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Par Hongkongfoufou

Par Oddjob

(Sur une idée de Goudurix)


Ce mois de mars 2012 fut des plus terribles !

Les (maigres) rangs de nos admirations encore de ce monde furent décimés… Une véritable hécatombe !

Côté bandes dessinées, le véréran Jean Giraud s’en alla rejoindre son compère Charlier… Général Tête Jaune, Chihuaha Pearl ou Balade Pour Un Cercueil, autant d’albums qui renvoyèrent, dès mes 11 ans, et pour de nombreuses années, aux oubliettes de mon panthéon bédéphile ce pauvre Tintin ! Cette forte tête de Lieutenant Blueberry, fruit de la complicité improbable d’un dessinateur de génie, adepte d’expériences transcendantales, et d’un scénariste très vieille droite : quel bel exemple pour la jeunesse qu’une telle race d’officier rebelle, pas très droit dans ses bottes, buveur et joueur invétéré, mais valeureux guerrier intrépide.

      

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Côté 7ème art, par contre, ce furent, coup sur coup, une figure emblématique du second (ou plutôt troisième) rôle de la comédie franchouillarde, Pierre Tornade, et surtout le quasi unique réalisateur du film de guerre à la française, Pierre Schoendoerffer.

Paradoxalement, ces deux Pierre représentaient, chacun dans sa catégorie, les deux seules visions de la guerre dans le cinéma hexagonal : la comédie avec bidasses en goguette et la tragédie hiératique de la geste guerrière.

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En effet, le cinéma français fit toujours le grand écart entre, d’un côté, la 7ème Compagnie (Pierre Tornade y jouait le Capitaine Drumont), Les Bidasses en folie, Soldat Duroc ça va être ta fête, et bien sûr l’excellent Arrête ton char… Bidasse ! et, de l’autre, la 317èmeSection (le plus beau film sur la Guerre d’Indochine, redéfinissant de belle manière l’éternel conflit entre le vieux sous-off' aguerri, Bruno Cremer en vétéran du Front de l’Est, et le jeune aspirant novice et idéaliste, tout droit sorti de Saint-Cyr, interprété par Jacques Perrin).

Schoendorffer poursuivit son œuvre avec la guerre d’Algérie, L’Honneur d’un Capitaine, pour revenir à l’Indo, avec Diên Biên Phu, d’une sobriété toute "Eastwoodienne" et proche dans son traitement d’un Flags Of Our Fathers (Mémoires de Nos Pères).

Verneuil et son Week-End à Zuydcoote et Tavernier et son Capitaine Conan nous offriront également de belles histoires de soldats pas très dans le rang !

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Mais inutile de rechercher dans vos vieux Cahiers du Cinéma, ou vos Starfix, au choix, ni même dans vos fiches de Monsieur Cinéma, précieusement conservées… Point à l’horizon de films de guerre comme nous l’entendons. Le film de commando, le film de sous-marin, le film d’évasion du stalag, le film couillu qui sent bon la poudre et le sang, au son de la grenade et du "tacata" typique du fusil mitrailleur, bref l’action en battle dress et treillis.. tout ça n’existe pas chez nous.

Pas de Dirty Dozen ou de Wild Geese pour dynamiter The Guns Of Navarone !

Alors oui, ici ou là, quelques exceptions… Toutes plus ou moins affligeantes…

En 1980, La Légion Saute Sur Kolwezi de Raoul Coutard, avec… Bruno Crémer et Jacques Perrin (encore eux !) : c’est mou de la gachette, bien dégagé derrière les oreilles, très propret. Sur le même thème, le sauvetage d’européens dans une Afrique en pleine décolonisation, on lui préférera The Mercenaries (Le Dernier Train du Katanga), violent, sauvage et sans concession et surtout avec des scènes d’action des plus convaincantes (la présence d’un Jim Brown étant toujours aussi efficace).

Toujours en 1980, Charlie Bravo de Claude Bernard-Aubert est une pitoyable tentative de film "à l’américaine" sur le conflit indochinois… Mal joué, mal réalisé et aussi vite oublié.

Cependant, reconnaissons que, beaucoup plus récemment, un très honnête film de genre pendant la Guerre d’Algérie arriva sur nos écrans, L’Ennemi Intime de Florent Emilio Siri. Heureuse surprise que de voir un film français traiter d’une "sale guerre", sans négliger les scènes d’action pure (au contraire des engagés 20 ans dans les Aurès ou RAS) et autrement plus intelligemment qu’un Platoon, exemple type de ce que ne doit pas être un film de guerre : grandiloquent, granguignolesque et intellectuellement malhonnête !

Alors en attendant qu’advienne le salut du cinéma français, replongez-vous, au hasard, dans Samuel Fueller (Merrill’s MaraudersLes Maraudeurs Attaquent), André de Toht (Play Dirty – Enfants de Salauds) ou Robert Aldrich (Too Late for Heroes – Trop Tard pour les Héros)… ou comment au travers de l’utilisation parfaite des codes du film de genre, proposer un cinéma d’action jouissif, évitant tout manichéisme antimilitariste, et dénonçant subtilement les horreurs de la guerre.

Et puis, avec de telles affiches, comment de pas succomber au charme du sergent recruteur !

 

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