Le Premier ministre reconnaît enfin (mieux vaut tard que jamais…) "une forme de déception, ou en tous cas une démobilisation d'une partie de l'électorat de la majorité", avant d'ajouter : "j'ai trouvé certains de nos électeurs parfois un peu silencieux. Ce n'est jamais bon signe". Si ce n'est pas une façon de préparer ses troupes à la défaite, ça y ressemble… Mieux, le chef de gouvernement sensé incarner la rupture, se réfère au passé pour justifier la piètre performance des candidats UMP : "ce qu'on sait, c'est qu'en France d'abord, depuis très longtemps, et dans tous les pays européens, après une élection nationale, quand vient une élection locale, elle est toujours difficile pour le pouvoir".
François Fillon justifie ensuite ce mauvais résultat et cette déception de l'électorat de droite par les réformes sarkoziennes… plus lentes que prévu à produire des résultats pourtant annoncés immédiats durant la campagne présidentielle : "parce que le pouvoir a engagé des réformes qui n'ont pas forcément encore donné des résultats, a pris des engagements qui ne sont pas encore forcément tenus parce qu'il faut du temps pour les tenir. Il y a donc forcément une sorte de déception, en tout cas une démobilisation d'une partie de l'électorat de la majorité qui pour telle ou telle raison estime qu'on n'est pas allés assez vite, ou qu'on n'est pas allés assez loin, ou qui est en désaccord avec telle décision qui a été prise". Bref, le Premier ministre reconnaît que le vote aux municipales a bien une composante nationale… contrairement à l'argumentaire UMP, y compris le 9 mars au soir.
En conséquence, François Fillon écarte tout remaniement et promet une accélération des réformes : "la leçon que je tire, c'est qu'il faut accélérer le rythme des réformes, montrer que tous les engagements qui ont été pris vont être tenus". Oui, mais dans le même temps, l'Elysée laisse filtrer que des ajustements au niveau de la composition du gouvernement "auront sûrement lieu avant le prochain conseil des ministres", et le très sarkoziste Roger Karoutchi assure que "quel que soit le résultat des municipales, il faut les faire, car c'est un plus pour les Français. Il y aura forcément de la part du président de la République, une écoute de ce qui se sera passé et qui se retrouvera forcément dans les débats et les textes", évoquant des "inflexions qu'il peut donner sur les textes de réformes qui viendront".
A prendre autant le contre-pied de Nicolas Sarkozy et d'être plus haut que lui dans les sondages, François Fillon ferrait bien de se méfier : un Premier ministre ça sert souvent de fusible…