Magazine Cinéma
Sound of Noise, revendication sonore et concept filmique inédit, mixe intrigue policière, suspense amoureux et plages musicales inventives. L’idée de base- tirée d’un court métrage des réalisateurs intitulé Music for One Apartment and Six Drummers- est absolument géniale : la rébellion sociale à travers la musique. La bande de malfrats musiciens opte donc pour l’anarchie musicale, le choix audacieux de foutre- symboliquement- le désordre dans toutes les institutions suédoises (banques, hôpitaux). La musique comme arme, avec réinvention du son et formidables parenthèses comiques à l’appui. Afin de bien faire passer leur message de liberté, ils utilisent ville, objets quotidiens, et corps, comme instruments de musique, l’occasion pour Ola Simonsson et Johannes Stjarne Nilsson (graphistes et musiciens) de livrer des séquences toutes aussi ludiques que jouissives qui ne laissent aucune place à la morosité.
Le message, en filigrane, est presque politique. Le résultat, lui, ne se prend pas la tête pour un sou, transformant une œuvre à la rage latente (de vivre, de s’exprimer) en agréable feel good movie, original et sympathique. Là où Sound of Noise trouve cependant ses limites, c’est dans le systématisme imposé par le concept lui-même, en quatre temps et quatre chapitres. Une fois le rythme intégré, il ne parvient plus vraiment à surprendre, piégé par sa propre partition. En parallèle, et passée l’amusante découverte du départ, le film a bien du mal à gérer tout ce qui gravite autour de l’excellente idée de base : seconds rôles, histoire d’amour, enquête de police. Tout est expédié et laissé en l’état, esquissé, siffloté, jamais étreint avec la profondeur qui aurait élevé la jolie ballade proposée en symphonie grandiose.