Août 1998. Nola a dix-huit ans et vient de perdre son père. Avec sa mère, Mira, elle emménage dans un vieil immeuble au cœur de Paris. Mais la tristesse de Mira prend peu à peu une forme étrange : le frottement d'un tissu, une goutte d'eau tombant au sol, sonnent à ses oreilles comme un hurlement. Elle se coupe alors du bruit de la vie, du raffut des vivants. Nola se bat pour deux et découvre rapidement que les non-dits du passé sont lourds de conséquences...
Sortit le 4 avril 2012 au éditions J'ai Lu. 318 pages. 7,80 €
Mon avis :
Suite au décès de Jacques, le père de famille, Nola, jeune fille de 18 ans et sa mère, Mira, emménagent dans un immeuble loin des beaux quartiers auxquels elles sont habituées.
Alors que sa mère s'enferme dans l'appartement, aussi appelé « l'alvéole », et se coupe du monde à cause de sa soudaine hyperacousie, Nola trouve un emploi de serveuse dans un bar du quartier.
La situation de sa génitrice ne faisant qu'empirer, la jeune fille est contrainte de la faire interner dans un hôpital psychiatrique.
Nola se retrouve alors totalement seule. Malgré tout, elle continue d'essayer de mener une vie normale, pas à pas. Au fil de ses rencontres avec les habitués du bar et les habitants de l'immeuble, Nola tente de se reconstruire et de surmonter son deuil.
Ce récit est plutôt troublant. La narratrice, Nola, s'adresse à son père par le biais d'une lettre ouverte. Ce procédé permet à l'auteur d'utiliser le tutoiement. Ainsi, elle nous interpelle et nous invective tout au long de l'histoire. Le lecteur est alors pris à partie et ressent toute la colère de Nola envers ce père décédé trop tôt et dans des conditions terribles.
Le style est différent selon les moments de l'histoire. Lorsque Nola et Mira se rappellent des souvenirs, l'ambiance est mélancolique parfois joyeuse. Les descriptions se font plus précises ; comme lorsque l'on essaye de se rappeler tous les détails d'un beau moment. Mais lorsque Nola s'adresse à nous, lorsque l'on revient dans le présent, le discours est plus violent. Les phrases sont hachées, parfois non finies ou répétées ; comme prononcées sous l'emprise de la colère.
Les personnalités de Mira et Nola sont très approfondies. Le roman parle de leurs émotions face à la mort subite d'un proche, mais aussi de l'importance de l'Histoire familiale. On voit évoluer le personnage de Nola en fonction de ses rencontres. Ainsi, d'autres protagonistes participent au récit et racontent leurs propres mésaventures. Se nourrissant de chaque expérience, la jeune femme va se reconstruire tout au long du récit. Quant à Mira, sa fille va lutter pour la ramener dans le présent et la délivrer de sa torpeur. Un moyen d'évoquer les interactions mères-fille et leur relation souvent complexe.
Ce livre est une boule d'émotions entremêlées. On oscille entre haine, colère, joie, tristesse abattement et déception au fil des pages. Le style particulier de l'auteur et le choix du tutoiement nous impliquent directement dans l'histoire et nous font ressentir toutes ces émotions avec une intensité accrue.
Pour conclure :
« L'effet Larsen » ne fait pas partie, à première vue, de mes lectures fétiches, souvent cantonnées au polar ou au roman d'horreur.
Lorsque j'ai lu la quatrième de couverture de ce livre, une phrase, « les non-dits du passé sont lourds de conséquences... », a attiré mon attention et fait vibrer ma corde sensible : la curiosité. Certes il ne s'agit pas de découvrir qui est l'ignoble monstre qui massacre des enfants, mais ce livre possède bel et bien une intrigue plus subtile : mais qu'est-ce qui peut bien mettre Mira dans cet état ?
C'est ainsi que je suis partie en quête de vérité et de bonheur avec ces deux femmes qui bien que liées par le sang ne savent plus comment se parler.
Je ne suis pas déçue d'avoir choisi ce roman, car il y avait longtemps que je n'avais pas été submergée par autant d'émotions à la lecture d'une œuvre. Tant de haine, de solitude, de tristesse, mais aussi de bonheur et d'amour m'ont fait verser quelques larmes et cela plus d'une fois.
Je vous souhaite une très bonne lecture !
écrit par Jess