Vue d'exposition, Making room, Musée de Tel Aviv
Une petite exposition de photographes israéliens contemporains au Musée de Tel Aviv (jusqu'au 31 juillet) met l'accent sur l'espace, ce qui ne veut pas dire grand chose, mais avec une forte connotation militaire pour la majorité des trente photographies présentées, commençant avec une scène de l'expédition de Suez en 1956 du photo-reporter Micha Bar-Am, mais passant ensuite à des compositions, sinon entièrement fictionnelles, en tout cas remodelées. Dans la vue d'exposition ci-dessus, on a, de gauche à droite, une composition avec soldats de plomb de Miki Kratsman (Combat, 2008), une ligne de soldats dans le désert passant devant un campement bédouin sans âme qui vive cependant que des oiseaux volent en formation au-dessus d'eux (Aviv Naveh, Journey, 2005), puis une image 3D d'un soldat endormi près d'un feu de camp, ainsi transformé en icone (Yigal Feliks, The Sleep of the Warrior, 2009) : trois jeux de représentation, trois prises de distance visuelle et aussi politique (Kratsman est un des fondateurs de Breaking the Silence), trois manières de questionner les codes militaristes en vigueur.
Aviram Valdman, ST, 2010
Du même ordre est ce caisson lumineux d'Aviram Waldman (ST, 2010), qui fait autant penser à une publicité qu'à Jeff Wall, où les cibles semblent sorties de Jasper Johns et le sommet neigeux plus évocateur de la paisible Suisse que d'un pays belliqueux. On trouve aussi des maquettes de chars (Assaf Evron), une photographie floue titrée "d'après Mordechai Vanunu" (l'homme qui révéla le programme atomique israélien et fut kidnappé à Londres, puis emprisonné au secret pendant près de vingt ans) évoquant les installations nucléaires secrètes de Dimona (par Nir Evron) et des photographies de Deganit Berest dans lesquelles l'image se décompose : la réalité s'échappe.
Boaz Aharonovitch, Explosions, 2008
Les Explosions de Boaz Aharonovitch (2008) en éloignent encore plus, tant est grande leur beauté formelle, abstraite, tant sont invisibles leurs effets. C'est sans doute là le thème principal de cette petite exposition, l'écart entre la photographie et le réel.
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