Quand écologie et élection présidentielle tentent une cohabitation

Le Magazine Quelle Santé a étudié à la loupe les programmes des candidats à l’élection présidentielle. A côté des grands classiques comme les logements sociaux ou la dette publique, l’écologie s’invite. Mais quelles places prennent le bio, les énergies renouvelables ou le nucléaire dans ces campagnes ?

Nicolas Sarkozy, pro-nucléaire

Le Président Candidat l’affirmait haut et fort en octobre dernier à l’occasion du 4ème anniversaire du Grenelle: « l’écologie, c’est tellement important que cela ne peut être le monopole d’un parti ! ». Quelques mois plus tard, la tête de liste des candidats pro-nucléaires tient au sujet des énergies renouvelables un discours plutôt convenu : « L’écologie, c’est tellement important que cela ne peut être le monopole d’un parti. […] La France doit faire partie des leaders mondiaux des équipements industriels liés aux énergies renouvelables.. […]. Nous voulons continuer à faire profiter les Français et nos entreprises d’une énergie sûre et à coûts réduits ? Nous souhaitons donc confirmer le choix du nucléaire». Comme ça, c’est dit.

L’agriculture bio ? Le porté disparu du programme UMP ! Juste quelques références à une agriculture locale et de qualité : « nous souhaitons réaffirmer l’indépendance et la sécurité alimentaires de la France et de l’Europe alors que les produits agricoles ne sont pas des biens comme les autres. Nous voulons également faire le choix de la qualité ».

François Hollande, pro-nucléaire

Comme son principal adversaire Nicolas Sarkozy, François Hollande prend le parti du nucléaire. A une différence près : François Hollande souhaite diversifier nos sources énergétiques : « … en 2025, la part de production d’électricité d’origine nucléaire devrait passer de 75 à 50% ».

Pour le reste, le candidat PS se démarque de son adversaire UMP et consacre une large place à l’écologie dans son programme : « Je veux faire de la France la nation de l’excellence environnementale » a-t-il déclaré. On trouve ainsi dans ses engagements de campagne, la réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique et les économies dégagées grâce à une fiscalité écologique car, selon François Hollande, inciter à une consommation responsable permettra d’éviter la précarité énergétique à 8 millions de Français. Il lancera également « un vaste plan qui permettra à 1 million de logements par an de bénéficier d’une isolation thermique de qualité » (créant ainsi des dizaines de milliers d’emplois, et générant grâce aux économies réalisées une augmentation du pouvoir d’achat des ménages).

François Hollande prévoit aussi un budget qu’il juge ambitieux pour l’avenir de l’agriculture : « J’encouragerai la promotion de nouveaux modèles de production et de l’agriculture biologique et donnerai aux producteurs les moyens de s’organiser pour rééquilibrer les rapports de force au sein des filières face à la grande distribution ». Enfin, est également prévu un doublement du plafond du LDD (Livret Développement Durable), qui passerait ainsi de 6 000 à 12 000 €.

Marine Le Pen, pro-nucléaire

Dans le programme du parti de la famille Le Pen, c’est tout un chapitre qui est consacré à l’écologie.

Tout d’abord, la préservation de la faune, de la flore et des paysages. Car ceux-ci constituent « un objectif au cœur de la vision de l’homme que nous défendons, c’est-à-dire un homme vivant en harmonie avec son environnement, et maîtrisant les conséquences de son action sur la planète […] et tenant compte de la souffrance animale ». Concrètement, le FN propose :

• La relocalisation sur le territoire national des forces de production des entreprises dans le cadre de la politique de ré-industrialisation de la France, permettant une production au près des systèmes de distribution et des consommateurs. Associée à une valorisation forte du « achetons Français », elle engendrera une baisse considérable des émissions de gaz à effet de serre, via une drastique réduction des circuits de transport au niveau international.

• Favoriser l’innovation écologique des PME dans le cadre de a réorganisation de la production agricole et industrielle. Un suivi par les services de l’Etat, qui veillera au respect scrupuleux des obligations légales en matière de contraintes environnementales est ainsi prévu.

• Préserver aussi bien la condition animale que les paysages : interdiction de l’abattage des animaux destinés à la consommation sans étourdissement préalable, programmes de lutte contre l’abandon d’animaux de compagnie avec un soutien accru aux associations engagées dans ce combat.

• Enfin, vis-à-vis du nucléaire, Marine Le Pen est plus que claire : « il n’y a aucune autre alternative crédible au nucléaire. Il faut cesser de se raconter des histoires. […] Les énergies renouvelables pour l’instant, c’est du bricolage ».

Jean-Luc Mélenchon, neutre face au nucléaire

1er candidat pour qui l’écologie n’est pas un vain mot. Et ses propositions sont nombreuses :

• « face à la tyrannie du productivisme, nous proposons la planification écologique comme moyen de redéfinir nos modes de production, de consommation et d’échange en fonction de l’intérêt général de l’humanité et de l’impact de l’activité économique sur l’écosystème. […] Elle permettra de préciser les orientations et les investissements publics nécessaires pour enclencher une transition écologique et promouvoir un développement humain ».

• Pour l’énergie, l’organisation d’un referendum qui devrait permettre « la remise à plat des choix énergétiques et du nucléaire et préparer le remplacement des énergies fossiles ». Gratuité des transports publics de proximité, transport en commun accessibles à tous, … sont aussi au programme.

• Pour l’agriculture, « faire de l’agriculture française un modèle d’agriculture de qualité, sans OGM, largement autonome en ressources non renouvelables, relocalisée, participant à la santé publique et contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique ».

Eva Joly, anti-nucléaire

Un candidat plus vert que vert ! Selon la candidate EELV, « l’écologie est la solution ! » et ses propositions sont non seulement nombreuses mais aussi chiffrées ou planifiées :

• Sortir du nucléaire sur 20 ans
• -30% de gaz à effet de serre d’ici à 2020
• Rénover un million de logements en « logements basse consommation »
• Investir 4 milliards d’Euros par an dans les transports alternatifs (aux camions et aux voitures)
• Consacrer 1% du budget santé à la politique de prévention
• Inciter les collectivités à convertir au moins 20% de leurs surfaces agricoles utiles à l’agriculture biologique d’ici à 2012.
• Le tripe Zéro : Zéro OGM, Zéro gaz de schiste, Zéro autoroute supplémentaire.

Elle aussi propose un « plan national d’éducation à la préservation de la nature ».

François Bayrou, …aucune position annoncée sur le nucléaire

L’écologie est persona non grata dans la campagne de François Bayrou. Le candidat du Modem propose juste de « redorer l’image des produits français » mais il n’est nullement abordé les questions du bio ou de l’éco-conception. Que dire d’autre ? Ben, … rien !

Source : Quelle Santé, n° 70