Je n'avais jamais vu ce film. C'est bien, en un sens, d'avoir encore de grands monuments du cinéma à découvrir. Donc lundi soir, j'ai profité de ce qu'Arte le diffusait pour combler cette lacune dans ma culture cinématographique. Malheureusement, j'ai un peu joué de malchance : mon décodeur TNT est capricieux, et sur le réseau hertzien le film était en VO non sous-titrée. Or si je lis l'anglais assez aisément, c'est beaucoup plus difficile pour moi de le comprendre à l'oral, et de ce fait je n'ai pas tout à fait tout saisi tout ce qui se passait. Ceci dit, je me suis du coup concentrée sur d'autres éléments...
Thomas Crown, riche homme d'affaire, s'ennuie. Ni le golf, ni ses accrobaties en planeur ne le satisfont. Il est malheureux, car sa vie manque de mouvement. Aussi il s'attèle à l'organisation d'un braquage de banque particulièrement minutieux, qui laisse la police perplexe. Mais la compagnie d'assurance envoie pour enquêter la délicieuse et perspicace Vicky Anderson...
Evidemment, je me suis donc plus attachée aux aspects esthétiques qu'à l'histoire en elle-même, et il y a beaucoup à dire. Tout d'abord, j'ai été particulièrement séduite par l'utilisation du split screen, qui permet de montrer plusieurs images en même temps ; s'il ne surprend plus guère (encore qu'on le voit de moins en moins ailleurs que chez Tarantino), c'était une innovation à l'époque car Norman Jewison est le premier, dans ce film, à l'utiliser, et je trouve qu'il correspond plutôt bien à l'ambiance du film. Mais surtout, il y a les acteurs. Steve MacQueen évidemment, qui disait que c'était de toute sa filmographie son rôle préféré. On a juste envie de lui sauter dessus et de lui arracher sauvagement sa chemise (il faut dire que sans chemise, il est particulièrement intéressant, mais avec également, du reste, tant il porte bien le costume). Charismatique, charmeur et sûr de son charme, séduisant et séducteur, il est l'incarnation du mâle à l'état pur. Quant à Faye Dunaway, elle est également parfaite : belle, lumineuse, drôle, excentrique, j'ai bavé sur toutes ses tenues, composées de robes courtes aux couleurs pastels, ultra-accessoirisées notamment d'immenses chapeaux et de lunettes de soleil géantes : la classe incarnée ! Et enfin, la musique magistrale de Michel Legrand, The windmills of your mind, comme une ritournelle obsédante, colle parfaitement au film (bon, j'avoue moi elle me donne envie de pleurer).
Si je devais donner deux raisons seulement pour voir ce film, je citerais les deux scènes mythiques. Qui ont ceci d'avantageux que ce sont deux scènes silencieuses. La première est la très chaude (et métaphorique) partie d'échec : il ne se passe rien d'inconvenant, au final, et pourtant la tension érotique est à son comble. Une grande leçon d'allumage de la part de Vicky. Et puis évidemment, après avoir joué aux échecs, jouons donc à un autre jeu, propose Thomas ("Do you play something else ?") et nous avons la si célèbre scène du baiser, dont on dit souvent que c'est la plus longue de l'histoire du cinéma mais d'après mes recherches cela n'a jamais été le cas puisqu'on a une scène de baiser de plus de 3 minutes dans un film de 1941, You're in the army now. Bon, ceci dit, suite à la scène torride de la partie d'échec, 55 secondes suffisent amplement à donner des vapeurs !
Bref, un film que j'ai vu avec beaucoup de plaisir et d'intérêt, même si je n'ai pas tout compris, et qu'il faudra donc que je revoie avec les sous-titres ! Et sinon, si certains ont vu le remake avec Pierce Brosnan (rien que d'écrire son nom j'ai des palpitations), est-ce que ça vaut le coup ?
The Thomas Crown Affair
Norman Jewison, 1968
Bande annonce L'Affaire Thomas Crown