangs de ces bandes armées avec pour objectif de harceler et déstabiliser les troupes gouvernementales chargées d’assurer la sécurité dans la zone.
Au vu de la situation, et conformément à la loi N° 2005/06 du 27 juillet 2005 portant statut des réfugiés au Cameroun, le Gouvernement camerounais a accordé à ces demandeurs d’asile, le statut de réfugié sur une base prima facie suivant la convention de l’OUA de 1969 (fuite du fait d’événements troublant gravement l’ordre public dans le nord ouest de la RCA).