Bien qu'ayant perdu son travail, Michel vit heureux avec Marie-Claire. Ces deux-là s'aiment depuis trente ans...Ils sont fiers de leurs combats syndicaux et politiques...Ce bonheur va voler en éclats avec leur porte-fenêtre devant deux hommes armés et masqués.
"Les neiges du Kilimandjaro" de Robert Guédiguian
Avec : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan Sortie le 04 avril 2012 Distribué par Diaphana Durée : 102 minutes Nombre de : 1 Film classé : Tous publics Le film : Les bonus : |
De Victor Hugo à Pascal Danel, il n’y a qu’un film que Robert Guédiguian réalise sans sourciller. A Marseille, dans le quartier de l’Estaque, le cinéaste coule des jours heureux.
C’est simplement l’heure du bilan et de ces années passées, depuis le mariage de Marie-Claire et Michel dont on fête aujourd’hui les noces de perle. Marie-Claire qui rêvait du Kilimandjaro, le reçoit en cadeau. Michel est aux anges, et malgré un récent licenciement, le délégué syndical demeure gaillard pour l’amitié et les coups de main. Jean-Pierre Darroussin , comme on l’aime.
Jusque là tout va bien. Ou presque. Juste un grain de sable jeté par deux braqueurs et c’est l’argent de la fête qui disparaît. Ligotés, tabassés, on leur extorque leurs cartes de crédit. Le moral en prend coup. La sœur de Marie-Claire ne supporte pas l’intrusion. Elle déprime. Son mari (l’indéfectible Gérard Meylan) demande vengeance alors que Michel découvre l’un des responsables : un jeune, licencié en même temps que lui. Il le livre à la police.
L’affaire est entendue, mais le couple ne s’en lave pas les mains. Un commissaire de police leur dit « la victime n’est-elle pas parfois un peu coupable ? ».
La réflexion lancée au hasard, lance véritablement le film. Elle les conduit à refaire, chacun de leur côté, le chemin à l’envers, pour tenter d’y dénicher une part d’ombre, un zeste de maladresse, toujours portés par ce sentiment de culpabilité et cette possible mauvaise conscience. Celle des « pauvres gens » que Robert Guédiguian emprunte au poème de Victor Hugo pour forger l’esprit social et solidaire qui l’a toujours animé.
30 ans de mariage, des noces de perle
C’est toujours vrai dans ce nouveau film qui engrange des thèmes surannés comme la tolérance et l’amitié, le bonheur et le pardon. Quand Marie-Claire, toujours aussi bien jouée par Ariane Ascaride, tente de sortir la tête hors de l’eau et s’acoquine avec un ou deux petits verres, la scène qui l’introduit avec le barman est d’une savoureuse élégance. On y apprend le cocktail du chagrin d’amour, et la recette du bonheur. Une bulle légère dans un océan qui déborde du trop-plein de ses bassesses, que Guédiguian balance d’un revers de manche. Il croit encore et toujours en l’homme. Il le dit, et chez lui son rêve devient réalité.
LE BONUS
De la famille et d’un amour immodéré ( 66 mn )
Ou toute la filmographie du réalisateur, depuis son premier film « Dernier été » à » Le promeneur du champ de Mars », le documentaire en question n’ayant pas été tourné spécifiquement pour ce film, dont il n’est jamais ici question. C’est le seul regret que j’apporterai sur ce bonus ,excellent portrait d’un cinéaste qui se raconte , et que l’on découvre aussi à travers le témoignage de ses amis de l’Estaque, les Darroussin, Ascaride et autre Gérard Meylan. Ce dernier raconte que » Robert est très peu dirigiste pour les acteurs, mais intransigeant sur le sens du mot ».
Sa compagne évoque très justement son point de vue sur les femmes » à qui il rend hommage dans tous ses films, et qu’il respecte énormément, la femme étant pour lui soit la mère, soit la pute ». Après avoir évoqué ses rapports avec Brecht et Pasolini, un critique évoque aussi le thème de la mort chez Guédiguian » pour que la communauté survive, quelqu’un doit se sacrifier ».
Ken Loach est aussi un fervent supporter du cinéaste marseillais , il le fait savoir , avant de quitter le réalisateur au coeur de sa maison de production Agat Films, réunissant un collectif de cinéastes et de producteurs. L’esprit communiste de son adolescence n’est pas mort.
En bref
Le film
C’est un film extrêmement optimiste, et sur le final quasiment angélique, alors que les thèmes abordés sont ceux d’un questionnement autour du bilan d’une vie. Comment en sommes nous arrivés là, demande un personnage, une fois le braquage terminé? La question aurait pu être « Pourquoi l’ont-ils fait ? ». Ainsi, le film ne cesse de retourner les sujets et c’est ce qui en fait tout son sel.
Les bonus
Cet excellent documentaire n'a pas été réalisé spécifiquement pour ce dvd ( il n'est jamais question du film); il demeure cependant une très belle pièce à mettre à l'actif d'un réalisateur que l'on découvre par le menu, grâce à ses amis , dont Ken Loach , un fervent partisan .